Banderole
Première édition critique de L'Astrée d'Honoré d'Urfé


GLOSSAIRE - B

Baailler Il se mit à baailler, et rendit l'esprit (III, 12, 496 verso). « Baailler, avoir la bouche ouverte » (La Curne). L'édition de 1619 donne bailler que l'édition de 1621 remplace par la forme archaïque. « On écrivoit autrefois Baailler » (Furetière). 3
Bachelier Il mettoit les jeunes Bacheliers et Escuyers au rang des Chevaliers (III, 12, 520 verso). « On a aussi appellé Bacheliers, les jeunes Escuyers ou Chevaliers qui faisoient leur premiere campagne. Dans les Coustumes d'Anjou, du Maine & autres, on appelle Bacheliers, les Seigneurs qui ont Chasteaux, Forteresses, ou maisons sorties de Comtés, Vicomtés, Baronnies ou Chastelenies, & qui ont pareille Justice » (Furetière). 3
Bacque Petites bacques ou fruicts (IV, 2, 163).
« Baie, grain » (Huguet). « Bacques, subst. fém. plur. Ce mot est employé dans un sens obscène par Cretin, p. 156 » (La Curne).
4
Badinage « Sottise, niaiserie » (Huguet).
Dans L'Astrée le substantif a plutôt le sens que lui donne Furetière : « Petite folastrerie, divertissement peu serieux, jeu d'enfants ».
1
Bague (course de) Des courses de bagues, des joüstes et des tournois (III, 3, 62 verso). « COURSE DE BAGUE, est un exercice de Manege que font les Gentilshommes pour monstrer leur adresse, lors qu'avec une lance en courant à toute bride ils emportent une bague suspenduë au milieu de la carriere à une potence » (Furetière). 3
Bahour Quant aux tournois et bahours de nos Chevaliers (IV, 1, 59).
« Joute, tournoi » (DMF, Article Behort). « On trouve aussi BIHOURT, BOHOURT, BOUHOURT, BEHOURD et BEHOURDIS » (Larousse du XIXe).
Au cœur du « Statut de l'ordre des Chevaliers errans », Jacques Gohory η accorde de nombreuses pages à la description détaillée des règles qui régissent les tournois (Amadis, XIII, ch. 57). Ces développements ne figurent pas dans l'original espagnol (Bowen, p. 264).

• À la suite des romanciers, les lecteurs oublient que l'Église condamne cette activité : « Celuy qui exerce le tournoy, et autres jeux et spectacles où il y a danger de mort il peche » (p. 116). Les spectateurs même seraient excommuniés.
4
Bailler « Donner, mettre en main » (Furetière).
« Ce verbe bailler, a vieilli, & l'on ne s'en sert plus en escrivant que fort rarement » (Vaugelas, p. 349). Patru note que Malherbe, « presque partout », préfère bailler à donner (II, p. 655).
1
Baiser - Elle alla baiser Astree et Diane (III, 10, 429 recto). « Donner un témoignage d'amitié, d'amour, de respect, d'humilité, par le même attouchement de la bouche. Les peres & meres doivent baiser leurs enfants au front. les amis se baisent à la jouë, & les amants à la bouche » (Furetière).
- Baisant la main, et luy prenant la sienne (III, 12, 498 recto). « Baiser la main, signifie, Porter sa main par respect près de sa bouche, quand on veut présenter ou recevoir quelque chose, ou quand on veut saluer quelqu'un » (Dictionnaire de l'Académie, 1694)
3
Baiser - L'une la baisoit à la bouche (IV, 1, 74).
Donner un baiser. Richelet donne dès 1680 : « Avoir la dernière faveur d'une Dame ».
- Apres vous avoir baisé les mains, de ceste grace (IV, 2, 355).
« Le Baise-main est fort commun en France, non pas de faict, mais de parole. Car, quand on prend congé de quelcun, c'est l'ordinaire de dire Je vous baise la main, ou, Je baise la main de vostre seigneurie, pour sentir doublement son italianisme [...] J'oublies à vous dire qu'on a appliqué ces termes de Baiser la main encores à autre usage, de sorte qu'on dit communement, Je vous baise la main, pour dire, Je vous remercie...H. ESTIENNE, Dial. du lang. franç. ital., II, 108-109. »
4
Bal « Assemblée pour danser » (Furetière).
« Danse » (Huguet).
• Ce substantif revient huit fois dans la première partie ; il a trois fois le sens que lui donne Huguet (I, 9, 269 verso et 274 recto).
1
Bal Il revient deux fois dans la deuxième partie (II, 11, 686 ; 689) avec le sens que donne Furetière. 2
Bal - Dans la troisième partie, le bal moderne et le bal archaïque sont rapprochés : bal signifie assemblée (Le Roy faisoit tenir le bal, III, 3, 63 verso) aussi bien que danse ou ballet (Ces Egyptiennes eurent finy leur bal, III, 10, 426 recto).
- Quand des personnages dansent le grand bal (III, 3, 62 verso et III, 7, 285 verso), il s'agit de la pavane. Voir Grand bal η.
• « Bal est signalé comme italianisme. — Il se faudret bien garder d'user en la cour de ce mot Danse, ni de Danser, ni de Danseur. — Pourquoy ? — Pource qu'il y a long temps que tout cela a esté banni, et qu'on a fait venir d'Italie Bal et Baller et Balladin. H. ESTIENNE, Dial. du lang. franç. ital., I, 269 » (Huguet).
3
Balancer Ayant bien et meurement balancé, et consideré le tout (III, 10, 409 verso). « Se dit figurément de l'examen qu'on fait dans son esprit des raisons qui le tiennent en suspens, & qui le font incliner de part & d'autre » (Furetière). 3
Bale Il replia et refit ses bales (III, 7, 320 verso). Voir Balle. La graphie bale se trouve dans Huguet et Richelet. 3
Balle « Des marchandises ou meubles qu'on veut transporter au loin, & qu'on empaquette dans de la toile, aprés les avoir bien garnies de paille pour empêcher qu'elles ne se mouillent, ou qu'elles ne se brisent » (Furetière). 2
Balotte « Petite balle » (Huguet). Furetière est plus précis : « Petite balle dont on se sert pour donner les suffrages, ou pour tirer au sort ». 1
Balustre Ceste fenestre où il y a des balustres qui se jettent un peu en dehors (III, 3, 80 verso). « Petite colonne qu'on met sous des apuis pour faire des clôtures » (Richelet). 3
Banc « Un lieu dans la mer où il n'y a pas assez d'eau pour porter un vaisseau » (Furetière). Ce mot n'est pas dans Huguet. 1
Bandé « Tendu. Se raidir, faire effort » (Huguet). Furetière aussi donne cette acception au verbe bander. 1
Bannir (se) « On dit aussi, Se bannir de la Cour, se bannir du monde, pour dire, s'en retirer » (Furetière). 2
Barde Descendants de Bardus, fils de Druys (Dubois, p. 50).
- « Quant aux Bardes, ils chantoient au son de la lyre, ou autre instrument de Musique, les faits des vaillants hommes mis en vers Heroïques. Et donnerent telle authorité à la Poësie qu'aucuns Poëtes se mettans entre deux armees, appaisèrent maintefois la fureur des gens-d'armes, prest à choquer » (Fauchet, f° 6 recto).
- « BARDES, parmi les anciens Gaulois étoient les Chantres & Poëtes, ou faiseurs de Romans, qui chantoient les loüanges des Heros. Bochart dit que mot vient de l'Hebreu parat, qui signifie chanter » (Furetière).
- La musique « prit son commencement des Bardes oreillez, / Qui les premiers ont joint les vers à Musique » (Le Fèvre de la Boderie, Cercle IV, vers 1778-1779, p. 507).
- « Nos vieils poëtes Gaulois appelez Bards chantoyent au son des insturuments les faits des hommes illustres : dont (possible) vient qu’en Bretagne ils nomment Bards, ceux que nous appellons Menestriers » (Fauchet, p. 50).
2
Bardiac Le Bardiac, qui est une certaine sorte de vestement que les Lingones ont accoustumé de porter, luy estoit si juste qu'il sembloit avoir esté faict sur son corps (III, 12, 540 recto).
« Subst. masc. Habit saintongeois. - Habit des anciens bardes » (La Curne). Fauchet prête un bardiac aux gens de Saintonge et à ceux de Langres. C'est un vêtement « qui leur couvroit et le corps et la teste, appellé Bardocuccul er Bardiac : ressemblant possible à la chape que les religieux de S. Benoist appellent encores Coule » (p. 11). Notons que Chape et Coule sont des vêtements amples alors que le Bardiac de L'Astrée est moulant.
3
Barre Jetter la Barre (III, 10, 418 verso). « Jeter, ruer, ou tirer la barre. Sorte d'exercice. Ce jeu consistoit à jeter une barre de fer, le plus loin que l'on pouvoit » (La Curne).
3
Barrière « Un petit parc fermé [...], où on fait des combats de taureaux, & où on faisoit des joustes, des tournois, des courses de bague. Les anciens Chevaliers faisoient autrefois plusieurs combats de barriere » (Furetière).
• Il y a eu un combat à la barrière en 1603 ; c'est un événement exceptionnel. Honoré d'Urfé peut y avoir assisté. (Voir Urfé)
1
Bas III, 6, 261 recto. Les bas Allobroges sont au sud, plus près de la mer. « BAS, se dit aussi des pays qui approchent prés de la mer à comparaison de ceux qui sont vers les montagnes, ou vers la source des rivieres. La basse Bretagne. la basse Normandie » (Furetière). 3
Basse Cet adjectif a un sens différent selon le nom qu'il qualifie.
- Une galerie basse (I, 2, 22 verso) est un « passage qui va tout autour d'un chasteau » (Furetière).
- La basse ville (I, 2, 42 recto) est la partie la plus basse de la ville.
- Une révérence basse (I, 12, 396 verso) est une révérence profonde.
1
Bassecour Écrit en un mot ou en deux mots.
« Dans un palais, un château, etc., cour où se trouvaient les écuries et d'autres dépendances » (Huguet).
1
Bast « Selle grossiere qu'on met sur le dos des bestes de somme » (Furetière). 2
Bataille « Armée, corps de troupe » (Huguet). 2
Bataillon « Corps d'Infanterie rangé en bataille » (Furetière). Huguet aussi donne ce substantif mais sans définition (l'exemple alors vient des Amadis). 1
Battu « Batue. batuë. Fraié » (Richelet). 2
Baudrier L'escharpe qui luy servoit de baudrier (III, 1, 14 verso). « Escharpe de cuir qu'on porte sur l'espaule droite, & qui descend sur le costé gauche, qui sert à tenir l'espée » (Furetière). 3
Beau « Se dit ironiquement. Vous estes [...] un beau discoureur, pour dire, Vous ne dites rien qui vaille » (Furetière). 2
Beaucoup Dire beaucoup sur ce sujet (IV, 1, 142).
« Employé comme un nom signifie "Quantité de chose" » (DMF).
4
Beaucoup (de) Ce qui luy servit de beaucoup, fut que [...] (III, 6, 224 verso). Huguet donne « Coucher de beaucoup. Dire beaucoup, faire une affirmation de beaucoup de portée ». 3
Beaucoup meilleur Il est beaucoup meilleur [...] d'avoir le corps imparfait que l'ame (III, 1, 26 recto). La locution est dans Richelet : « Il est beaucoup meilleur de dire ... » (Article Si). 3
Behourt - Tournois et bahours (IV, 1, 59).
- Tant de tournois et de Behours (IV, 4, 643).
BEHOURT, « Joute, tournoi », Huguet.
BEHOURD, « Vieux mot qui signifioit une jouste, un choc de lances. Les anciens Romans font souvent mention de behourds & tournois », Furetière.
Le LAROUSSE DU XIXe SIÈCLE explique : « BEHOUR s.m. (be-our — du v. mot behourt, qui a signifié lance ».
4
Belier Les Cathapultes, Belliers et Janclides, et autres tels instruments (III, 3, 70 recto). « BELIER, est aussi une grosse poutre de bois ferrée par le bout, & qui a quelquefois des pointes en forme de cornes de belier. Les Anciens s'en servoient auparavant l'invention du canon pour battre les murailles d'une ville » (Furetière). En commentant L'Amadéide, d'Urfé déplore que l'auteur ne présente pas : « Belliers, Catapultes, Bricolles, & samblables instrumants, necessaires, & qui portent estonnemant au lecteur, & admiration outre que cette recherche de la batterie des anciens est curieuse, & agreable » (p. 154). « BRICOLE, a signifié chez les Anciens, une machine à jetter des pierres » (Furetière). 3
Belle Sçachez les belles que ... (IV, 4, 712).
Le substantif ne semble pas encore familier. « BELLE, se dit aussi absolument des Dames bien faites. Ce galant court de belle en belle. il faut avoir toûjours du respect pour les belles » (Furetière, Article Beau).
4
Besoin (de) Nous nous prevaudrons de leur ayde, si nous en avons de besoing (III, 12, 550 recto). Nicot donne : « J'espere qu'on n'en aura point de besoing ». Huguet donne « Estre de besoin. Être nécessaire ». 3
Bien Cet adverbe a plusieurs sens :
- « Mais, mais bien. Non, mais » (Huguet). Par exemple I, 10, 335 recto, I, 12, 387 recto.
- « Bien, bien » (I, 9, 290 recto, I, 9, 299 verso) : « On dit aussi, bien bien, quand on veut témoigner quelque approbation, ou faire quelque menace » (Furetière).
- « Bien s'en alla-t-il » (I, 9, 301 recto). « Quelquefois il ne s'emploie que par redondance. & pour donner plus de force à ce qu'on dit » (Dictionnaire de l'Académie, 1762). « L'adverbe bien, au commencement de la periode, sent son ancienne façon d'escrire, qui aujourd'huy n'est plus guere en usage » (Vaugelas p. 525).

Voir aussi Ouy bien et or bien.
1
Bien Bien luy sembla-t-il (II, 8, 525).
Littré est plus tolérant que Vaugelas : « Bien, dans le style élevé, se met parfois en tête de la phrase, et alors le sujet se place après le verbe. Cette tournure a un peu vieilli ; cependant elle est encore usitée, et, quand on l'emploie bien, elle fait bon effet ».
- Et bien (II, 2, 97) « Et bien. Well then, agreed, I will then ; also (interrogatively) Will you [...] » (Cotgrave).
2
Bien L'épizeuxe (Dupriez, p. 388) revient : Et bien, bien, repliqua Adamas, je voy bien que vostre mal n'est pas encores en estat (III, 5, 185 verso). 3
Bien - Je dis bien que j'ay esté trompee (IV, 3, 576).
« Bien. Il s'employe aussi pour Veritablement, ou, à la verité » (Dictionnaire de l'Académie, 1694).
- Croyez vous bien qu'Ardilan soit veritable (IV, 4, 780).
« Adv. de certitude concessive » (DMF).
4
Bienheurer Dieu commence à bien-heurer nostre dessein (III, 7, 325 recto). « Bénir, proclamer bon, heureux » (Huguet). 3
Bien-heureux Le chesne bien-heureux, qui porte le Guy sacré (III, 5, 172 verso). « BIENHEUREUX, se dit en Morale de ceux qui ont quelque bien, quelque avantage » (Furetière). 3
Bienséance Sa taille, son adresse, sa bien-seance en toutes choses (III, 3, 61 verso). Sa beauté et sa bien-seance en tout ce qu'il faisoit (III, 11, 461 verso). La bienséance est une qualité attribuée aux chevaliers dans L'Astrée. « A comelinesse, becomming, seemelinesse, agreeablenesse » (Cotgrave). « Qui se trouve à sa juste place » (DMF). 3
Biez « Canal qui renferme et conduit des eaux dans quelque élevation pour les faire tomber sur la rouë d'un moulin » (Furetière). 1
Bijarre ou Bigearre. « Capricieux, inconstant, déraisonnable » (Huguet). 1
Bijarre Elle s'estoit tellement avantagée par ce bijarre habit (III, 3, 79 verso). Bijarre est dans Huguet. Voir Évolution. 3
Blesseur « Celui qui blesse » (Huguet).
• Ce substantif n'est pas dans Furetière. Comme déceveur et dévoreur, blesseur est un archaïsme et non un néologisme précieux. Il est remplacé dans l'édition de 1621, mais il ne disparaît pas dans Le Sireine (p. 125).
1
Bois Dans la première partie, le bois est une partie de l'épieu (I, 11, 376 verso). 1
Bois Dans la deuxième partie, le bois est une lance.
BOIS « Se dit aussi de la lance d'un Gendarme » (Furetière).
2
Bois C'est une lance dans la troisième partie aussi.
L'épée ne sembloit estre que le reste des bois (III, 1, 14 verso).
3
Bon C'est le bon, que suivant l'humeur des Amants (I, 4, 83 verso) : « Bon, s.m. Ce qui est de plus-avantageux, ce qui est de meilleur » (Richelet).
Il est bon de vous (I, 10, 325 verso) : « Bon, bonne. Ce mot se dit en raillant, & il veut dire qui n'est pas solide, foible, ridicule, plaisant » (Richelet).
Il est bon là (I, 7, 197 recto, I, 8, 223 recto). « Sérieusement » (Huguet). Le Dictionnaire de l'Académie (1694), ajoute : « On dit aussi [...] Il est bon là, pour dire, Serieusement, ou ironiquement, qu'on apprend quelque chose de ce qui vient d'estre dit, ou que l'on s'en mocque ».
1
Bon Bon homme, Bonne femme. « A title commonly bestowed on an old man, or woman in reverence of their age ; whereupon some will merily answer to such as thinke to grace them with that title, Je ne vas pas encores au baston » (Cotgrave).
- Bonne compagnie. Grande compagnie. « Ce Prince est entré dans les terres de son ennemi avec bonne compagnie, c'est à dire, avec une grande armée » (Furetière).
2
Bon Bonne maison (III, 3, 66 verso). Maison accueillante. « On dit un bon logis, en parlant d'une hostelerie où on est bien traitté » (Furetière). « En bonne maison l'on a tost appresté » (Cotgrave).
- Tous ces discours sont bons (III, 3, 91 recto). Bon. « Ce mot se dit en raillant, et il veut dire qui n'est pas solide, foible, ridicule, plaisant » (Richelet).
Bonne mere (III, 3, 108 recto). « On dit dans le discours familier, Bon homme, bonne femme & bonnes gens, pour signifier Un homme & une femme qui sont déjà dans un âge avancé » (Dictionnaire de l'Académie, 1762).
Sa bonne amie (III, 4, 139 recto). « Celle qui est souvant avec une autre fille ou femme [...] est sa bonne amie » (Richelet, Article Compagne). Il s'agit de Laonice, une femme qui se prétend l'amie d'un homme dans L'Astrée.
Avoir l'esprit fort bon (III, 11, 480 verso). « BON. On le dit aussi de l'habileté. C'est une bonne teste, un bon sens, un bon esprit » (Furetière, Article Bon). « Ingenieux » (Estienne, Article Ingenieux).
3
Bon - La bonne amie de Sylvandre (IV, 3, 544). Remarque ironique, car il s'agit de Laonice, la pire ennemie du jeune homme.
- Le bon office que je leur ay rendu (IV, 3, 551), dit Laonice décrivant ses néfastes mensonges.
« Et ironiquement on dit, Vous avez bonne grace à faire cela, pour dire tout le contraire » (Dictionnaire de l'Académie, 1594).
Plus loin, Phillis reprend ce bon office (IV, 3, 577) pour décrire le service rendu involontairement par Laonice.
4
Bonasse Ce que nous estimons des tempestes [...] est la plus grande bonasse (IV, 3, 442).
Huguet signale la graphie Bonasse. Aujourd'hui, on distingue la bonace maritime du caractère bonasse.
4
Bonde « Piece de bois qui sert à boucher la rigole [...] On dit figurément, Lascher la bonde à ses soûpirs, à ses larmes, et à ses passions, pour dire, les laisser couler, ou agir en pleine liberté » (Furetière). 1
Bonde Sortez à pleine bonde (IV, 3, 415). Librement. 4
Bonheur Bon-heur. « Heur. Chance favorable » (Huguet). Voir Heur. 1
Bonne Bonne ville (I, 8, 255 verso) : « On dit aussi, que la ville est bonne, quand on veut donner un repas impreveu à un survenant » (Furetière).
Bonne maison (I, 12, 382 verso) : « De famille noble » (Huguet).
1
Bonnement - « Vraiment » (Huguet).
- « Il marque quelquefois de l'incertitude » (Furetière).
2
Bouche « Dire de bouche, parler de bouche, parler bouche à bouche, pour dire, Parler à la personne même à qui on veut faire sçavoir quelque chose, sans la luy expliquer par message, ou par lettres » (Furetière). 2
Bouger - Dorinde [...] n'estoit bougee de la cabanne (IV, 3, 388).
Huguet conjugue Bouger avec l'auxiliaire Être.
- Sans se bouger (IV, 3, 476).
La forme pronominale est dans Huguet.
4
Bouillon Je detrousseray ces boüillons et ces plis (III, 11, 467 recto). « On le dit encore des estoffes qui sortent avec enflure à travers les bandes & ouvertures d'un habit » (Furetière). Richelet note que ce « ruban enjolivé pour mettre au bas des hauts de chausse [...] est hors de mode ». 3
Boutique Venuë de la mesme boutique (III, 4, 151 verso). « On dit prov. et fig. que Cela vient de la boutique d'un tel, pour dire, Cela est de son invention » (Dictionnaire de l'Académie, 1694). 3
Brandon « Branche parasite » (Huguet).
Dans L'Astrée (I, 11, 365 verso), il s'agit du brandon que décrit Furetière : « Se dit figurément & poëtiquement, des feux celestes, & du flambeau que porte l'Amour ».
1
Branle I, 5, 147 recto. « Defaut de fermeté ou d'arrest, qui fait qu'une chose s'agite en deçà & en delà » (Furetière).
I, 4, 87 verso. Le branle est aussi une danse.

Branle simple :

Branle gai :    

- « BRANSLE, en termes de Musique, est un air ou une danse par où on commence tous les bals, où plusieurs personnes dansent en rond, & non pas en avant, en se tenant par la main » (Furetière). Huguet signale : « Gay, tremoussant, joyeux, amoureux, gentil, doux. C'est une des dances la plus commune. M. DE LA PORTE, Epithetes, 57 r°. »
« À veoir le geste du danceur, il sembleroit qu'il voulust finir et prendre congé [.. ] remuant le corps doucement du cousté gauche pour la premiere mesure, puis du cousté droit en regardant les assistans modestement pour la deuxieme mesure, puis encor du cousté gauche pour la troisieme mesure. Et pour la quatrieme mesure du cousté droit, en regardant la Damoiselle d'une œillade desrobee doulcement et directement » (Arbeau, f° 27 recto). Un danseur peut intervenir comme le fait Céladon - « Quand vous commencerez un branle plusieurs aultres se joindront avec vous » (Arbeau, f° 70 recto). Mais le danseur n'est pas supposé baiser la main de sa partenaire, geste permis aux danseurs de la gavote (Arbeau, f° 93 recto).
• Les branles que vous avez entendus sont d'Alain Naigeon. Pour lire les partitions, cliquez ici. On trouvera diverses pièces de musique de la Renaissance sur son site personnel (30 septembre 2010). Pour voir un bal dans une gravure d'Abraham Bosse (1634), cliquez ici (30 septembre 2010). Les branles de Brueghel, « danses paysannes » sont dans ce site (20 mai 2016).
• Les deux danses mentionnées dans la première partie de L'Astrée illustrent des contrastes. Les gens du hameau dansent un branle gai pour marquer une première rencontre, alors que les gens du château dansent une allemande grave pour marquer le début d'une rivalité.
• La danse qui sépare Hylas de sa partenaire ne porte pas de nom (I, 8, 246 recto).
1
Branler « Arrêter un bateau à un lieu de péage » (Huguet). 1
Branler Après avoir branlé la teste contre Diane (IV, 3, 554).
Cotgrave traduit Branler par : « To shake the head, in signe of contempt, scorne, mockerie, or discontentment ».
4
Branslement « Mouvement en deçà & en delà » (Furetière). Huguet ne donne pas ce substantif. 1
Bras - « Tenir quelqu'un sous le bras, avoir le bras passé au bras de quelqu'un » (Littré, Article Sous). Furetière ne donne pas cette expression.
• La formule est fréquente dans les Amadis (par exemple XIII, ch. 31, XIV, ch. 48, XV, ch. 11). Magendie la commente (p. 134).
- L'homme qui a les bras croisés est contrarié - ce renseignement survient dans toutes les parties de L'Astrée.
1
Bras Huguet donne plusieurs exemples tous tirés des Amadis : « Or la conduysoient [la reine] soubz les bras Amadis et l'Empereur. Amadis, IV, 26. - [Quedragant] luy faisant une tresgrande reverance ... puis la prenant soubz le bras la conduict en la tente ou les seigneurs estoient assemblez. Amadis, V, 52. - Amadis ... la print doulcement soubz le bras, et la mena ou sa compaignie l'attendoit. Amadis, V, 52 ». La formule revient effectivement très souvent dans ce roman.
Bras pour bras (II, 9, 585). « Bras à bras. Corps à corps » (Huguet). Cotgrave traduit l'expression par « equally ».
2
Bras - La prenant soubs les bras (IV, 3, 536). Tenir sous le bras.
- Le long du petit bras de Lignon (IV, 1, 72).
« BRAS, se dit aussi de la mer & des rivieres, quand leurs eaux se separent, & font un petit canal entre deux terres » (Furetière).
4
Brassal La cane du brassal (III, 1, 14 verso).
L'édition de 1619 donne brasal et celle de 1621 brassal. « Brassal. Brassard, partie de l'armure protégeant le bras » (Huguet).
3
Bref « En un mot, en fin, bref vieillit fort » (Richelet). 2
Bref Bref, c'est la misere commune (IV, 3, 458)
« Enfin, pour conclusion » (Furetière).
4
Briefve « BRIEF, IEFVE. adj. Vieux mot qui n'est demeuré en usage que dans le Palais » (Furetière). 2
Brisée « Marque, signe. Retourner, rentrer, se remettre sur ses brisées, reprendre sa brisée. Revenir à son sujet » (Huguet). 1
Brodequin « Chaussure à l'antique faite en façon de petite botte, qui ne va que jusqu'à mi-jambe, & qui est ornée & delicate » (Furetière). 1
Broncher « Tomber, s'abattre » (Huguet). 1
Brouillart Le broüillart qu'il avoit fait (III, 4, 138 verso). « Brouillon » (La Curne). Pour Furetière, le brouillard est notre moderne buvard. 3
Broüiller « Mêler plusieurs choses ensemble » (Furetière). 1
Broüillon « Brouillon. Celui qui mélange, qui altère » (Huguet). 1
Broüillon - Vivre parmy ces esprits brouillons (IV, 3, 557).
« BROUILLON, ONNE. adj. & subst. Remuant, qui tasche de brouiller les affaire » (Furetière).
4
Bruit - Le bruit de ma vie fut si grand (I, 5, 126 verso).
« Renommée, réputation » (Huguet).
- L'expression « le bruit de la cour » (I, 9, 291 recto) ne se trouve ni dans Huguet ni dans Furetière, mais Furetière donne : « C'est un bruit de ville, on n'en dit rien à la Cour ».
1
Bruit - « Se dit aussi des affaires qui font de l'éclat, où plusieurs personnes prennent interest, ou qui sont de consequence » (Furetière). 2
Bruit - Il craint que quelque bruit ne leur découvrist (IV, 1, 7).
« BRUIT, se dit aussi des discours, du temps, des nouvelles dont on s'entretient dans le monde » (Furetière).
4
Brutal Dans Huguet, le substantif signifie seulement « Animal, brute ». L'Astrée donne à ce nom le sens qu'il a dans Furetière : « Celuy qui a des appetits déreglez, qui vit en beste, ou qui n'a pas plus d'esprit & de conduitte qu'une beste ». 1
Bureau « Substantif masculin. Bureau. Sorte de grosse étoffe de laine brune » (Huguet). « Grosse estoffe faite de laine : c'est la même chose que la bure, sinon que c'est un drap plus fort » (Furetière). Cotgrave précise : « A thicke and course cloth, of a browne russet, or darke mingled, colour ». 1
Butte « Objet sur lequel porte la vue » (Huguet). La Curne explique : « Ce mot s'est dit pour but ; en général, point marqué où l'on doit arriver, où il faut viser ».
Dans L'Astrée, le substantif a son sens moderne, qui est signalé par Furetière : « Estre en butte à l'envie, [...] pour dire, Estre exposé aux traits de l'envie ».
1