Banderole
Première édition critique de L'Astrée d'Honoré d'Urfé

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SignetRÉPERTOIRE

des noms propres qui ne désignent pas des personnages du roman

Orientation

Cliquer sur un nom propre marqué en vert renvoie aux analyses présentées dans les tableaux du Répertoire. Vous pouvez également y arriver en passant par l'Index des noms propres ou encore en cliquant, dans la colonne de droite de ce document, sur l'initiale du nom qui vous intéresse.

SignetCe Répertoire réunit des noms propres qui figurent dans toutes les éditions de L'Astrée que je présente dans ce site. Ces noms propres appartiennent à des dieux, à des lieux, à des peuples, à des écrivains et aux contemporains d'Honoré d'Urfé qui sont désignés par leur nom dans les textes liminaires (par exemple l'éditeur, Toussaint Du Bray). Ils ne renvoient donc pas aux personnages du roman, qui, eux, figurent dans un Tableau des Personnages distinct. Ils ne renvoient pas non plus à la famille ou aux amis d'Honoré d'Urfé, qui ne sont pas nommés dans le roman et qui sont réunis dans les Notes, par exemple Ronsard η.

Dans quelle partie du roman survient tel ou tel mythe, tel ou tel nom de pays ? Le chiffre qui est dans la troisième colonne du tableau, et la couleur de la deuxième colonne l'indiquent.

PREMIÈRE PARTIE
DEUXIÈME PARTIE
TROISIÈME PARTIE
QUATRIÈME PARTIE

De plus, la couleur de la première colonne indique le domaine auquel appartient le nom propre :

Actualité
Géographie
Histoire
Littérature
Mythologie

Au cœur des analyses, mes remarques sont sur un fond de cette couleur

Remarques

Les variantes sont encadrées d'orange

Variantes

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Signet Noms de peuples et noms de lieux soulèvent des problèmes spécifiques (Index). Dans ce domaine, par coquetterie ou par négligence, Honoré d'Urfé varie considérablement la graphie ou la manière de présenter un nom (Voir Présentation des textes). Doit-on distinguer Caturges de Caturiges ? A-t-on le droit d'accorder deux entrées à la ville appelée parfois Arles parfois Archilla ? Je résous ce problème en traitant différemment les tableaux du Répertoire - exhaustifs - et le décompte tiré de l'Index - sélectif. Je signale les diverses dénominations attribuées à un lieu ou à un peuple, mais, dans le décompte, si la logique le demande, je les traite comme une seule entité. Je distingue donc les entrées des entités dénombrées.
Si les lieux et les peuples sont souvent dotés de plus d'un nom, les mythes, eux, inspirent relativement peu de variations ou de coquilles. Par conséquent, il faut nécessairement réduire les ambiguïtés de la nomenclature pour être en mesure de comparer le nombre relatif d'occurrences. Voir l'Index.

Pourquoi diviser et classer les noms propres, pourquoi attacher tant d'importance à des noms qui ne désignent pas des personnages ? Daniel Huet répond à cette question lorsqu'il déclare que L'Astrée est un roman savant qui fut apprécié « dans le Siècle savant et éclairé où il parut » (p. 845). Pour nous qui sommes loin de ce « Siècle savant et éclairé », des explications, des définitions, des éclaircissements sont tout à fait indispensables.

Le Répertoire illustre particulièrement bien ce qui différencie la première partie de la deuxième et de la troisième. « À un début troublant et allégorique succède un exposé sentencieux à peine divertissant lui-même suivi de narrations qui assemblent les aventures et leur explication morale » (Henein, p. 21). La quatrième partie est non seulement plus courte, mais encore moins riche en mythes. Néanmoins, elle présente un nouveau pan de l'histoire des Gaules dans son quatrième livre (IV, 4, 638 à 917). Les Bourguignons et Clotilde doivent changer le destin du Forez.

SignetDans l'édition de 1621, la première et la deuxième partie de L'Astrée renferment presque le même nombre de noms propres qui ne désignent pas des personnages (205 et 203). Alors que la première partie nomme 24 peuples, ces tribus qui s'entrechoquaient en Gaule et en Italie, la deuxième en présente 53, plus du double. Cela signifie que les migrations et les batailles généralisées prennent plus d'importance dans les récits de cette deuxième partie qui ressemble à un manuel d'histoire. D'un autre côté, la première partie renvoie à 78 mythes, signes d'érudition littéraire et poétique, la deuxième partie à 46 seulement. En effet, Honoré d'Urfé préfère alors une sobre mythologie celte au foisonnement de la mythologie classique.

Après la mort d'Henri IV, le ton change. En 1619, l'auteur de L'Astrée, installé probablement en Savoie, semble se détendre. La troisième partie s'avère à la fois plus longue et plus équilibrée que celles qui l'ont précédée. Elle favorise autant la littérature que l'histoire puisqu'elle nomme 65 mythes et 60 peuples. Dans la quatrième partie de 1624, brouillon publié à son insu, Honoré d'Urfé n'a pas pris le temps d'embellir ses narrations de mythologismes ou de rester fidèle au modèle religieux exposé auparavant.

Ignorer les différences entre les parties, c'est se contenter de généralités. Ignorer les repères historiques, c'est affaiblir l'architecture de L'Astrée (Voir Chronologie historique). Ignorer les mythes, c'est priver une œuvre de l'époque baroque de l'un de ses ornements les plus prégnants. Les dieux grecs et païens se prêtent au sous-entendu et au détournement. On sait qu'ils se bousculent dans toutes les manifestations festives du XVIe et du XVIIe siècle. Ils figurent même par exemple au cœur d'un surprenant feu d'artifice lors d'un mariage franco-savoyard auquel d'Urfé a pu assister (Mercure françois, 1618, p. 280-281).

Le romancier, surtout dans les trois premières parties, se montre aussi à l'aise dans l'histoire que dans la mythologie. Les nombres entre crochets indiquent les entrées ajoutées.

 
Total
I
II
III
IV
Longueur
406 ff.
892 p.
548 ff.
941 p.
Noms propres
444
205
203  [117]
238  [108]
78  [14]
Mythes
128
78
46  [22]
65  [22]
30  [6]
Peuples
95
25
54  [36]
60  [31]
16  [3]

Le nombre de mots de la quatrième partie montre qu'elle est beaucoup plus courte que les autres. Malgré ses 941 folios, elle renferme moins de mots que les autres parties et représente seulement 15 % du total.

nombre_mots

Quelques commentaires s'imposent :

• Le mythe inventé par Honoré d'Urfé, la fontaine de la Vérité d'amour η, est commenté dans les Notes et non dans le Répertoire. Le nom de la fontaine rapproche des noms communs d'ailleurs, pas des noms propres.

• Les noms des dieux celtes, latins ou grecs figurent dans ce Répertoire, mais pas le nom « Dieu ».
Dieu n'a pas droit de cité parce qu'« Il ne peut avoir de vraye definition », comme l'écrit Furetière. Le mot, au singulier ou au pluriel, avec ou sans majuscule, apparaît 251 fois dans la première partie, 412 fois dans la deuxième (64 % de plus), 359 fois dans la troisième (13 % de moins) et 185 fois dans la quatrième partie qui est beaucoup plus courte. La deuxième partie reste celle qui accorde le plus de place à la religion.

La variante ajoute ou enlève la majuscule de Dieu (I, 10, 348 verso) ; elle transforme Dieux en Dieu (I, 3, 48 recto ; II, 10, 666) ou Dieu en Dieux (I, 10, 348 verso ; III, 4, 131 recto), sans qu'il soit possible de déterminer la raison de ces changements.
Qui plus est, tout au long du roman, Dieu(x) peut jouer le rôle d'une simple exclamation (I, 10, 327 verso ; II, 10, 639 ; III, 4, 134 verso ; IV, 1, 27).

• Deux divinités païennes omniprésentes dans L'Astrée se rencontrent dans les savantes et doctes Epistres morales, mais peuvent détenir un statut de nom commun : Fortune et Amour m'ont posé un cas de conscience !
Mis à part le personnage dénommé Fortune, il y a dans le roman la Fortune déité (avec ou sans majuscule dans le texte) qui se trouve décrite dans le Répertoire, et l'expression de fortune, synonyme de « par hasard », expliquée dans le Glossaire.
Quant à Amour, avec ou sans article, s'il est sujet ou complément d'objet d'un verbe, je le considère comme une déité, qui figure donc dans le Répertoire. Je reconnais sans peine que la distinction entre le dieu et le sentiment qu'il inspire peut sembler arbitraire.

Les 445 noms propres qui n'appartiennent pas à des personnages posent des obstacles capables de freiner la lecture et de contrarier le lecteur novice. Pour palier ce problème, cette édition critique les répartit dans des tableaux aisément accessibles et leur adjoint des commentaires substantiels.