Banderole
Première édition critique de L'Astrée d'Honoré d'Urfé
doigt_dVisite guidée :
Pleins feux sur L'Astrée


SignetPrésentation des textes

Toute édition est une théorie :
il faut donner à voir,
mais surtout à comprendre.

B. Cerquiglini,
Éloge de la variante, p. 112.

Photocopies et microfilms nous ont appris que la fidélité aveugle des fac-similés a ses inconvénients. Comment exploiter cette image d'une Astrée de 1621 sinon en la recopiant pour ensuite l'éditer d'une manière efficace et respectueuse ?

Première page
Arsenal 8°BL - 20631 (1)

1 SignetJe me suis donné pour but de rendre accessible une Astrée fiable et annotée. Après avoir choisi les meilleures éditions anciennes (Choix), je les reproduis en suivant scrupuleusement les règles de l'édition critique traditionnelle. J'ai résisté à la tentation de toiletter les textes, même si j'ai dû adopter une police moderne. Pour adapter mon travail aux exigences des lecteurs de tous les âges et de différents niveaux, j'ai numérisé les textes, puis je leur ai ajouté une version fonctionnelle dans un français relativement moderne. La puissance et la souplesse de l'informatique sont mises au service des milliers de pages de L'Astrée.

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2 SignetL'Aspect des textes

Deux visages de L'Astrée est une édition critique qui se veut fidèle à l'original et qui se veut aisée à consulter. Tous les choix que je décris ci-dessous découlent de ce double principe éditorial.

3 SignetGraphie

Comme il ne s'agit pas ici d'une édition diplomatique, j'ai introduit des modifications en respectant les usages des éditions modernes sur papier.

• J'ai distingué u et v, i et j.
Dès 1607, le grammairien Maupas désire introduire cette distinction :

Les plus curieux escrivains, pour eviter tout mescompte escrivent u, pour voyelle, et v pour consonante, comme aussi j, pour consonante, et ainsi je desire qu'il soit pratiqué en ce livret (p. 2).

Il précise aussi que le i,

les curieux le forment avec une longue queue quand il se rencontre consone au milieu du mot (p. 16).

Ses imprimeurs ne lui ont pas toujours obéi.

• J'ai scrupuleusement respecté le y.
Le y final ou non se transforme souvent en i, comme le montrent les variantes. À ceux qui croiraient que cette lettre, comme son nom l'annonce, marque généralement l'origine grecque, il faut rappeler cette remarque de Furetière :

On s'en est aussi servi pour marquer les i qui sont à la fin des mots, parce que les Escrivains ont trouvé que sa queuë étoit commode pour s'esgayer, & faire des traits qui peuvent orner les marges & le bas des pages (Article Y).

• Les formes du s sont réduites (ƒ devenant s). Notons pourtant que Corneille attache une grande importance à la distinction entre ces graphies η.

« J'ai reservé la petite s pour celle où la syllabe est aspirée, la grande pour celle où elle est simplement allongée, et l'ay supprimée entierement au [...] mot où elle ne fait point de son, la marquant seulement par un accent sur la lettre qui la précède : peste, haƒte, épargner » (cité dans Marty-Laveaux, pp. XIV-XV).

• Les traits de nasalisation sont traduits (ã devenant an).

• Les signes tironiens sont développés (9 devenant ous, & devenant et).

• J'ai respecté le chaos de la cédille et la mobilité du tréma.

• Les parenthèses sont conservées, ainsi que la présentation typographique des titres de textes intercalés (histoire, lettre et poème).

• J'ai conservé les majuscules puisque d'Urfé a probablement voulu que des mots-clés comme « Berger », « Nymphe », « Chevalier » ou « Druide » soient mis en valeur par cette majuscule qu'on appelait alors « lettre capitale ». Dans ses Mélanges manuscrits, d'Urfé dote quelques noms et articles de majuscules inappropriées (f° 7 verso ou 100 recto par exemple).
Curieusement, les premiers académiciens n'ont pas relevé la valeur affective des majuscules. Selon eux, il ne devrait y avoir de majuscules qu'au commencement des phrases et aux noms propres ;

pour deslasser la veuë et pour orner l'escriture, on a en a introduit au commencement de tous les vers, aux noms de dignité et charge [...] et à ceux des lieux celebres
(cité dans Marty-Laveaux, p. 97).

• J'ai respecté la graphie des noms propres dans le texte du roman et dans les citations (« Celadon », « Astree »). J'ai ajouté l'accent sur le e dans les analyses où le personnage est nommé (Céladon, Astrée) (Voir Version fonctionnelle).

Les quelques lecteurs que les inconsistances graphiques dérangent outre mesure peuvent se rabattre sur la version fonctionnelle de L'Astrée.

4 SignetPonctuation

La ponctuation est un art qui a beaucoup évolué. Au début du XVIIe  siècle, en principe, comme le déclare Maupas, pour les « marques d'interrogations, Parenthese, admiration, interjections, Periodes et parties d'icelles, nous suyvons entierement l'usage des Latins » (p. 41). Cependant, à l'article Ponctuation, dans son Dictionnaire, Furetière écrit en 1690 : « Il y a plus de difficulté qu'on ne pense à faire bien la ponctuation » : les signes devraient indiquer le débit oral, mais bien souvent l'imprimeur et ses apprentis les manipulent à leur guise. La curieuse signification que donne Furetière à certains de ces signes est indiquée dans les Notes de la deuxième η, de la troisième η et de la quatrième partie η.

• Dans le cas de signes composés de deux unités, j'ai suivi l'usage moderne et laissé une espace avant le signe (on sait que l'espace typographique est féminin).

• Les changements apportés en 1621 à la ponctuation de l'édition préliminaire de chaque volume (1607, 1610, 1619) ne sont pas signalés parce qu'ils m'ont semblé aléatoires. Les modifications que j'ai jugées intéressantes sont analysées dans les Notes (Voir un exemple tiré de la troisième partie η).

• J'ai indiqué les cas où l'édition de 1621 ajoutait ou supprimait un signe de ponctuation affective, un point d'interrogation ou d'exclamation. Ces changements sont particulièrement fréquents dans la deuxième partie.

• Il m'est arrivé dans quelques rares instances de remplacer des points-virgules ou des deux-points par un point pour rendre la phrase moins obscure.

• La ponctuation η de la quatrième partie de 1624 démontre à qui l'ignorerait que le texte a été imprimé à la hâte, à partir d'un manuscrit qui n'a pas été revu. J'ai dû plusieurs fois intervenir pour rendre les dialogues compréhensibles. Qu'on en juge : « Ô Dieu, Diane, le pauvre Sylvandre est mort ! reprit incontinent Diane » (IV, 2, 159).

• J'ai ajouté des tirets pour indiquer l'échange de répliques. Les dialogues étant fréquents, ces signes rendent la lecture plus commode.

• J'ai conservé toutes les parenthèses. Elles remplacent souvent des virgules (I, 3, 48 recto), mais certaines isolent une citation (I, 4, 89 recto ; III, 10, 433 recto). Je signale toujours les parenthèses ajoutées ou supprimées par l'édition de 1621 (I, 12, 386 recto).

4 SignetGuillemets

Les guillemets délimitent des citations pour nous, et ce, depuis 1546 et un certain M. Guillemet (Larousse), ou depuis 1555 et l'édition française de la Dialectique de Ramus (Compagnon, p. 246). Au XVIIe siècle, les guillemets ont la même forme et la même fonction qu'aujourd'hui, mais, parfois, un emplacement différent et un rôle particulier. Furetière se trompe quand il se montre catégorique : les guillemets indiquent qu'un discours « n'est pas de l'Auteur ». Ménage est plus nuancé dans son Dictionnaire étymologique : « Ces petites virgules renversées qu'on met à la marge des livres » doivent « marquer les passages citez, & les choses sentencieuses ».

Des guillemets ouvrants (") mis dans la marge, en dehors de la justification - à droite ou à gauche pour les pages recto ou verso - indiquent la présence de maximes, non de citations. Au lecteur ensuite de chercher « la substantifique moëlle ». L'auteur du texte affecté par les guillemets est l'écrivain lui-même ou l'un de ses personnages. Les sentences et adages sont si nombreux dans la première partie de L'Astrée que Hugues Vaganay les a isolés et publiés avant d'éditer le roman : Les Très veritables Maximes de messire Honoré d'Urfé, nouvellement tirez de L'Astrée paraissent en 1913.

L'usage du guillemet marginal en tant que « signe d'attention » remonte-t-il aux Bibles du XVIe siècle (Catach, pp. 78, 300) ? Pétrarque (1304 - 1374) déjà explique que Saint Augustin lui a conseillé d'annoter les textes qu'il lit pour retrouver aisément ce qu'il désire : « Ces marques te serviront de crochets pour les retenir si elles tendaient à s'échapper de ta mémoire » (p. 114). Ces « crochets » ressemblaient-ils à ces guillemets que Pierre Larousse définit comme « une sorte de double petit crochet » ? Pas toujours. Un lecteur d'Equicola, à plusieurs reprises, introduit en marge ce signe original (Livre 2, f° 131 verso par exemple) :

doigt

J'utiliserai cette main si expressive pour indiquer le sens de la visite de mon édition (Voir Guide).

On rencontre dans les marges de L'Astrée de simples guillemets.

Les guillemets décorent les discours de personnages, et surtout de Climanthe, le trompeur, et d'Hylas, l'inconstant. Certaines sentences ainsi mises en valeur sont loin d'être des maximes de vie, puisqu'on peut lire :

  " Chacun doit preferer, au moins s'il est bien sage,
  " Son propre bien à tous
(III, 1, 21 verso).

Ce n'est pas la leçon qui est mise en relief, mais plutôt la formule mémorable ou paradoxale, ou même simplement les mots que le locuteur désire souligner :

   [...] mesme en la presence de
  " toute cette honorable assemblee, vous luy venez
  " de dire que je me presente devant elle, avec un
  " cœur et un visage plein d'Amour
(III, 9, 398 verso).

Ces guillemets d'attention désuets ne sont pas aisés à reproduire parce qu'ils étaient jadis imprimés entre les lignes. Ils sont pourtant nécessaires parce qu'ils correspondent à une évidente intention didactique (par exemple, I, 3, 52 verso). J'ai fait de mon mieux pour les conserver.

Dans la première partie, les guillemets sont plus nombreux en 1607 qu'en 1621. Je signale les instances dans les variantes (par exemple I, 6, 164 recto et 169 recto). Il arrive qu'une parenthèse de 1607 soit remplacée par des guillemets en 1621 (I, 2, 36 recto). Il arrive aussi, mais plus rarement, que l'édition de 1621 ajoute des guillemets à l'édition de 1607 (I, 5, 153 verso). Enfin, j'ai rencontré des guillemets sans maxime en 1621 (I, 1, 11 recto). Ils auraient dû se trouver quelques lignes plus haut, comme dans l'édition de 1607 (I, 1, 11 recto).

La deuxième partie ne présente aucun guillemet. On n'en trouve ni en 1610, ni en 1621. Les maximes, elles, abondent, dans cette Astrée si didactique.

Dans la troisième partie, les guillemets reviennent en force, mais dans l'édition de 1621 seulement. Lorsque ces signes sont mal placés (III, 10, 421 recto par exemple), je le relève dans une note.

Pas de guillemets dans la quatrième partie de 1624, une ébauche, comme on sait.

Ni Balthazar Baro, ni Hugues Vaganay, ni les responsables des éditions dites « complètes » n'ont jugé nécessaire de reproduire les guillemets d'attention. Et pourtant, Vaganay, en signalant la présence de ces guillemets dans une édition de 1631 de la troisième partie, note que « l'on peut sans trop de présomption attribuer [leur] introduction » à d'Urfé lui-même (Vaganay, V, p. 558). Je ne vois aucune raison pour suivre Mme Moss quand elle propose que les guillemets de 1621 ne soient pas attribués à Honoré d'Urfé (p. 141). Comment négliger le fait que des guillemets d'attention figurent même dans un manuscrit du Sireine, un poème pastoral (Mélanges, f° 4 recto, 7 verso, 9 verso, etc.) ?

   O berger que ce que tu fais
   pour moy est un signe mauvais
" car L'on voit par experiance
" que qui se peut bien consoler
" quand il est prest de s'en aller
" se console aussy de L'absance
(Strophe 102, f° 14 verso).

La version fonctionnelle de L'Astrée reproduit les guillemets de l'édition de 1621 de la première et de la troisième partie. On les retrouve aussi dans la version téléchargeable du roman.

5 SignetPagination

Nous sommes encore à l'aube de l'ère des éditions critiques électroniques ou numériques. C'est le bon sens qui m'a dicté les choix faits dans le domaine de la pagination et de la mise en page. Parce que je voulais que le lecteur se familiarise autant que possible avec l'aspect physique du texte original, j'ai exploité les potentialités de l'informatique pour montrer que la longueur du paragraphe et l'absence d'alinéa choquaient moins dans les ouvrages de petit format (in-8° en général pour les romans). Dans cette édition numérique, chaque volume de L'Astrée est un répertoire autonome qui abrite les liminaires, les douze livres, les tables et les privilèges, des documents indépendants. Les pages, elles, sont groupées dans les livres (longs chapitres).

Dans les éditions critiques sur papier, l'usage veut que la page soit définie par un nombre déterminé de lignes - selon le format du livre. La pagination se fait automatiquement, à la machine. Lorsque le texte à présenter est ancien et réparti entre des feuillets numérotés sur un seul côté, l'éditeur moderne est en droit d'ignorer cette pratique obsolète, et de transformer les folios en pages. Les éditeurs scientifiques scrupuleux, ceux des Recherches d'Étienne Pasquier par exemple (Champion, 1996), ajoutent une ponctuation factice au haut de leurs pages. En même temps, ils introduisent, entre des crochets et dans le corps du texte, les numéros qui figurent dans l'édition qu'ils reproduisent.

Dégagée des contraintes du papier et de la reliure, je n'ai pas jugé nécessaire d'introduire une pagination factice. J'ai conservé la pagination de l'édition de référence. La première et la troisième partie sont foliotées (recto, verso), la deuxième et la quatrième paginées.

Dans les analyses qui suivent l'édition de référence est celle de 1621 pour les trois premières parties
et celle de 1624 pour la quatrième.

J'ai voulu que le lecteur puisse toujours revenir aux éditions d'époque. En présentant les éditions préliminaires (1607, 1610, 1619), j'ai conservé la pagination de 1621 (numéro en italique au haut du texte), et j'ai ajouté les numéros de l'édition préliminaire dans le corps du texte, en caractères gras. Par exemple :

pagination

Le Guide donne plus d'informations.

• Les textes liminaires ne portent de numéros ni dans l'édition originale ni dans cette édition numérique. Une simple ligne droite marque la fin des pages.

• Les erreurs de foliotation et de pagination sont signalées par un sic suivi par le numéro correct. Le désir de fidélité m'a fait conserver les sic dans l'édition du roman, mais le désir et le devoir de clarté m'ont poussée à utiliser uniquement le numéro correct dans les analyses. Ainsi, pour renvoyer à

487 recto sic 491 recto
je mets
491 recto.

Une fois tous les numéros corrigés on obtient les renseignements suivants :
• La première partie renferme 406 folios
avec de nombreuses erreurs au livre 11.
• La deuxième partie renferme 892 pages
avec des erreurs surtout aux livres 11 et 12.
• La troisième partie renferme 552 folios
avec des erreurs surtout au livre 9.
• La quatrième partie renferme 941 folios
avec des erreurs aux livres 2 et 4, et un livre 5 incomplet. Le nombre de folios est trompeur puisque cette quatrième partie contient moins de mots : 15 % du total. Voir Dictionnaire.

nombre_mots

Toutes les erreurs de pagination sont décrites dans le système d'accès aux pages / folios.

• Au début de chacun des livres des trois premières parties se trouve la page correspondante dans l'édition de Vaganay (Voir par exemple, le livre 4 de la première partie et Concordances).
Pour la quatrième partie, comme Vaganay reproduit les suites composées par Balthazar Baro en 1627, débuts et fins de livres sont différents. Ils ne sont donc pas indiqués dans le texte, mais seulement dans le tableau des Concordances.

6 SignetMise en page

Si les paragraphes restent rares dans cette édition comme dans les éditions anciennes, les lignes, elles, sont plus longues et moins nombreuses. Je n'ai pas coupé les mots en fin de ligne ; la recherche reste donc possible.

• La deuxième partie de 1621 se distingue parce qu'elle ajoute ou supprime des paragraphes à l'édition de 1610. Je signale en note ces modifications η.

• J'ai reproduit les italiques dans le corps du roman (poèmes et lettres), mais aussi dans les liminaires. On notera que les préfaces sont en italique, non les épîtres dédicatoires. Cela signifie que le texte mis en valeur n'est pas ici celui qui jouit d'« un rapport d'extériorité avec le texte principal », comme le proposait R. Laufer (p. 121). Dans L'Astrée, comme on sait, les épîtres sont présentées à deux rois de France, alors que les préfaces η sont adressées à des personnages qui ont quitté un instant la fiction pour jouer le rôle d'intermédiaires entre l'auteur et le lecteur. Elles ont donc le statut de textes qui appartiennent au roman, mais qui relèvent d'un genre particulier - comme les poèmes et les lettres, elles sont en italique.

• Je n'ai pas reproduit le titre courant.

• Je n'ai malheureusement pas pu reproduire l'ensemble des graphismes originaux de la première partie de L'Astrée : bandeaux η variés, culs-de-lampe et superbes lettrines. J'ai tenté d'évoquer ces ornements désuets en utilisant une police différente pour les premières lettres et en dessinant une sorte de bandeau générique. L'ornement, selon la judicieuse expression de Mme Régent-Susini, « dramatise le moment d'entrer dans la méditation » (p. 330).

• Pour la deuxième et la troisième partie de 1621, ainsi que pour la quatrième partie de 1624, j'ai recopié bandeaux et lettrines de l'édition que je reproduisais. Grâce à des astuces informatiques, une lettre ordinaire se cache derrière la lettrine et permet le dépistage du mot décoré (Voir par exemple Alcidon, III, 4, 122 recto).

• J'ai reproduit les illustrations des pages liminaires de la première et de la deuxième partie en me basant sur des exemplaires numérotés de l'édition Vaganay**. Pour la troisième partie, je présente le frontispice de 1619 (Mazarine), celui de la Société des Libraires (Watkinson Library) et les portraits de l'auteur et de sa muse (Bibliothèque municipale de Marseille). Pour la quatrième partie, je recopie le frontispice de la Bibliothèque municipale de Lyon.
Descriptions et analyses sont dans Illustrations.
Pour la disposition des pages et les tables des matières, voir les Annexes.

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7 SignetLa Version fonctionnelle

J'ay voulu suivre l'ordonnance des Sages,
qui nous commandent de nous
accommoder au temps.

Honoré d'Urfé,
La Sylvanire, p. 10.

SignetDeux visages de L'Astrée, dès le tout premier paragraphe de l'Accueil, se dit destiné aux néophytes comme aux spécialistes. Les premiers désirent lire sans se buter à des obstacles décourageants. Les seconds désirent effectuer des recherches sans être trompés par une graphie flottante et imprévisible. J'ai vécu ces deux types de mésaventures. Quand mes étudiants lisaient l'Histoire de Damon et Fortune (I, 11, 369 recto sq.), ils s'arrêtaient devant les participes passés terminés par ez (« ils moururent embrassez »), les pronoms personnels confondus avec les relatifs (« qu'elle a esté la diligence »), les graphies incongrues (« à fin de voir ») et surtout l'incohérence des temps grammaticaux (« il en fut tellement blessé que la mort seule le peut guerir »). Moi-même, en faisant des recherches d'occurrences dans l'édition Vaganay numérisée par ARTFL, j'ai passé beaucoup trop de temps à imaginer les graphies possible pour « feindre » et ses dérivés, ou pour le nom de « Mérovée » (faint, I, 8, p. 306, Merouée, I, 3, p. 76). J'ai ainsi raté, je le confesse, un Hylas écrit Hilas (II, 1, p. 50). Le nombre considérable de variations aléatoires, graphiques et linguistiques dans les éditions anciennes de L'Astrée rend les recherches précises sinon impossibles, du moins téméraires.

Pour travailler d'une manière plus efficace sur un texte ancien, il faut disposer d'une version qui rende la graphie consistante, la ponctuation compréhensible et les verbes cohérents tout en conservant le vocabulaire et les structures qui donnent son cachet à l'original. Cette version nouvelle ne doit en aucun cas devenir reconstitution ; elle doit afficher les fascinantes anomalies du texte authentique sur lequel elle s'appuie.

8 SignetPour parvenir à ce résultat, après avoir présenté les éditions critiques des Astrées originales, j'ai composé de nouvelles versions qui portent toutes les mêmes numéros de pages ou de folios que les textes anciens. Comme je l'ai indiqué plus haut, les hyperliens qui appellent les commentaires et les astérisques qui indiquent les variantes importantes ne disparaissent pas. Ainsi, novices et chercheurs ne perdent rien en passant de la version qu'ils ont lue au texte du XVIIe siècle qui est soutenu par de vastes analyses.

J'ai publié le 16 mai 2008 une « Astrée achronique » qui suivait l'édition critique de la première partie, puis le 20 novembre 2010 une « Astrée achronique » qui suivait celle de la deuxième partie (Voir Historique). À l'époque, aiguillonnée par les dates butoirs - anniversaires de la publication des différentes parties du roman, j'ai inclus un minimum d'explications à la fin du fichier « Présentation des textes ». En 2015, en faisant paraître la version de la troisième partie (longtemps avant l'anniversaire de 2019), j'ai changé de titre, ou plus exactement, de qualificatif. Ces Astrées sont devenues « modernes ». En 2017, c'est encore une version dite « moderne » du Jugemant sur l'Amedeide qui s'est jointe à l'édition critique.

Pourquoi ces oscillations ? La nouvelle Astrée est passée du trop vague au trop déterminé. « Achronique », c'est-à-dire sans temps ou hors du temps, soulignait qu'il ne s'agissait ni d'une Astrée modernisée, ni d'une Astrée adaptée. « Moderne » était moins rébarbatif, mais aussi moins véridique. L'Astrée moderne annonçait plus qu'elle n'apportait. Elle a pu induire en erreur ceux qui espéraient rencontrer un texte en français facile ou presque. Ni les carences de l'« achronique », ni les expectations du « moderne » ne conviennent à mon entreprise. Il est donc temps de préciser les connotations du qualificatif que j'adopte et les solutions trouvées pour rapprocher le roman de ses lecteurs.

« Fonctionnel » me semble l'étiquette la plus appropriée. Est fonctionnel ce « dont l'aspect pratique ou esthétique résulte d'une juste adaptation à une fonction déterminée » (TLFI). La version fonctionnelle de L'Astrée convient à tous ses destinataires.

9 SignetLa tradition éditoriale française n'est pas tendre pour les tentatives de vulgarisation. Comme les traductions de la Bible en langues vernaculaires ont choqué les catholiques du XVIe siècle, comme le Coran traduit scandalise les musulmans, le respect pour la langue originale obnubile une partie de l'intelligentsia. Traduttore, traditore, répète-t-on même. Les textes en ancien français - langue parlée jusqu'au XVe siècle, et qui a son propre dictionnaire - ont été longtemps réservés aux philologues et aux linguistes. Il en va de même pour nombre d'œuvres du XVIe et du premier XVIIe. On en arrive à cette situation aberrante que connaissent ceux qui enseignent hors de France, et dont j'ai donné un exemple dans ma Préface : L'Astrée a été plus lue aux États-Unis qu'en France, parce qu'on y appréciait « les textes choisis et présentés par Gérard Genette ». Dans cette reconstitution condensée qui isole l'histoire d'Astrée et de Céladon, « on [s'était] borné à moderniser l'orthographe et la ponctuation » de l'édition Vaganay, expliquait l'auteur η. La préface du maître ès narratologie a rapidement éclipsé le roman, ou, plus exactement, cette version abrégée du roman qui ne servait qu'à entrebâiller une porte sur le monde d'Honoré d'Urfé.

Le phénomène est courant : l'université française snobe toute édition qui modernise, qui simplifie - l'obstacle n'est-il pas un aiguillon ? Antoine Compagnon, fort de son expérience internationale, explique :

Hors de France, on a bien de la chance que la question de la langue ne se pose pas de manière aussi intense, et, si l'état d'esprit ne change pas en France, on assistera bientôt au paradoxe suivant : Montaigne sera plus lu et mieux compris ailleurs que dans le pays où il est né et dans la langue qu'il a choisie (p. 593).

En janvier 2009, on a vu une levée de boucliers des puristes, rigoristes, conservateurs, réactionnaires et autres légitimistes lorsque la collection Quarto a fait paraître « Les Essais de Montaigne en français moderne » d'André Lanly. La langue du XVIe siècle, semble-t-il, ne poserait pas assez de problèmes pour justifier une translation. Que celui qui n'a jamais raté chez Montaigne une plaisanterie ou une allusion jette la première pierre à André Lanly ! Le traducteur lève les « obstacles de l'orthographe, du doute sur le sens des mots, de l'égarement suscité par la ponctuation » (Montaigne, Quatrième de couverture). Faut-il considérer ces « Essais en français moderne » comme une adaptation indulgente ou comme un rajeunissement audacieux ? Les lecteurs, en tout cas, ne boudent pas leur plaisir : le Blogue d'Axel Evigran (21 août 2014) le prouve éloquemment.

Les noms et adjectifs qui décrivent les versions de textes plus ou moins anciens reflètent une confusion gênante et généralisée. Il y a en effet mille manières de mettre une œuvre à la portée de tous. La reconstitution de Genette, une bande dessinée de Louis Bouchet et un film d'Éric Rohmer illustrent la chose dans le cas de L'Astrée. Le bain de jouvence bénéfique autorise-t-il les coupures ? Affecte-t-il le vocabulaire, ou la syntaxe, ou les deux ? L'œuvre d'Honoré d'Urfé, un roman historique, présente une difficulté de taille : le nombre et le désordre des noms propres. Comment les traiter ? Les supprimer, est-ce châtrer L'Astrée ? En fin de parcours, comment juger de la qualité et de l'utilité d'une version nouvelle ?

10 SignetJe reviendrai aux remarques d'Antoine Compagnon pour répondre à ces questions vitales. Dans sa recension du travail d'André Lanly, Compagnon indique les pistes qu'il aurait voulu que le translateur suive - elles décrivent fort bien le travail que j'ai fait. Une bonne adaptation en français moderne doit accompagner une édition critique rigoureuse qui tient compte des couches du texte. Il nous faut, ajoute Compagnon, « une introduction, un index, et surtout une note [...] qui indique quel texte de base a été adopté [...] et qui nous donne un minimum d'information sur les interventions de l'adaptateur, sur sa méthode, sur ses choix » (p. 593).

Au terme de l'analyse des éditions des Essais de Montaigne, il s'avère que la valeur d'une adaptation moderne réside dans son adéquation : convient-elle ou non au niveau du public contemporain ? Est-ce tout à fait suffisant ? Je pense qu'il faudrait encore qu'une version nouvelle permette et encourage de sérieuses recherches.

À partir des textes de référence, j'ai prêté à L'Astrée une langue dont la modernisation doit rendre la lecture moins ardue, mais aussi dont la cohérence doit rassurer les chercheurs. J'ai orné cette Astrée mise à la portée de tous de copies des gravures d'époque réunies par Vaganay** (Voir Illustrations) ; dans la mesure du possible, j'ai ajouté aussi les belles lettrines originales. Comme cette version fonctionnelle de L'Astrée jouit des mêmes hyperliens que les éditions critiques qui l'ont précédée, elle reste savante. Elle conserve les guillemets d'attention et même ces astérisques qui signalent, dans mon édition des textes de 1621, la présence de variantes dignes d'intérêt.

11 SignetJ'ai ajouté une version Microsoft Word téléchargeable de cette Astrée. Elle ne renferme ni annotation, ni décoration. Elle autorise des recherches ponctuelles rapides. J'ai fait une seule addition : étant donné que le lecteur de cette version fonctionnelle de L'Astrée n'a pas un accès direct aux Notes, les vers italiens cités par d'Urfé dans la préface de la première partie sont suivis de leur traduction. Ces documents doivent être téléchargés.

Téléchargement de la version fonctionnelle de L'Astrée sans addenda

word_1.zip L'Astrée, Ie partie de 1621
word_2.zip L'Astrée, IIe partie de 1621
word_3.zip L'Astrée, IIIe partie de 1621
word_4.zip L'Astrée, IVe partie de 1624

12 SignetL'Élaboration de la version fonctionnelle

J'ai lentement apprivoisé L'Astrée pour la rendre plus accueillante.

Pour garantir la cohérence des résultats, qu'il s'agisse du vocabulaire ou des noms propres, l'établissement du texte s'est donné pour règle absolue d'apporter le moins possible de changements drastiques.
La version fonctionnelle se caractérise par :
- une graphie homogène : un même mot est toujours transcrit de la même manière ;
- une graphie modernisée : ajout des accents et suppression des consonnes et voyelles supposées indiquer l'étymologie ;
- une graphie éclairante, afin de prévenir équivoques et non-sens (« peu » et « pu », « avenir » et « advenir ») η.
Les coquilles, bourdons et autres formes d'erreurs sont tous corrigés.

13 Signet1. Le vocabulaire :

Dans la version fonctionnelle, les substantifs conservent les majuscules dont on les a dotés dans L'Astrée originale (phénomène fréquent surtout dans la première partie). Ils conservent également le genre qu'ils avaient, même si ce genre fluctue à quelques pages d'intervalle (« le doute », II, 6, 332, « la doute », II, 11, 728).

Les graphies anciennes (eslongner, dueil) sont remplacées par les modernes, mais les mots archaïques qui sont tombés dans l'oubli subsistent. On trouvera par exemple désaimer, désastré, desseigner, désidérer, départir ou démarcher. Des noms comme mire ou soldurier caractérisent le style de L'Astrée, texte que son auteur a voulu archaïsant. Avec ambacte, arférial et d'autres mots du même acabit, Honoré d'Urfé tient à dépayser le lecteur. Cirurgien même subsiste parce que l'auteur souligne alors l'étymologie : Un Myre, que les Romains nomment Cyrurgien (III, 3, 63 verso). L'Astrée quitte ainsi les rangs des « romans vulgaires », de la fiction facile. Simplifier le texte, serait le dénaturer, voire le trahir.

14 Signet2. Les formes verbales :

La modernisation des verbes s'imposait pour rendre les narrations plus cohérentes. Les verbes ont leurs désinences modernes, ois(t) devenant ais(t), même dans les poèmes (I, 10, 309 recto).

La conjugaison est modernisée parce que certains verbes n'étaient pas conjugués au XVIIe siècle comme ils le sont aujourd'hui, et parce qu'ils n'étaient pas conjugués d'une manière uniforme. C'est le cas notamment de pouvoir, prendre et ouïr. Par exemple, le sacrifice des diverses graphies du passé et du subjoncitf de pouvoir était indispensable ; peust, pust, pût, pûst, pust, peust, puz ... deviennent donc put ou pût.
La version fonctionnelle adopte les formes qui nous sont familières. Le grammairien qui cherche le très fréquent « prindre(nt) » (I, 7, 210 recto, II, 9, 561, III, 7, 293 recto, IV, 3, 404) ne trouvera donc que « prirent ». La version fonctionnelle corrige aussi l'accord des participes passés, mais elle conserve l'accord de certains participes présents η qui ont une valeur adjectivale pour mieux souligner leur sens :
Les armes qu'on portait traînantes par terre (III, 12, 507 verso).
Le Rhône et l'Arar s'assemblants (IV, 4, 649).

Temps et modes sont parfois mal choisis dans le roman (I, 2, 46 recto, II, 4, 192, III, 3, 67 recto, IV, 4, 646). Les présents de l'indicatif en particulier sont nombreux. Dans la deuxième partie de 1621 par exemple, dans l'histoire de Madonthe (II, 6, 327 sq.), « Je peus » apparaît une trentaine de fois là où on attendait le passé simple, « Je pus ». Dans la version fonctionnelle, les verbes au présent survivent uniquement si la logique du récit l'accepte.

15 Signet3. La syntaxe et la ponctuation :

La structure des phrases ne change jamais. On trouvera « parce, dit-elle, que », « le nous a », « les trente une », « et faut », « pource », etc. La version fonctionnelle conserve la longueur des pages et celle des paragraphes - exception faite des multiples alinéas inutiles (parfois trompeurs) ajoutés dans la deuxième partie de 1621 η.

J'ai pris quelques libertés dans le domaine de la longueur des phrases et de la ponctuation pour rendre les dialogues plus clairs. Le XVIIe siècle donnait aux divers signes un sens qu'ils ont perdu aujourd'hui η. Il ne jugeait pas utile d'encadrer de virgules les propositions incises, alors qu'il séparait par des virgules la proposition principale de ses subordonnées et remplaçait le point d'exclamation par deux-points (Voir plus haut). J'ai déplacé les virgules, échangé virgules et points-virgules, modernisé les signes doubles, et ajouté des points. J'ai souvent modifié la ponctuation particulièrement anarchique de la troisième η et de la quatrième η partie.

La version fonctionnelle favorise la ponctuation la plus logique lorsque l'édition de 1621 et l'édition préliminaire diffèrent. En cas de doute, l'édition de 1621 est retenue : « Que devint ce pauvre Berger ? » en 1621 (I, 6, 189 verso), « Que devint ce pauvre Berger  ! » en 1607 (I, 6, 189 verso).

16 Signet4. Les noms propres :

Deux mots suffisent à expliquer ce que j'ai fait : graphie homogène. Dans la version fonctionnelle comme dans les analyses, personnages, mythes, peuples, lieux et dieux portent un nom qui est toujours transcrit de la même manière - luxe que les contemporains d'Honoré d'Urfé ignoraient. Le chercheur qui s'interroge sur les occurrences de « Guyemant », de « Boën », ou de « Tautatès » trouvera donc rapidement la réponse grâce à l'uniformisation systématique. Les choses ne sont malheureusement pas toujours simples. La version fonctionnelle de L'Astrée ne cherche pas à restaurer à tout prix ; elle ne donne la forme correcte que dans la mesure du possible - et en l'entourant de notes explicatives.

Cas d'espèces

L'effort de normalisation s'est heurté à de grandes difficultés parce que les épreuves du roman n'ont jamais été corrigées au XVIIe siècle par un lecteur vigilant ou soucieux de cohérence (Voir Évolution).

A. Pour tous les personnages (fictifs ou historiques) et pour les mythes, le nom acquiert tout bonnement la forme qu'il a actuellement. La modernisation se révèle alors par des accents ajoutés, des consonnes redoublées ou non, des y remplacés ou non par i, et surtout par l'uniformité.

B. En ce qui concerne le traitement des noms de lieux, j'ai jugé nécessaire de respecter les desiderata d'un romancier savant. Honoré d'Urfé nomme Arles ou « l’ancienne ville de Lyon ». En même temps, il adopte des formes déjà archaïques de son temps (Archilla, Tyle), il choisit de franciser certains noms étrangers (Concorde, Vorcelly), et il privilégie parfois des périphrases (Ville des Tectosages). Je suis restée scrupuleusement fidèle aux textes. L'Index expose la richesse d'une toponymie parfois confuse.

C. Les peuples aussi, dans cette version fonctionnelle de L'Astrée, conservent les noms anciens dont ils sont affublés dans le roman. Sesnes, Massiliens, Phocenses sont les indices d'une érudition ostensible, voire ostentatoire. D'Urfé aurait pu écrire Saxons, Marseillois ou Phoceens comme le faisaient ses contemporains. En appliquant ce vernis onomastique, il indique évidemment que les intrigues se déroulent à une époque lointaine tout en mettant à l'épreuve les connaissances du public. Que le lecteur ne s'étonne donc pas de la présence d'Anglois ou de Séquanois. J'ai multiplié les notes pour mettre en garde connaisseurs et profanes.

D. Quelles étaient les intentions d'Honoré d'Urfé lorsque les graphies d'un nom propre fluctuaient ? Je l'ignore. Était-ce volontaire ? J'en doute. Après mûre réflexion, la forme moderne s'est imposée pour sept noms propres de lieux et de peuples dotés, dans les éditions originales, de transcriptions variées. Quelquefois, la faute incombe aux ateliers, par exemple quand l'édition de référence donne une leçon qui est vraisemblablement une coquille. Ailleurs, le romancier ou le copiste pèche par distraction.

L'Astrée de référence
Version fonctionnelle de L'Astrée
Airieu, Ayrieu et Erieu Heyrieux
Boing et Boën Boën
Bramovices Brannovices
Carroceles Garocelles
Caturges et Caturiges Caturiges
Julius et Julieu Jullieux
Tricastius et Tricastins Tricasses

L'Index des noms propres indique dans la première colonne la graphie qui se trouve dans l'édition de référence, et dans la dernière colonne la graphie adoptée dans l'apparat critique et dans la version fonctionnelle.
Dans les tableaux (Répertoire et Personnages), les rubriques donnent à tous les noms propres la graphie qu'ils ont dans l'édition de référence. L'entrée principale s'accompagne, le cas échéant, d'une entrée mémento sans hyperliens qui indique la graphie moderne du nom (par exemple Æmilie et Émilie).

Les noms propres ne sont pas la seule source de confusion dans L'Astrée. Pour résoudre les difficultés posées par le texte de référence, j'ai eu recours à l'édition préliminaire, par exemple lorsque le texte de 1621 introduit des fautes d'orthographe grossières (leurs vanité, I, 10, 316 verso). L'édition antérieure s'est avérée cruciale dans le cas des pronoms personnels lors d'un récit de travestissement (I, 6, 186 verso à 187 verso), et dans les cas où la graphie pouvait induire en erreur, notamment :
paravant pour auparavant (I, 7, 219 verso),
entendre pour attendre (II, 1, 8),
lieu pour lieue (III, 3, 107 recto).
Les corrections - souvent soulignées dans les Notes - s'imposaient pour corriger les métaplasmes troublants. L'absurde η « Rien les destins contraires » devient « Romps les destins contraires » (III, 12, 548 recto), comme je l'explique dans la Préface. On sait qu'Honoré d'Urfé résidait souvent en Savoie lorsqu'il écrivait L'Astrée ; copistes ou secrétaires comprenaient-ils bien son accent ?

J'ai introduit les corrections nécessaires dans la quatrième partie de 1624, sans pouvoir compter sur une édition antérieure évidemment. Ce volume renferme plusieurs métaplasmes et un nombre considérable de coquilles. Contentement par exemple est mis pour Consentement (IV, 2, 267). Certaines bavures même m'ont paru impossibles à corriger :

Et quels Dieux n'ont ouy les cris de tant de femmes
Mais en vain appellez (IV, 1, 39).
Au lecteur de comprendre que les dieux appelés en vain n'ont pas ouï les cris des femmes.

17 SignetLes résultats

Dans Deux visages de L'Astrée, l'édition préliminaire et l'édition de référence des trois premières parties font ressortir la parure originale de l'œuvre d'Honoré d'Urfé, et le résultat de l'évolution du texte. La quatrième partie embryonnaire les accompagne parce que ses lacunes font ressortir les caractéristiques du roman d'Honoré d'Urfé. La version fonctionnelle de L'Astrée suit comme une ombre toutes ces éditions. En un sens, elle démasque L'Astrée en supprimant les imperfections et les rides dues à une langue encore mal définie et à une typographie artisanale.

Il a été largement question de détails jusqu'ici, alors que c’est plutôt à l’aune de la lisibilité et de l'efficacité de la recherche qu'il faut juger les nouvelles versions.

SignetLa lisibilité

Les tests de lisibilité ont mauvaise presse dans les pays où ils semblent servir surtout à enseigner la lecture rapide. Le lectorat anglophone les apprécie. The Lexile Framework for Reading se targue de vendre des versions de Romeo and Juliet qui conviennent à différents niveaux de lecteurs. Dans toute l'Amérique du Nord, les tests de lisibilité sont utilisés pour déterminer avec une relative certitude si un texte convient ou non au lectorat ciblé, qu'il s'agisse d'élèves, d'électeurs, de contribuables ou d'éventuels acheteurs (Conquet).

Ce tour de force se base essentiellement sur la longueur des mots et des phrases ainsi que sur le nombre de mots qui séparent des mots corrélatifs (comme le sujet et le verbe). À ces chiffres s'ajoute un élément plus flou, l'intérêt du texte. Est jugé intéressant le texte qui interpelle son lecteur. Dans un échantillon de 100 mots, combien s'adressent directement au lecteur ? En principe, dialogues et interventions d'auteur rendent un texte lisible par un plus grand nombre d'individus. À la lumière de ces facteurs de lisibilité, la version fonctionnelle de L'Astrée jouit de deux atouts : la ponctuation adéquate interrompt les phrases excessivement longues et elle fait ressortir les multiples dialogues du roman.

J'ai soumis l'incipit de la nouvelle version de L'Astrée à Scolarius, un testeur linguistique québécois. La version de 1621 est ici suivie par la version fonctionnelle :

inicipit

Nous sommes encore loin du français facile ! Il a suffi de stabiliser l'orthographe et de moderniser la ponctuation pour produire un paragraphe qu'on lit sans avoir mauvaise conscience. Comme ce texte fait partie d'une vaste édition critique, il n'est pas susceptible d'induire en erreur un étudiant, et il ne va pas frustrer un enseignant. Le succès que rencontrent sur le Web mes versions nouvelles m'étonne moi-même. La version fonctionnelle de L'Astrée, selon toute apparence, conquiert un tout nouveau public de curieux que la réputation du roman aurait rebuté, et que la langue du premier XVIIe siècle aurait découragé.

SignetFonctionnalité

Je n'ai pas besoin de chercher bien loin des preuves de l'efficacité des nouvelles versions. J'ai été la première à en bénéficier en composant mes analyses. La version fonctionnelle a permis, en 2016, l'entrée du roman dans Hyperbase d'Étienne Brunet, et, par voie de conséquence, le précieux « Dictionnaire de fréquence des mots de L'Astrée » a vu le jour. Mon édition critique du roman d'Honoré d'Urfé encourage donc aujourd'hui de nouvelles investigations. C'était sa raison d'être. Le grand gagnant, c'est le chercheur.

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18 Signet Atouts de l'édition numérique

Depuis l'invention de l'Imprimerie
nous n'avons pas à craindre que les abbregez nous
fassent perdre les grands corps d'Histoires qu'ils ont fait
perdre autrefois, parce qu'il les falloit écrire à la main,
et que c'estoit un travail immense et infiny.

Menestrier,
Eloge historique de la ville de Lyon, 1669, Préface, n.p.

Comme l'invention de l'imprimerie et la multiplication des ateliers ont permis aux historiens de composer des ouvrages plus complets et plus exacts, l'électronique a rendu les textes anciens plus accessibles et plus maniables. Par voie de conséquence, la recherche devient plus complète et plus sûre. Le XXe siècle s'achevait quand j'ai bénéficié de l'aide apportée par l'édition numérisée de L'Astrée (ARTFL) en rédigeant ma thèse de Doctorat d'État (Merci à Michèle Weil, Université de Montpellier). En l'an 2000, quand j'ai commencé mon édition critique du roman, le support informatique m'a paru tout à fait indispensable pour mettre à la page l'œuvre d'Honoré d'Urfé sans la trahir par des concessions d'un autre âge.

Les atouts de l'édition numérique se démontrent mieux qu'il ne se décrivent.

En 2004, l'équipe d'universitaires suisses qui a édité l'Artamène ou le Grand Cyrus de Mlle de Scudéry demandait dans son site (30 septembre 2010) :

Et si le texte est un texte ancien, de nature canonique, 'classique', peut-on attendre d'une implémentation en ligne autre chose qu'une édition critique, moins limitée et plus maniable que celle qu'offrirait l'imprimé traditionnel ? Le texte gagne-t-il un nouveau statut, une existence nouvelle, par le biais de son nouveau support ? La transposition peut-elle favoriser une lecture renouvelée et opérer ainsi une fonction en quelque sorte herméneutique ?

L'expérience a prouvé qu'il fallait répondre à toutes ces questions par l'affirmative. La lecture et l'analyse ont beaucoup à gagner lorsqu'un texte est numérisé. De plus, une édition critique numérique améliore considérablement la qualité de la recherche, en particulier lorsqu'il s'agit de textes fréquemment revus pas leur auteur. Une fois que la première et la dernière édition d'une œuvre sont saisies, toutes les enquêtes s'avèrent possibles et produisent des résultats fiables. Les seules limites sont les limites du questionneur.

Les pionniers des humanités numériques ont été, semble-t-il, les sites consacrés à Shakespeare (1991, Michael Best, University of Victoria, B.C.) et à Balzac (1998, Claude Duchet, Université Paris 8). C'est l'œuvre de Lewis Carroll, Alice’s Adventures in Wonderland (1865), qui a connu la carrière électronique la plus exemplaire (Voir le site de la Lewis Carroll Society, 26 mai 2019 et Wikipedia en anglais, 10 juin 2015). Variantes, illustrations et notations critiques ont fusionné. Elles se multiplient avec le temps et elles accompagnent toutes sortes de jeux électroniques (Voir l'article exhaustif de Sara Keating, 10 juin 2015). Les techniques modernes enrichissent le pays des merveilles d'Alice. En effet, une « fonctionnalité importante du numérique est de proposer des versions "augmentées" ou "enrichies" des textes, à savoir des versions qui contiennent plusieurs types de médias » (Épron et Vitali-Rosati, p. 20)

« Quand le texte se dé-livre », selon l'heureuse expression de Jan Herman (p. 79), il ouvre de nouveaux horizons. Les dimensions même de L'Astrée et la longue histoire de ses éditions font de ce roman un candidat parfait pour ce que l'anglais appelle expanded annotated edition, une édition critique élargie : afficher un texte (même monumental) et diverses catégories de commentaires sur plusieurs niveaux.

Dans Deux visages de L'Astrée, j'ai suivi, dans la mesure de mes moyens, l'exemple donné dans les années 90 par Marie-Luce Demonet et Étienne Brunet - j'espère qu'on reverra bientôt sur la toile leur travail sur Rabelais (1995). En attendant, Mme Demonet dirige les Bibliothèques Virtuelles Humanistes du Centre d'Études Supérieures de la Renaissance à l'Université de Tours (prix Succeed en 2014). É. Brunet accueille la version fonctionnelle de L'Astrée dans son Olympe informatique, Hyperbase.

Après avoir construit mon édition de L'Astrée sur la notion de changement en analysant les variantes, j'ai étendu l'apparat critique en tissant des liens tout autour du roman. L'informatique m'a permis de combiner les médias pour passer rapidement d'un mot à des observations - lisibles, audibles ou dessinées. L'édition numérique est imbattable. Quels prodiges typographiques permettraient de passer en un instant d'une édition à l'autre, d'un personnage à sa fiche d'identité ou à un schéma des relations amoureuses, d'un peuple à la carte qui indique ses territoires, d'un mythe à un site qui montre ce mythe peint ou chanté, d'une note à la chronologie historique du roman ? Et que dire du Dictionnaire des fréquences ? En 2019, il comprend 17 326 entrées, soit plus de 300 pages imprimées.

Nous assistons à un salutaire déplacement des valeurs dans le domaine de l'édition savante. Les auteurs d'éditions numériques - de plus en plus nombreux - sont soutenus par des universités ou d'autres institutions. Leur curriculum vitae leur sert de caution. Les moteurs de recherche leur offrent une distribution tout à fait internationale ; le bouche à oreilles répercuté par les média sociaux (tweet ou gazouillis, Facebook et tant d'autres) remplace la publicité traditionnelle.

19SignetL'édition sur papier n'est pas morte. Elle apporte garantie implicite, rétribution financière, système de distribution et droit aux recensions. Elle entraîne aussi son lot de contraintes physiques, intellectuelles, politiques et autres. Les innovations imprimées sont rares. Depuis les débuts de l'index (que l'on doit aux ouvrages latins, selon Pierre Larousse), l'édition critique n'a pas trouvé d'autres façons d'aider les chercheurs. Texte, contexte et commentaire restent cloisonnés. « Comment visualiser, et plus exactement ancrer les variantes ? » demande Bernard Cerquiglini en 1989 (p. 108). Les éditeurs commerciaux sous-estiment notes et variantes, traitées comme « des béquilles ou des étais » (Compagnon, p. 339), qu'ils aimeraient réduire de façon drastique. Nul n'ignore que les informations reléguées au bas d'une page ou exilées à la fin d'un volume distraient le lecteur et ralentissent la lecture.

Et si jamais une édition papier devait être complétée par un site comme le promettent certains, le meilleur ne sera-t-il pas réservé au livre plus lucratif ? Pour aller du texte numérisé à l'édition critique numérique, il faut repenser de fond en comble la structure de l'apparat critique puisque l'on passe d'une construction plate à une charpente multi-dimensionnelle. « Les outils façonnent la pensée » et donnent au texte une nouvelle dynamique (Épron et Vitali-Rosati, p. 35).

Les éditions sur papier conservent deux avantages : la rétribution de l'auteur et la protection des droits. L'Internet a introduit un altruisme qui s'accorde encore mal avec le système économique traditionnel. La rétribution peut prendre une multitude de formes dans le monde du numérique, surtout en milieu universitaire. La protection des droits, elle, est infiniment plus difficile à assurer, chanteurs et musiciens le savent bien. J'ai fait preuve d'optimisme en publiant mon édition de la deuxième partie de L'Astrée. J'ai écrit alors : Je suis sûre que ceux qui exploiteront ce site me citeront honnêtement. Certains, hélas, se sont permis d'emprunter de multiples passages sans me citer. Les copiages illégaux sont une plaie de l'ère numérique. Là où le français parle de copillage, l'anglais voit du pirating. Le vol des travaux de l'esprit est une calamité qui ne disparaîtra que si les modes de pensée changent.

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20 SignetJe reconnais sans peine que lire un livre est plus agréable que lire un écran, qu'une Astrée tangible est plus belle qu'une Astrée virtuelle. Mais rien ne peut entrer en compétition avec l'efficacité des hyperliens qui peuvent se multiplier. Seule l'électronique encourage l'expansion des analyses et permet les fréquents amendements que recommandait déjà Horace avant Boileau (Art poétique I, v. 172-173). Quoi ajouter ? Un spécialiste de Proust peut composer un vibrant éloge de « la lecture à l'heure du numérique » (Compagnon).

En guise de conclusion, je soulignerai que, dans cette édition critique, le mode de présentation des textes et le développement des analyses reposent tous sur des procédés informatiques. Imprimer Deux visages de L'Astrée, c'est se priver de ses atouts. La note, la variante et la rectification, les trois bêtes noires des éditeurs commerciaux et des éditions sur papier, jouissent d'un traitement de faveur. Elles demeurent partout et toujours à la disposition de l'internaute qui les appelle.

SignetOrdinateurs, tablettes et téléphones savants mis à la portée de tous servent de supports relativement égalitaires η. L'Internet confirme et affermit la vitalité du français dans le monde, puisque, entre 2000 et 2018, le nombre d'échanges en français a augmenté de 1 092 %, alors que le nombre d'échanges en anglais a augmenté de 650 % (Site de Internet World Stats, 28 septembre 2018). Certes, le français venait de plus loin. Il n'en reste pas moins que le monde francophone s'affirme de plus en plus sur le Web et grâce au Web.

SignetJournaux et magazines subissent depuis longtemps la concurrence du support électronique. Certains se sont remarquablement adaptés. Margaret Sullivan, dans un numéro du New York Times (15 juin 2014), s'interroge sur l'avenir de la presse sur papier, « a paper boat navigating a digital sea », un bateau en papier qui vogue sur une mer digitale. Elle reconnaît que l'Internet, en créant de nouvelles sources d'information et de nouveaux modes de diffusion η, multiplie aussi les attentes des lecteurs. Le bateau en papier de Margaret Sullivan ne va pas couler dans une mer digitale. Il a su évoluer et diversifier ses modes de présentation et de diffusion au point d'offrir à chaque lecteur des informations sur les sujets qu'il choisit. Ces informations sont plus ou moins détaillées, avec ou sans accompagnement vidéo, selon les desiderata du lecteur. L'édition critique de textes littéraires doit elle aussi s'assouplir et se diversifier pour s'enrichir.

De la gravure sur pierre à l'imprimerie, l'humanité a fait un bond de géant. Le progrès réalisé de l'édition sur papier à l'édition numérique est du même ordre de grandeur. L'ère de l'Internet, plus altruiste que la galaxie Gutenberg, ouvre des horizons infinis.

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SignetAnnexes

21Signet Disposition des pages

Première partie de 1607
1. Page de titre.
2. L'Autheur à la Bergere Astree.
3. Table des histoires contenues es douze livres d'Astree.
4. Privilège 18 août 1607.
5. Feuillet blanc.
6. Le Premier livre d'Astrée. [...]
7. Le Douziesme livre. De l'imprimerie de Charles Chappelain.

• Première partie de 1621
1. Frontispice ni signé ni daté en 1621.
2. Verso blanc.
3. Page de titre.
4. Portrait de l'auteur au verso de la page de titre. Signé Briot en 1621.
5. Dédicace au Roy.
6. L'Autheur à la Bergere Astree.
7. Privilège 7 mai 1619.
8. Portrait de dame signé Beaubrun et Briot.
9. La première partie de L'Astree [...]
10. Tables.

• Deuxième partie de 1610
1. Frontispice de 1610 signé par Firens.
Page de titre absente.
2. Au Roy.
3. L'Autheur au Berger Celadon.
4. Livre 1 [...]
5. Livre 12.
6. Tables.
7. Extrait du Privilège 15 février 1610.

• Deuxième partie de 1621
1. Frontispice signé P. Firens daté de 1622.
2. Page de Titre sans dédicace.
3. Portrait de l'auteur signé Beaubrun et Briot.
4. L'Autheur au Berger Celadon.
5. Tables.
6. Privilège 7 mai 1619.
7. Portrait de Dame.
8. Livre I [...]

• Troisième partie de 1619
1. Frontispice signé Gaultier, 1619.
La page de titre manque dans l'exemplaire de la Mazarine.
2. Au Roy.
3. Portrait de l'auteur signé Beaubrun et Briot.
4. L'Autheur à la Riviere de Lignon.
5. Portrait de Dame signé Beaubrun et Briot.
6. Livre 1 [...]
7. Livre 12.
8. Tables.
9. Privilège 7 mai 1619.

• Troisième partie de 1621
1. Frontispice de la Société des Imprimeurs ni signé ni daté.
2. Page de titre.
3. Au Roy.
Un folio manque dans l'exemplaire de la Watkinson Library. Il devait avoir les dernières lignes de la dédicace et le portrait de l'auteur. L'image a laissé son empreinte sur le folio suivant.
4. L'Autheur à la Riviere de Lignon.
5. Ode à la Riviere de Lignon par le Sr. de Baro.
6. Portrait de Dame signé Beaubrun et Briot.
7. Livre I [...]
9. Tables.
9. Privilège 7 mai 1619.

• Quatrième partie de 1624
1. Frontispice 1624.
2. Titre court.
3. Page blanche.
4. Page de titre avec fleuron.
5. Page blanche.
6. Au Lecteur [anonyme, composé par l'éditeur].
7. Livre I [...]
8. Extraict du Privilege.
9. Tables [ajoutées].

22 SignetLes Tables des matières

J'ai reproduit les tables des matières de toutes les éditions que je présente. Les corrections que j'ai introduites pour les rendre plus utiles sont expliquées dans les Notes.
J'ai ajouté une Table des livres.
J'ai indiqué le nom des narrateurs d'histoires et celui des auteurs de poésies.
Des liens renvoient des Tables aux romans. 

Première partie :
- L'édition de 1607 comprend seulement une Table des histoires.
- L'édition de 1621 inclut une Table des histoires, une Table des lettres et une Table des poésies.

Deuxième partie :
- L'édition de 1610 inclut une Table des histoires, une Table des lettres et une Table des poésies.
- L'édition de 1621 comprend les mêmes Tables.

Troisième partie :
- L'édition de 1619 inclut une Table des histoires, une Table des lettres et une Table des poésies.
- L'édition de 1621 place ces mêmes Tables au début du volume, entre la préface et le privilège.

Quatrième partie :
J'ai dû ajouter toutes les Tables nécessaires.