Banderole
Première édition critique de L'Astrée d'Honoré d'Urfé


RÉPERTOIRE - A

Achelois Mentionné dans : II
Mythologie. Aujourd'hui Achéloos.
Avec ses 217 km, c'est le fleuve le plus long de Grèce. Il donne son nom à un dieu considéré comme l'aîné des trois mille dieux fleuves. Achéloos et Calliope, la muse de la musique, ont eu pour enfants les Sirènes.
Achéloos se métamorphose aisément. Quand il se bat contre Hercule pour lui enlever Déjanire, Achéloos prend la forme d'un serpent puis d'un taureau. Vaincu, Achéloos offre à Hercule une corne qui appartenait à Amalthée, la chèvre qui a nourri Jupiter enfant. C'est la corne d'abondance.
Dans Les Epistres morales, Achéloos représente les « apparences fausses » qui viennent de Fortune (I, 4, p. 27).
Dans La Sylvanire, Honoré d'Urfé nomme la corne d'Amalthée (v. 46), signe de « grandeur extrême » que Fortune donne quand il lui plaît.

• Dans L'Astrée, Achéloos est le père de trois sirènes (II, 4, 203).

• Voir le combat d'Achéloos contre Hercule sur un vase grec, dans ce site (10 février 2014).
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Achéloos Voir Achelois.  
Acheron Mentionné dans : I
Mythologie. Sur ce fleuve qui sépare le monde des vivants de celui des morts circule la barque de Charon, le passeur des morts. Dans La Sylvanire, on paie Charon pour traverser l'Achéron (v. 7314-7315).

• La Bergère Phillis explique, en parlant de la mort de Cléon, que certains ont réussi à repasser ce fleuve (I, 7, 217 verso). Elle pense à Hercule, à Orphée, ou à Alceste.

Le nom du fleuve se trouve dans l'édition de 1607, celui du passeur prend sa place dans celle de 1621.

• Voir la carte des Enfers de Virgile dans ces sites (20 juin 2016) : http://www.histoire-fr.com/images/enfers_selon_virgile.gif ; http://mythologica.fr/grec/pic/enfers.jpg
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Achille Mentionné dans : III
Mythologie. Les très nombreuses aventures de ce demi-dieu sont rapportées surtout dans l'Iliade. Selon Homère, Achille jouit d'armures merveilleuses d'origine divine. Le célèbre bouclier est décrit au livre XVIII. La lance a des effets magiques. Euripide rapporte qu'une blessure infligée par la lance d'Achille au roi Télèphe ne peut guérir que si elle est touchée par la rouille attachée à la pointe de cette même lance (Lacroix, p. 224). Tout cela pourtant ne peut qu'égarer le lecteur de L'Astrée ! Les armes que porte Achille ne sont pas mythiques chez Honoré d'Urfé. Le Jugemant sur L'Amedeide explique d'ailleurs les effets pervers des armes enchantées.

• « Dessous un fer rouillé n'est moins preux un Achille » (III, 5, 195 recto). La sentence signifie que la valeur ne vient pas des armes mais de la vaillance.
Énoncée par Hylas, mise en valeur par des capitales et des guillemets, la phrase étonne : d'une part, parce qu'il ne s'agit pas d'un proverbe connu, et d'autre part parce que les armes extraordinaires d'Achille, en principe, ne peuvent pas devenir « un fer rouillé ».
Le nom du demi-dieu est devenu une antonomase, « un Achille ». La Curne de Sainte-Palaye donne dans son Dictionnaire : « Achilles, subst. masc. Le nom célèbre de l'invincible Achille, a été employé au figuré, pour désigner les choses auxquelles on ne pouvoit résister ». Huguet précise au mot Achilles que c'est un « argument invincible ».
Hylas, par conséquent, dit de façon imagée η que la force n'a pas besoin de belles armes. Il ne faut pas se fier aux apparences, car l'habit ne fait pas le moine. Notons que le costume de berger ne fera pas de l'inconstant un amoureux timide, un « Céladon ».

• La sentence revient dans Les Epistres morales (I, 21, p. 181) pour dire qu'on ne peut pas cacher l'ambition.

• Voir l'armure d'Achille peinte par Rubens dans ce site (10 février 2014).
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Acteon Mentionné dans : II
Mythologie. Ovide raconte dans les Métamorphoses la mésaventure de ce chasseur puni par la déesse Diane qu'il avait vue se baignant nue. La déesse transforme Actéon en cerf pour l'empêcher d'ébruiter cette aventure (III, 171-211). Les chiens d'Actéon, conduits par Mélampe, le premier d'entre eux, ne reconnaissant pas leur maître, dévorent le cerf dont il a pris la forme. Plusieurs commentateurs du mythe soulignent que le monde entier a appris cette histoire justement parce que la déesse s'est montrée implacable.

Silvandre et Paris, les deux hommes qui aiment la Bergère Diane, évoquent ce mythe. Le premier se dit « dévoré de désirs » (II, 2, 112), le second, plus audacieux, accepterait que des chiens le dévorent s'il pouvait voir la Bergère nue (II, 7, 469). Léonide met en garde Paris : Actéon a désiré ce qu'il ne devait pas désirer.

• Le chien d'Actéon, Mélampe, donne son nom au chien d'Astrée. C'est aussi le nom du chien de Silvio dans le Pasteur fidèle de Guarini.

Le mythe d'Actéon transparaît dans l'Histoire de Diane (Henein, pp. 285-286). Honoré d'Urfé ne nomme pas alors Actéon, mais Diane pardonne à Filandre son travestissement parce qu'elle craint « que ce qui estoit si secret ne fust divulgué par toute la contree » (I, 6, 185 verso).
Comme la Bergère se montre moins sévère que la déesse, l'aventure romanesque est restée secrète : Astrée s'étonne même de n'en avoir jamais rien su
(I, 6, 160 verso).

• Voir le mythe d'Actéon du Titien dans ce site (23 septembre 2019).
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Adonis Mentionné dans : III
Mythologie. Dans les Métamorphoses d'Ovide, ce dieu né d'un inceste est d'une si grande beauté que Vénus en tombe amoureuse (X, 506-538). Adonis meurt tué par un sanglier qui se repentira de son crime, dit Théocrite (Idylle XXX). Selon divers scoliastes, ce sanglier a été envoyé par le dieu Mars qui désirait supprimer son rival, le jeune amant de Vénus.
L'antonomase, un adonis, n'est pas encore commune. Elle figure cependant chez Ronsard (Élégie XXXII, Éd. Blanchemain, IV, p. 350). Cotgrave donne adonin, « a faire sweet face », et adoniser, « to imitate or counterfeit the graces, or beautie of Adonis ».

Polémas, fort insolent, insulte Amasis et son parent, Damon, en appelant le chevalier « ce nouvel Adonis » (III, 6, 264 recto). Polémas parle ainsi au moment où il engage ses soldats à attaquer Damon en tuant traîtreusement son cheval.

• Dans ce site, on trouve une toile du Titien (vers 1555) représentant le mythe d'Adonis (11 juillet 2012).
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Adriane Mentionnée dans : I, III
Mythologie. Constellation. Ariane est la sœur de Phèdre. Abandonnée sur une île, Ariane est consolée par Bacchus. La superbe couronne que ce dieu lui offre devient une constellation de sept étoiles (Ovide, VIII, 159-188), Corona Borealis.

• La Couronne boréale est représentée dans les tableaux qui décorent la fontaine de la Vérité d'amour (I, 11, 373 verso), mais avec huit étoiles.

• Voir dans ce site un dessin des constellations nommées dans L'Astrée (5 mai 2015).
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Adriane Mentionnée dans : I, III
Mythologie. Écrit aussi Ariadne. Dans la dixième des Héroïdes d'Ovide, Ariane rappelle à Thésée qu'elle l'a sauvé grâce au fil qu'elle lui a donné, et qui lui a permis de sortir du labyrinthe où il avait tué le Minotaure.

• Grâce au « filet d'Ariadne » (III, 10, 436 recto), Astrée et ses compagnes retrouvent Alexis dans un bois de coudriers qui ressemble à un « labyrinthe ».

Si ce bois de la rive gauche du Lignon est un labyrinthe, les bois qui sont près des jardins d'Isoure, sur la rive droite, « faisoient un gratieux Dedale » (I, 2, 22 verso).

• Voir une carte du ciel dans le site de Wikipédia (28 septembre 2019).
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Adriatique Mentionnée dans : II
La mer Adriatique, une partie de la mer Méditerranée, sépare l'Italie des pays des Balkans.

• Elle est nommée lors du récit de la fondation de Venise (II, 12, 841).
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Æmilie Mentionnée dans : III
Région au Nord de l'Italie qui forme aujourd'hui l'Émilie-Romagne. Son nom vient d'une voie construite par le consul M. Æmilius Lepidus au IIe siècle avant Jésus-Christ. Elle a été réunie à la Ligurie (Voir ce site, 12 juillet 2012).

• « Le plus accomply Chevalier [...] de toute l'Æmilie » (III, 7, 326 recto). C'est ainsi que Criséide décrit Arimant.
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Æthna Mentionné dans : IV

Ce volcan de Sicile, le plus élevé de l'Europe, est un assemblage de montagnes chanté par de nombreux poètes. Virgile décrit l'Etna dans ses Géorgiques et dans son Énéide. Ronsard, lui, écrit que le Cyclope amoureux de la nymphe Galathée brûle comme l'Etna, c'est-à-dire incessamment : « Pauvre Cyclope hélas ! », conclut-il (Éd. Blanchemain, IV, Eclogue V, pp. 108, 114).

L'Etna a eu cinq éruptions du vivant d'Honoré d'Urfé (1603, 1607, 1610, 1614, 1619, Larousse du XIXe, Article Etna).

Céladon a souhaité voir les « montagnes fumantes » lors de son voyage en Italie (II, 10, 637).

• Dans un poème, Silvandre compare les effets du dieu Amour aux éruptions volcaniques (IV, 1, 105).
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Affricains Mentionnés dans : II, IV
• Habitants de l'Afrique recrutés par Genséric pour attaquer Rome (II, 12, 861).
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Affricains Mentionnés dans : II, IV

Les raisonnements dans L'Astrée accordent beaucoup de place aux apparences, ce qui n'est pas une tradition néo-platonicienne. Equicola décrit les différentes manières d'aimer des peuples en se référant à leurs caractéristiques morales, non à leurs traits physiques. Par exemple, « les Africains [sont] traistres et desloyaux » et la jalousie « enflamme [leur] fureur » (Livre 4, f° 232 verso-233 recto). Equicola attribue ces informations à des « Mathematiciens », les astrologues.

• Les Africains préfèrent les femmes aux traits négroïdes, affirme Hylas (IV, 1, 102).

Romancier et personnages oublient que le Chevalier barbare
« au visage reluisant de noirceur »
a préféré une femme blanche à sa maîtresse noire
(I, 6, 188 verso ; I, 7, 193 recto).
La description des lèvres et du nez de ce Chevalier correspond d'ailleurs à celle des femmes noires.

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Affrique Mentionnée dans : II, III
« L'Afrique a des monstres & des deserts affreux » (Furetière, Article Affreux).

• Continent nommé par Placidie en conjonction avec l'Asie et l'Europe (II, 11, 743). Il s'agit de l'Afrique du Nord uniquement, bien que Ursace attribue à Genséric « le profond de l'Afrique » (II, 10, 639).

• L'Afrique du Ve siècle est gouvernée par Boniface, envoyé de Rome (II, 11, 759). C'est une région où l'opposition à l'Empire se fomente à cause de la rivalité d'Ætius et de Boniface (II, 11, 755). Boniface offre à Genséric, roi des Vandales, de partager l'Afrique avec lui (II, 11, 760 et II, 12, 814). L'Afrique devient alors le domaine de Genséric, bien que Valentinian, l'Empereur de Rome croie en être encore le maître (II, 11, 760). Genséric « chass[e] les Romains de tout le reste de l'Afrique » (II, 11, 761). « L'Afrique est sienne » (II, 12, 859).

Augustin vit en Afrique (II, 11, 761) (Voir Hiponne).
Marcien est prisonnier de Genséric en Afrique (II, 12, 804).
Olimbre se rend en Afrique pour négocier avec Genséric au nom d'Eudoxe (II, 12, 860). Eudoxe et ses filles sont emmenées malgré elles en Afrique (II, 12, 864).
Ursace et Olimbre vont les suivre (II, 12, 881). Quand ils partent, Ursace est déguisé en esclave (II, 12, 884).

• Une carte de l'Afrique datée de 1584 se trouve dans ce site (30 septembre 2010).
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Affrique Mentionnée dans : II, III
Continent où se trouve le territoire du roi Genséric.

• Le druide Adamas réunit dans sa galerie les plus beaux objets produits par l'Europe, l'Asie et l'Afrique (III, 3, 58 verso).

Ce renseignement a été ajouté à l'édition de 1619.

Damon est en Afrique, pour se « divertir par des longs et penibles voyages » (III, 11, 453 recto). C'est dans la cour de Genséric, roi des Vandales établi à Carthage, qu'il a eu l'occasion d'entendre parler d'Euric et de Daphnide.

• C'est aussi en Afrique que Damon reconnaît que le dieu Amour a partout le même pouvoir (III, 6, 256 verso).

• Carte de l'Afrique romaine dans le site du Larousse (2 mai 2013). Voir l'Algérie romaine dans ce site (10 octobre 2014).
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Agaune Mentionnée dans : I
Ville du canton de Vaud sur la rive gauche du Rhône. Saint-Maurice η d'Agaune aujourd'hui (Maxime Gaume, p. 220, note 223).

• Pour aller du Lac de Genève à Évian, Silvandre passe par cette ville (I, 8, 231 recto),
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Âge d'or Évoqué dans : I Voir Premier siecle.
D'Urfé précise que ses héros, soumis à l'amour, peuvent seulement « envier le contentement du premier siècle ». Le Saturne astréen par ailleurs n'a rien du paisible roi de
l'Âge d'or.

 
Airieu Mentionné dans : I, II
Écrit aussi Ayrieu. Le nom vient du dieu Arès (Mars). Cette forêt s'appelle Erieu dans la deuxième partie. Ce nom s'écrit aujourd'hui Heyrieux.

Le site de la commune rapporte l'histoire du nom sans rappeler la mythologie (22 avril 2015). Ariacus, domaine d'Arius, devient Arié, Ayreu ou Erié. Au XVIe siècle, la graphie préférée est Erieu ou Eyrieu. Le moderne Heyrieux naît seulement au XIXe siècle.

• Au Sud de Lyon, la forêt de Mars est aujourd'hui la forêt d'Heyrieux (Maxime Gaume, p. 216). Les druides y trouvent le gui sacré (I, 8, 257 recto).

• Les « débauchés » qui attaquent Rosidor et Cloris en viennent (I, 8, 257 recto).
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Alains Mentionnés dans : II, III
Ce peuple originaire probablement de Scythie franchit le Rhin en 406, parvient en Espagne en 409 puis en Afrique en 429 (Labouysse, p. 26). C'est l'une des tribus qui forment le vaste peuple des Vandales. Jordanès décrit longuement ces guerriers qui, « sous la figure de l'homme, [...] vivent avec la cruauté des bêtes féroces » (ch. XXIV). Ammien Marcellin, moins sévère, note plutôt que, pour les Alains, « mourir de vieillesse, ou par accident, est un opprobre pour lequel il n'est pas assez d'outrages » (XXXI, 2). Fauchet signale que « les Alains se parquerent en Gaule sus Loire, pres Augustun » sous le règne d'Honorius (f° 77 recto). M. Gaume démontre que, en ce qui concerne l'histoire de Genséric et celle d'Attila, la principale source d'information d'Honoré d'Urfé est Fauchet η (pp. 135-136).

• Dans L'Astrée, les Alains, associés avec les Vandales en Espagne, s'attaquent à Rome (II, 11, 738).
Associés avec les Vandales et les Suèves (II, 11, 746), conduits par leur roi Addax, ils sont vaincus par Constance (II, 11, 747).
Associés avec les Suèves, ils prennent la Méride (II, 11, 751).
Associés avec les Huns d'Attila, ils attaquent Constantinople (II, 12, 803), puis se tournent contre la Gaule (II, 12, 805).

Singiban, roi des Alains, traite avec Attila (II, 12, 823), puis se retourne contre lui, encouragé par Ætius (II, 12, 824). Les Alains sont dans Orléans (II, 12, 825) quand Attila s'en approche.

• On trouve des Alains dans les armées d'Ætius comme dans celles d'Attila (II, 12, 825).

• Une carte des migrations des Alains au IVe siècle se trouve dans ce site (20 décembre 2018).
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Alains Mentionnés dans : II, III
Originaires d'Iran (Favrod, p. 25), les Alains sont l'une des quatre tribus confédérées qui forment les Vandales (Gauthier, p. 102). À l'origine, les Alains ont exercé leur pouvoir sur les Vandales et les Suèves. En 418, vaincus par les Goths, ils perdent Addax, leur roi, et se mettent sous la protection du roi des Vandales (Chastagnol, p. 215).

• Les Alains sont toujours nommés dans des énumérations de peuples qui habitent les Gaules.
Au contact des Alains, dit Adamas, la religion des habitants du Forez s'est abâtardie (III, 9, 373 verso).
Quand les Alains sont vaincus par Mérovée, leurs enseignes défilent devant le peuple franc (III, 12, 507 recto ; III, 12, 507 verso).
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Albe des Helvins Mentionnée dans : III
Aujourd'hui Alba-la-Romaine. Les Helviens sont un peuple gaulois indépendant nommé par César dans le premier livre des Guerres des Gaules. Leur territoire correspond à l'Ardèche (Le Glay, pp. 401-414).
« Alba était sous l'empire romain la capitale des Helviens dont le territoire recouvrait la région du bas Vivarais. [...] Allba reçoit d'Auguste le privilège du droit latin, puis le statut de colonie romaine et le qualificatif d'Augusta. Rattachée d'abord à l'Aquitaine au temps de Strabon, il semble qu'elle soit intégrée à la Narbonnaise. Point de départ des voies romaines vers Valence, Vienne et Lyon par la rive du Rhône, et vers Gergovie » (Wikipédia, 13 juillet 2012).

Le roi Euric attaque cette ville en même temps que plusieurs autres villes du Midi (III, 3, 66 verso).
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Alecton Mentionnée dans : IV
On dit plus souvent Alecto. Nom donné à l'une des trois Furies (Virgile, L'Énéide, XII, par exemple).

Dorinde se demande si les hommes infidèles ne seraient pas nés d'Alecton (IV, 1, 44). Comme la jeune femme ajoute quelque avant le nom propre, il pourrait s'agir d'une antonomase, mais Alecton n'est pas un nom commun.
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Alemagne Mentionnée dans : III
L'Allemagne est au Ve siècle un groupe d'états entre le Rhin et l'Oder habités par les Germains η.

• Dans la galerie d'Adamas, se trouvent les portraits des rois de la grande Bretagne, d'Allemagne et d'Espagne (III, 3, 58 recto), après le portrait de l'Empereur Valentinien.

Ces portraits sont supprimés après l'édition de 1619 pour que la description montre uniquement des rois qui ont régné en Gaule.

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Alexia Mentionnée dans : III
Nom ancien d'Alésia. César « assiegea Alexie (qui est Aleize ville de Lauxois en Bourgogne) et contraignit Vercingetorix à se rendre », écrit Fauchet (f° 19 verso). Alexia, dit Montaigne, ville réduite au cannibalisme (I, p. 258). Alexie est le nom que Blaise de Vigenère préfère donner à la ville « du païs de l'Auxois » (Commentaires, 7e livre, p. 165), qui marque la défaite des Gaulois. Vigenère dessine un curieux « portraict » de la ville et le fait suivre par le dessin des fortifications de César (Annotations, pp. 337-340). Vercingétorix est le grand absent de L'Astrée.

• Le lieu où s'est déroulé « l'espouvantable siege d'Alexia » est indiqué sur une carte qui se trouve dans la demeure d'Adamas (III, 3, 59 recto).

Le site « Hérodote » décrit les controverses qui entourent encore la question de l'emplacement d'Alésia
(10 novembre 2018).

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Alexiens Mentionnés dans : III
Il s'agit sans doute des habitants d'Alexia (Alésia).

Gondebaud les nomme parmi les peuples qu'il gouverne (III, 8, 352 recto).
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Allier Mentionné dans : I
Rivière du Massif Central, affluent de la Loire. C'est un cours d'eau qu'Antoine d'Urfé chérit particulièrement (p. 7).

Artémis, sœur d'Alcé et mère de Phillis, habite sur les rives de ce cours d'eau (I, 2, 36 recto).
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Allobroges Mentionnés dans : I, II, III
Écrit aussi Alobroges. Peuple celte de la région qui est devenue la Savoie et qui a appartenu à la Bourgogne.

• Ils ont donné leur nom aux montagnes évoquées dans l'Histoire d'Alcippe (I, 2, 42 verso) et dans l'Histoire de Silvandre (I, 8, 226 verso et 229 verso).
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Allobroges Mentionnés dans : I, II, III
Ce peuple dont le nom signifie « ceux qui sont d'un autre pays » vit dans la vallée du Rhône depuis le IIIe siècle avant J.-C. selon Polybe (Kruta, p. 71). Ils occupent la Savoie et le Dauphiné et s'opposent à Rome, mais en 121 avant J.-C. ils sont annexés à la Provincia romaine (Kruta, p. 404). À l'époque gallo-romaine, leurs agglomérations centrales étaient Feurs et Roanne (Kruta, p. 813). Strabon leur attribue Lyon (Kruta, p. 814). « Leur puissance ne correspondait pas à l'étendue de leur territoire, car, même alliés aux Arvernes, ils furent soumis sans grandes difficultés. Leur capitale, Vienne, sur le Rhône, était peu centrale ; leur territoire, trop vaste, était destiné à se scinder en trois parts, Vienne et le Viennois, Genève et la Savoie (Sapaudia, sapinière) » (Lot, p. 53). « Ils ont été long temps du royaume de Bourgogne » (Guichenon, I, p. 11). Leurs descendants, les Savoyards, sont considérés comme « les portiers des Alpes ».

• L'Astrée donne le même nom au peuple et à son lieu de résidence, la région montagneuse qui se trouve dans le pays des Sébusiens.

• Un Mire a exercé sa science avec les Allobroges (II, 1, 45) ;

• C'est dans le pays des Allobroges que vit le père de Circène (II, 3, 171) ;

Céladon passe par cette région (II, 10, 633).

• Une carte de l'Allobrogie antique se trouve dans le site de Wikipédia (30 octobre 2020).
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Allobroges Mentionnés dans : I, II, III
Richelet définit ainsi Allobroge, nom commun : « Grossier, dont on fait peu de cas [... Il parle François comme un Allobroge. c'est mal parler François ». D'après le Larousse du XIXe siècle, cette acception remonterait à Cicéron et Juvénal.

• En revenant de la bataille des Champs Catalauniques, par égard pour Amasis, le père de Damon d'Aquitaine pousse Torrismond à passer par les Allobroges du Sud pour contourner le Forez (III, 6, 261 recto).

Arimant reçoit des nouvelles de Criséide grâce aux prisonniers qui passent par les Allobroges (III, 8, 342 verso).

• Les Allobroges font partie des peuples gouvernés par Gondebaud (III, 8, 352 recto).
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Alpes Mentionnées dans : I, II, III, IV
Chaîne de montagnes entre la France et l'Italie. Leur nom serait une déformation de alba, pour évoquer la blancheur des sommets enneigés (Kruta, p. 405). Alpes pourrait venir de Olbe et signifier montagne, ou encore de Alpho, sapin (Orsières, Notes, p.  95). « Il faut observer que le mot d'Alpes s'est dit de toute sorte de hautes montagnes. Ausone a dit, les Alpes des Pyrenées, les Alpes de l'Apennin » (Furetière, Article Cisalpin). D'après les mythologues, Hercule « rendit les Alpes libres et delivrés d'un grand nombre de bandouliers et de brigands qui assassinoient les passans » (Conti, p. 557).

Céladon traverse deux fois les Alpes (I, 4, 94 verso), et Hylas les nomme (I, 8, 243 recto).

Galathée compare un cœur indifférent à la froideur des Alpes (I, 11, 373 verso).
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Alpes Mentionnées dans : I, II, III, IV
Les Alpes sont le rempart ou le boulevard de l'Italie pour Cicéron (cité par Guichenon, I, p. 15). Les Alpes restent un lieu de passage dans la deuxième partie de L'Astrée.

• Les Boïens les traversent pour sortir de Gaule (II, 1, 35), Céladon aussi (II, 10, 630). Alaric quitte Rome et accepte de passer les Alpes (II, 11, 739).

• Les Alpes sont aussi une frontière : Le Tasse « a parlé de là les Alpes » (II, 3, 176).
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Alpes Mentionnées dans : I, II, III, IV
Tite-Live montre de manière très vivide ce que les Alpes pouvaient représenter du temps de Bellovèse :
« Là, devant lui, s'élevaient les Alpes ; et, ce dont je ne suis pas surpris, il les regardait sans doute comme des barrières insurmontables ; car, de mémoire d'homme, à moins qu'on ne veuille ajouter foi aux exploits fabuleux d'Hercule, nul pied humain ne les avait franchies. Arrêtés, et pour ainsi dire enfermés au milieu de ces hautes montagnes, les Gaulois cherchaient de tous côtés, à travers ces roches perdues dans les cieux, un passage par où s'élancer vers un autre univers » (Livre V, ch. XXXIV, 6-7).
Blaise de Vigenère dans ses Annotations aux Guerres des Gaules consacre plusieurs pages à la description et nomenclature « Des Alpes et des passages de France en Italie » (pp. 250-256).

• « Delà les Alpes » (III, 7, 281 recto et verso ; III, 7, 285 verso) signifie l'Italie.

• Dans la demeure d'Adamas, sur la voûte, des peintures montrent les Gaulois passant les Alpes à la suite de Bellovèse (III, 3, 58 verso).

Gondebaud traverse les Alpes et revient avec un groupe de prisonnières. Criséide en fait partie (III, 7, 275 recto).

La carte des Alpes se précise dans la troisième partie pour souligner l'étendue du territoire gouverné par Gondebaud (III, 8, 352 recto).

• Voir la chaîne des Alpes romaines dans ce site (11 février 2014).
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Alpes Mentionnées dans : I, II, III, IV
Bellimarte était « au delà des Alpes » dans les armées de Gondebaud (IV, 2, 243).

Ce personnage se nommait alors Bellimart (III, 8, 341 verso).

Gondebaud a fait des conquêtes « delà les Alpes » (IV, 4, 642).

Dorinde, fuyant Gondebaud, ne peut pas chercher refuge « delà les Alpes » (IV, 4, 865) parce que ce sont des alliés des Ostrogoths qui sont eux-mêmes les alliés des Bourguignons à cause de l'union avec Sigismond.
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Alpes Coties Mentionnées dans : II, III
Il s'agit des Alpes Cottiennes, une région montagneuse qui se trouve entre la France et l'Italie, et qui a pour capitale Suze (Guichenon, I, p. 16).
Maxime Gaume considère que la description minutieuse du voyage de Céladon signifie qu'Honoré d'Urfé s'est rendu en Italie avant de composer la deuxième partie de L'Astrée (p. 170). Le critique reconnaît pourtant que la description est terne, et que seule la forme exotique des noms de lieux présente un certain intérêt (p. 220).

• À trois reprises, Céladon, en décrivant son voyage, nomme les Monts « Coties » ou les Alpes « Coties » (II, 10, 633 ; II, 10, 635 ; II, 10, 636).
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Alpes Coties Mentionnées dans : II, III
Il s'agit des Alpes Cottiennes.
Un roi de Ligurie nommé Cottius, ami des Romains du temps d'Auguste, a donné son nom aux Alpes Cottiennes, et édifié la ville de Suze (Vigenère, Annotations, p. 251). Le roi Cottius gardait le Mont-Cenis pour le compte de Rome du temps d'Auguste (Ménabréa, p. 12). « C'est là, dit-on, qu'Annibal traversa les Alpes » (Larousse du XIXe, Article Alpes).
Lorsque Gondioc meurt, Gondebaud hérite de la rive gauche du Rhône, depuis Genève jusqu'à Arles et les pays des Alpes Cottiennes (A. Gascogne, p. 10). Jusqu'à la fin de l'antiquité cette région « comprend la vallée de la Doire-Ripaire, [...] mais aussi la vallée de l'Arc ou Maurienne, celle de la Durance jusqu'à Chorges inclus et quelques vallées intermédiaires » (Berchem, p. 197).

III, 8, 352 recto. Gondebaud domine sur les « Alpes Semproniennes, Jovïennes, Pennines, Coties, Sabatiennes, et Maritimes ».
3
Alpes Cottiennes Voir Alpes Coties.  
Alpes Joviennes Mentionnées dans : III
Dans les Alpes joviennes sur la route du col du Petit-Saint-Bernard se trouve un temple dédié à Jupiter.

III, 8, 352 recto. Gondebaud domine sur les « Alpes Semproniennes, Joviennes, Pennines, Coties, Sabatiennes, et Maritimes ».
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Alpes Maritimes Mentionnées dans : III
III, 8, 352 recto. Gondebaud domine sur les « Alpes Semproniennes, Jovïennes, Pennines, Coties, Sabatiennes, et Maritimes ».
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Alpes Pennines Mentionnées dans : III
Leur nom pourrait venir du dieu Penn (nom signifiant « hauteur de la montagne ») adoré par les Salasses (Orsières, p. 26). Ce dieu Pennin est Jupiter (Guichenon, I, p. 17). Jupiter est invoqué sous le nom de Poeninus, qui pourrait être un dieu local. Plusieurs lieux « dans la toponymie des Alpes y perpétuent le souvenir » de ce dieu (Berchem, p. 214). Par exemple, un temple de Jupiter Poeninus se trouve au sommet du col du Grand-Saint-Bernard.
Le Valais est « la province des Alpes Pennines, souvent réunies aux Alpes Grées sous l'autorité d'un même procurateur » (Berchem, p. 201).

III, 7, 283 verso. Criséide vient du pays des Salasses, au Sud des Alpes Pennines.

III, 8, 352 recto. Gondebaud domine sur les « Alpes Semproniennes, Jovïennes, Pennines, Coties, Sabatiennes, et Maritimes ».
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Alpes Sabatiennes Mentionnées dans : III
Selon Paradin, « Savoye que les antiques nommoyent Allobrogia, ou Allobroges, ha pris son nom des Alpes Sabatiennes par transposition de lettres » (p. 1, première phrase).

III, 8, 352 recto. Gondebaud domine sur les « Alpes Semproniennes, Jovïennes, Pennines, Coties, Sabatiennes, et Maritimes ».
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Alpes Semproniennes Mentionnées dans : III
Le « mont Sempronien, autrement dit le mont Scipion, et en vulgaire Simpelberg », explique Vigenère (Annotations, p. 252).

III, 8, 352 recto. Gondebaud domine sur les « Alpes Semproniennes, Jovïennes, Pennines, Coties, Sabatiennes, et Maritimes ».
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Altine Mentionnée dans : II
Il s'agit de la ville portuaire d'Altinum ou Altino. Ses habitants, attaqués par Attila, l'ont abandonnée en 452 pour se réfugier dans les îles (Bouvier-Ajam, p. 364).

• Fuyant Attila, les habitants d'Altine fondent Vorcelly (II, 12, 841).
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Amadriades Mentionnées dans : I
Mythologie. Divinités secondaires qui font partie de la classe des Nymphes souvent suivantes de grandes déesses. Les mythologues divisent les Nymphes selon leur lieu de résidence. Les Hamadryades sont les protectrices des arbres. Plutarque cite Pindare qui explique que la vie des nymphes se mesure à la vie des arbres, d'où le nom d'Hamadryades (11). Littré est plus précis : l'hamadryade « naissait et mourait avec l'arbre dont la garde lui était confiée », un chêne.

Naïades, Dryades et Hamadryades accompagnent la déesse Diane (I, 2, 30 recto).
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Amathonte Mentionnée dans : III
Mythologie. Écrit aussi Amatonte. « Ville de l'île de Chypre, ainsi nommée d'Amathus, un des fils d'Hercule, et célèbre surtout par le culte que ses habitants rendaient à Vénus [dans un] temple entouré de bosquets de myrtes et de rosiers » (Larousse du XIXe).
Ronsard écrit :
     « Amour, abandonnant les vergers de Cytheres,
     D'Amathonte et d'Eryce, en la France passa »
(Œuvres, éd. Blanchemain, I, Sonnets VII, p. 286

Amour est « dedans les vergers d'Amathonte et d'Eryce », chante Alexis dans un poème (III, 11, 464 recto).
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Ambarres Mentionnés dans : III
Le nom signifie « ceux qui habitent des deux côtés de l'Arar ». Client des Éduois, ce peuple vit sur un territoire qui correspond au département de l'Ain (La ville d'Ambérieu le rappelle). Les Ambarres sont parmi les peuples qui participèrent à la migration conduite par Bellovèse vers l'Italie (Kruta, p. 408).

• Les Ambarres sont soumis à Gondebaud (III, 8, 352 recto).
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Aminte, (L') Mentionné dans : I
Pastorale dramatique du Tasse, publiée en 1573 et traduite plusieurs fois en français au XVIe siècle. « Le livre favori de l'hôtel de Rambouillet » (Germa, p. 120).

• Honoré d'Urfé cite cette œuvre en italien dans la préface du roman, dans ses Epistres morales (I, 15, p. 137-138), et dans la préface de La Sylvanire (p. 8).
1
Amour Mentionné dans : I, II, III, IV
Mythologie. Amour est la divinité la plus souvent nommée dans le roman. Évidemment, il n'est pas toujours possible de distinguer les effets du sentiment des actions de la divinité. On trouve dans La Sylvanire une série de métaphores originales qui décrivent Amour (v. 1761-1815), ainsi qu'un commentaire sur la façon de peindre le dieu (v. 1863-1890).

• Appelé Cupidon et d'une grande jeunesse, Amour apparaît dans les deux séries de tableaux qui se trouvent chez Galathée à Isoure, dans une salle et dans un parc (I, 2, 27 verso ; 11, 369 verso, 371 verso).

• Amour peut avoir des yeux de lynx (I, 6, 171 recto), il peut aussi fermer les yeux des amants (I, 7, 205 recto) ou les changer (I, 12, 401 verso).

D'Urfé supprime après 1607 une référence aux yeux bandés de l'Amour (I, 9, 296 verso)

• Le druide Adamas en parle ainsi : « Ce petit Dieu, d'autant qu'il commande à toute chose, se mocque aussi de toute chose, si bien que quand il y a moins d'apparence qu'il doive faire un effect, c'est lors qu'il se plaist de faire connoistre sa puissance » (I, 10, 314 recto).

• Aimer est inévitable : « Toute personne est sujette à une certaine force, dont elle ne peut esviter l'attrait » (I, 3, 62 recto). Par ailleurs, « l'Amour qui n'aist de l'Amour est tousjours plus grande que celle dont elle procede » (I, 11, 371 verso).

• Le druide affirme aussi que « tout Amour est pour le desir de chose qui deffaut, le desir estant assouvy, n'est plus desir, n'y ayant plus de desir, il n'y a plus d'Amour » (I, 9, 273 verso). Filandre travesti dit la même chose à Diane, mais pour prôner l'amour entre femmes : « Puis qu'il n'y a rien qui diminuë tant l'ardeur du desir, que la jouissance de ce qu'on desire, et cela ne pouvant estre entre nous, vous serez jusques à mon cercueil tousjours aymée, et moy tousjours Amante » (I, 6, 180 recto). Céladon adapte cette réflexion en parlant à Tircis, pour redéfinir l'amour qu'on peut éprouver pour une morte : « L'Amour n'est autre chose que desir, la mort [...] vous doit par consequent oster tout le desir, et le desir mourant, il traisne l'Amour dans un même cercueil » (I, 12, 402 verso).

• La mort ne tue pas Amour, mais après la mort de l'aimé(e), « Amour pleure vaincu » (I, 1, 14 recto).

• Les pouvoirs et les effets d'Amour sont étendus : Amour, ce « flatteur » (I, 1, 1 verso), « rajeunit les vieux, et envieillit les jeunes », dit Adamas (I, 11, 369 recto). Il rend curieux, note Diane (I, 6, 164 recto).

• « Ce qui rend aimable est cela mesme qui rend honneste homme », affirme Silvie (I, 3, 49 recto). Dans ses Epistres, d'Urfé écrit : « Pour estre aymé, le vray amant se rendra vertueux », puis souligne « Pour estre honneste homme il faut estre amoureux » (II, 3, p. 236).

• Le corollaire illustre aussi l'optimisme idéaliste qui caractérise non seulement L'Astrée mais encore le romanesque au début du siècle : « Il est impossible d'aimer ce que l'on n'estime pas », déclare Diane (I, 6, 158 recto).

• Les difficultés renforcent Amour : il est « du naturel de la poudre, qui fait plus d'effort lors qu'elle est la plus serrée », note Céladon (I, 10, 329 recto). 

Amour, « le fondement de toutes nos affections, s'il n'est ferme et constant, c'est plustost une haine qu'une amour » (I, 1, 16 verso).
Remarque supprimée après 1607.

Les personnages raisonnent sur l'amour en se demandant qui sait aimer (I, 4, 108 verso à 109 verso ; I, 5, 142 verso ; I, 6, 176 verso ; I, 8, 238 verso, I, 8, 246 verso ; I, 10, 314 recto ; I, 12, 383 verso ; I, 12, 392 recto).

• Aimer est une science à acquérir. Equicola considère Amour lui-même comme « un tres bon precepteur et maistre » (Livre 5, f° 260 recto). Les poètes sont plus réticents : « Amour, en quelle escole ou de quel maistre s'apprend la longue et douteuse science d'aimer ? » demande un chœur de Bergers dans l'Aminte du Tasse (acte II, p. 55). Chez Montemayor, Amour est « une science à laquelle ne sert ni l'étude ni l'expérience » (La Diane, livre 1, p. 39). Plus optimiste, Honoré d'Urfé, comme Equicola, traite d'école l'art d'aimer dans L'Astrée (I, 6, 177 recto ; I, 8, 238 recto), et dans La Sylvanire (p. 22).

• Certains personnages sont novices (I, 7, 216 verso ; I, 8, 236 verso) ou ignorants (I, 8, 239 verso), d'autres écoliers (I, 3, 51 verso ; I, 4, 101 verso) ou apprentis (I, 2, 40 recto ; I, 8, 251 verso). Hylas se prétend « maistre passé » (I, 8, 237 recto), Silvandre aussi (I, 8, 239 verso).

• Les personnages comparent le dieu Amour à un « général d'armée » (I, 10, 310 verso) qui se paît de douleur (1607 seulement, I, 2, 36 recto) et se fait payer par des pleurs (I, 12, 386 verso), qui punit et qui se venge. Il blesse (I, 8, 244 verso). Avec de petites armes, il fait de grandes blessures (I, 3, 69 recto).

• Il peut être « meilleur medecin qu'Esculape » (I, 12, 385 verso).

• L'analyse la plus originale de l'amour est celle que propose Daphnis, les « secrets de l'escolle » : il faut habituer les femmes au langage de l'amour (I, 6, 176 recto et verso). Les conseils de la Daphné de l'Aminte (Le Tasse, I, 1 et II, 2) ont pu servir de modèle à d'Urfé, mais ils accordent moins d'importance au langage de l'amour.

Le point de vue de Montaigne est très différent : « Nous avons apris aux Dames de rougir oyant seulement nommer ce qu'elles ne craignent aucunement à faire »
(Essais, II, ch. 17, p. 295).

• L'analyse la plus savante est celle de Silvandre, c'est le mythe des aimants que Céladon explique à Silvie (I, 10, 321 verso et 322 recto) : Dieu distribue des aimants différents aux âmes des hommes et des femmes. Une fois sur terre, l'âme trouve (ou ne trouve pas) l'aimant qui doit l'attirer. M. Gaume montre ce que ce mythe doit à l'androgyne de Platon (p. 470-472). La fragilité de certains aimants cassables et l'inclusion d'âmes « larronnesses » ne peuvent pas ne pas faire sourire. D'Urfé parle beaucoup plus sérieusement des aimants dans ses Epistres morales (II, 4, p. 241).

• L'analyse la plus ambiguë est celle d'Adamas. La première intervention du druide, à la suite de l'Histoire de Stelle et Corilas, renferme cette recommandation : il faut se marier « non point par Amour, mais par raison » (I, 5, 156 recto).

Dame Raison déclarait
« Que qui c'onc a raison s'acorde
Jamais par amour n'amera
Ne fortune ne prisera »
(Le Roman de la Rose η,
v. 6880 sq.).
« Qui se marie par amour a de bonnes nuits et de mauvais jours »
(Proverbe cité par Richelet).

• Amour « blesse aussi bien dans les cours que dans nos bois » (I, 7, 212 verso). Dans les cœurs des Bergers, Amour suscite les « quatre pestes » qu'il éveille à la cour, l'envie, l'artifice, la médisance et l'ambition (I, 10, 321 recto), car le désir d'être aimé devient lui-même une ambition motrice.

• Amour a « vestu des hommes en femmes » (I, 12, 384 recto) et il a appris aux hommes à filer (I, 9, 300 verso), c'est-à-dire à se conduire comme des femmes, parce que Hercule, à la demande d'Omphale, s'est habillé en femme et s'est mis à filer.

• Amour punit les jaloux et les indifférents (I, 11, 365 verso), mais il ne s'entend pas toujours avec la Justice (I, 7, 218 verso ; I, 9, 283 recto).

• En revanche, Amour est lié à l'Espérance, sa mère, sa sœur (I, 3, 72 verso), et même sa nourrice (I, 10, 327 verso) : « De tous les maux d'Amour il n'en y a point de tel que celuy qui nie l'esperance » (I, 12, 402 recto). Amour « flatte tousjours ses malades d'esperance » (I, 9, 270 recto). Un poème de Ligdamon développe les relations de l'amour et de l'espérance (I, 3, 72 verso).

• Cependant, « Amour [...] croit facilement ce qu'il craint » (I, 11, 375 verso). Par ailleurs, il « despoüille incontinent de toute deffiance envers la personne aymée » (I, 7, 206 recto).

• La principale compagne d'Amour reste la déesse Fortune. Amour et Fortune, « quand ils commencent à descendre, tombent tout à fait » (I, 10, 312 recto). Tous deux « se mocquent de la prudence » (I, 2, 22 verso). Tous deux sont « Deitez aveugles » (Epistres morales, I, 2, p. 7). « Fortune a plusieurs rouës pour hausser et baisser, pour tourner et changer les choses humaines, la roüe d'Amour est celle dont elle se sert le plus souvent » (I, 12, 382 recto). Même remarque dans les Epistres : « La roue d'amour est celle dont [la déesse] se sert le plus souvent » (I, 12, p. 457-458). La Sylvanire offre une formule lapidaire qui se trouve dans la bouche de la déesse Fortune :
     « [...] la Fortune et l'Amour sont icy :
     Mais Amour fortuné
     Et Fortune amoureuse » (v. 216-218).

• Une gravure du XVe siècle représente Dame Fortune tournant une roue qui pourrait être celle d'Amour dans ce site (« On remedies for either kind of fortune, Petrarch. French translation from Paris, c. 1470, illuminated by Franciscus », 7 février 2020).
Voir dans ce site (10 avril 2013) les gravures de Jean Cousin pour Le Livre de Fortune (planches LXVII et LXIX η surtout) publiées par L. Lalanne.

• Quand Amour s'oppose à l'honneur, il l'emporte (I, 3, 52 verso).

• Amour « veut toujours triompher de l'amitié » (I, 5, 149 recto). Voir Amitié η.

D'Urfé supprime une périphrase péjorative :
Amour est « enfant de l'oysiveté »
(1607 seulement, I, 1, 1 verso).

D'Urfé supprime aussi une réflexion de la préface :
« Amour qui est, comme dit Platon, un ravissement qui esleve les esprits abaissez, et éveille les endormis ».
(Voir Variantes).

• Quand cette image revient (« esprits abaissez », I, 3, 65 verso), elle indique l'ignorance de Guyemant, chevalier qui ne connaît pas encore l'amour.
1
Amour Mentionné dans : I, II, III, IV
Dans la deuxième partie, Cupidon disparaît : il est remplacé par deux amours dépeints dans le tableau de la Réciproque amitié (II, 5, 279). Voir Amour et amitié η.

• La conception platonicienne η (telle qu'on la trouve par exemple dans Equicola, livre 2, ch. V) s'affirme :
Amour, « le premier, et le plus vieil de tous les Dieux » (II, 5, 320), « remplit l'univers, dispose et gouverne » (II, 2, 75). « Le plus grand et le plus sainct de tous les Dieux » (II, 2, 119) « est un si grand Dieu, qu'il ne peut rien desirer hors de soy-mesme : il est son propre centre : et n'a jamais dessein qui ne commence et finisse en luy » (II, 6, 415) (voir Rond η). « Ce sage Amour » (II, 10, 621), « le plus grand de tous les Dieux, et qui est la chose du monde la plus forte » (II, 9, 586) donne peines et contentements (II, 10, 619).

• Pourtant Amour est aussi « celuy qui n'est que deffaut », manque (II, 2, 84).

• Amour reste un enfant parce qu'il aime la jeunesse (II, 1, 42), et parce qu'il est susceptible (II, 6, 361).

• La métaphore de l'aveuglement perdure :
Amour est aveugle, il « vise aux yeux atteint au cœur » (II, 5, 320). Cependant « les yeux des Amants percent les murailles » (II, 6, 336). Céladon déclare plutôt : « Je n'ay des yeux que pour celle à qui je suis » (II, 8, 501).

• Amour sévit dans les hameaux et les cours (II, 6, 326), mais il est aveugle quand il permet qu'on aime au-dessus de son rang (II, 6, 348).

• Amour étant « un desir de Beauté », seuls l'œil, l'oreille et la raison, parce qu'ils peuvent discerner la beauté, doivent « avoir part en l'Amour » (II, 2, 119). À noter : exclusion du toucher.

• Il est encore question de novice et d'apprenti en amour, mais Silvandre déclare : « L'Amour estant un instinct de la nature, il n'a besoin d'apprentissage : et c'est pourquoy en quelque aage que nous soyons nous aymons tousjours quelque chose » (II, 11, 733).

• Les liens d'Amour avec Fortune et Espérance se font un peu plus rares que dans la première partie.
« Toutes mes fortunes [sont] entre les mains d'Amour », dit Céladon (II, 7, 485). Amour « nourri[t] d'esperance ceux qu'il ne peut contenter », dit Silvandre (II, 7, 478).

• Les rapports d'Amour avec Justice et Raison sont contestés par certains (II, 4, 231 ; II, 8, 554 ; II, 9, 584 ; II, 10, 621). Amour enlève la puissance que la raison a sur la volonté (II, 2, 67). Il enlève même volonté et entendement (II, 8, 502), volonté et jugement (II, 7, 447) (Voir Amour et justice η).

• Amour est souvent personnifié. On lui adresse harangue et poèmes (II, 2, 67 ; II, 7, 474 ; II, 7, 476). On lui attribue certains actes : le don d'un portrait (II, 5, 293), la composition d'une lettre (II, 5, 319) et l'adoption d'un déguisement pastoral (II, 6, 326). Prudent, Amour aide Léonide à trouver Céladon (II, 7, 442). Par pitié, Amour endort Silvandre (II, 6, 430) et pleure sur la tombe de Céladon (II, 8, 552).

• « Ruzé et cauteleux » (II, 1, 12), « fin et ruzé » (II, 4, 217), Amour fait « des miracles » (II, 6, 353) et transforme celui qui aime (II, 6, 332). « Il porte les esprits les plus abaissez à des temeritez incroyables, et d'autres fois fait trembler les courages plus relevez en des occasions que les moindres personnes ne redouteroient point » (II, 6, 335). Amour reconnaît l'intérieur des âmes (II, 3, 139). Il faut craindre sa puissance (II, 2, 68).

Les « esprit abaissez » ont été supprimés de la première préface, peut-être parce que l'expression s'appliquait alors aux bergers uniquement.

• Les débats sur l'amour portent sur l'effet positif ou négatif de l'absence (II, 1, 12) (Voir Amour et absence η), sur les effets dévastateurs de l'amour (II, 7, 445 ; II, 8, 500), sur l'amour qu'éprouveraient les morts (II, 5, 302) et sur la nature du bien qu'Amour donne (II, 9, 613).

• Amour se transforme en législateur dans les Douze Tables des loix d'Amour (II, 5, 283) (Voir Douze tables η). « Juge severe » (II, 2, 120), Amour donne des coups (II, 4, 226), châtie (II, 2, 119), se venge (II, 4, 244), et même emprunte la foudre de Taramis (II, 2, 68).

• Le châtiment qu'envoie Amour est de ne pas être aimé. L'inconstant Hylas, par conséquent, ne craint pas le dieu : « Il ne luy pouvoit faire pis, que luy faire perdre sa Maistresse, à quoy il sçavoit de tres-bons remedes » (II, 5, 305).

• Les chagrins d'Amour gagnent à être racontés (II, 8, 506).
2
Amour Mentionné dans : I, II, III, IV
La troisième partie introduit deux réflexions essentielles sur la principale divinité de L'Astrée :
- Amour est le Grand Tautatès (III, 10, 413 verso ; III, 11, 487 recto).
- La possession diminue l'amour (III, 4, 130 verso).

Aimer reste une science  : Il faut connaître les « mystères » (III, 2, 33 recto) et les effets (III, 9, 397 verso) d'Amour. Il faut « sçavoi(r) que c'est que d'aimer » (III, 3, 93 recto).

• Les propriétés du dieu Amour se diversifient surtout parce que l'Histoire d'Euric, Daphnide et Alcidon ouvre de nouvelles perspectives sur les relations amoureuses astréennes (livre 3 et 4).

• Fait notable aussi, le dieu renonce à sa place au livre 5, dans les discussions sur l'amour : Silvandre alors compare le sentiment qu'il éprouve au diamant incassable (III, 5, 179 recto), puis expose la théorie de la sympathie (III, 5, 201 verso). Adamas complète la leçon (III, 5, 203 recto).

Cupidon apparaît une seule fois : il dort dans un poème (III, 11, 464 recto).

• Au lieu d'être dépeint, le dieu Amour devient lui-même un habile peintre qui s'arroge des droits (III, 12, 519 recto).

• Amour enfant figure dans un ballet. Lors des Bacchanales, il conduit les vents (III, 2, 47 verso) pour se défendre contre Constance (III, 2, 49 recto). Lui-même est comme le vent (III, 2, 49 verso). Amour préfère la jeunesse et la beauté, chante alors Hylas. Cet Amour-là aime le changement.

• Enfant, Amour pleure facilement (III, 3, 96 verso ; III, 4, 166 recto). Il peut être « aveugle et enfant » (III, 3, 69 recto).

• Amour ferme les yeux de ceux qui aiment (III, 9, 380 recto). Mais, loin d'être aveugle, il aiguise parfois la vue pour permettre aux yeux de traverser les étoffes (III, 7, 273 verso). D'après Hylas, si Amour n'avait pas de bandeau, il aurait aimé l'inconnue qu'Hylas a séduite (III, 7, 274 verso), car le dieu peut être jaloux des faveurs que reçoit un Amant (III, 11, 474 recto).

• Le dieu Amour conserve ses propriétés antérieures :
il améliore (III, 1, 13 verso), rend coquet, rend éloquent (III, 3, 63 recto), rend téméraire (III, 3, 70 recto). Il brûle les âmes généreuses (III, 3, 87 verso). Amour est attiré par ce qui est interdit (III, 3, 65 verso) ou difficile (III, 4, 130 recto). Pour soutenir les audacieux (III, 3, 79 recto), Amour encourage l'audace (III, 11, 465 recto).

• Dès la première phrase de la troisième partie, le romancier rend Amour responsable des malheurs de ses personnages :
Le dieu Amour tourmente et même « se plaist à tourmenter » (III, 1, 1 recto). Il « paie mal » (III, 1, 2 recto). Plus loin, il égratigne et provoque des plaies incurables (III, 12, 513 recto). « Presque en mesme temps », il blesse et guérit (III, 3, 113 recto). Avec une grande variété d'armes (III, 7, 289 recto), il fait de profondes blessures (III, 10, 430 recto). Capable de violence (III, 5, 193 verso), il fait souffrir par ce qu'il donne aussi bien que par ce qu'il refuse (III, 10, 431 recto). Qualifié de « traistre et maudit » (III, 3, 118 recto), c'est un « petit broüillon » (III, 4, 153 recto), si cruel qu'il interdit la parole (III, 7, 288 recto). Il autorise les larcins (III, 12, 520 recto). C'est un enfant qui a de « vieilles malices » (III, 7, 289 recto).

• Amour se sert de fers (III, 4, 166 verso) ; flammes et traits peuvent être trop faibles (III, 9, 375 verso). Il envoie des soupirs (III, 9, 376 verso). Amour est comme une maladie : il doit augmenter ou disparaître (III, 3, 106 recto). Il est aussi comme le feu dont la brûlure guérit par une autre brûlure (III, 7, 272 recto).

• Il ne faut pas désespérer : « Amour dans la perte a mis la recompense » (III, 1, 7 recto). Il promet le bonheur (III, 3, 106 recto) et accorde des faveurs (III, 5, 215 verso). Il « fait trouver des contentemens extremes » dans de petites choses (III, 11, 463 verso).

• Amour suggère des feintes (III, 1, 4 recto) ou se couvre d'une feinte (III, 9, 388 verso). Il « abuse la jeunesse » (III, 3, 65 verso), mais lui donne des conseils (III, 7, 294 recto), voire des ordres (III, 8, 354 recto). Il imprime sa marque sur les jeunes (III, 12, 516 recto). Il a un violent effet sur les corps (III, 2, 46 recto).

• Amour a aussi de grands pouvoirs bénéfiques. Il assure l'harmonie de l'univers : « Les cieux s'aiment » (III, 1, 10 recto). Il règne partout (III, 6, 256 verso). Comme le soleil, il donne vie et lumière, il contrôle les saisons (III, 10, 414 verso). Il contrôle aussi la vie de l'âme (III, 10, 417 recto) sans ignorer les désirs du corps (III, 10, 417 verso).

• Amour est si puissant qu'on ne lui résiste qu'en fuyant (III, 6, 248 verso). Il guide les personnages amoureux (III, 12, 504 recto). Il transforme le chasseur en proie (III, 8, 354 verso).

• Il est plus fort que l'honneur, dit Damon, un chevalier (III, 6, 250 recto).

• Un « miracle d'Amour » pourrait transformer Alexis en berger quand elle vit dans une chambre de femme (III, 10, 426 verso). Amour inspire ou provoque « une avanture estrange », la vision d'Alcidon (III, 3, 100 recto).

• Parmi les « ordonnances » d'Amour, il y a le respect de la Dame (III, 3, 83 verso) et l'obéissance (III, 3, 95 recto). On rappelle les lois falsifiées par Hylas (III, 9, 382 recto).

• L'absence η est son ennemie (III, 3, 100 recto), alors que l'espérance η est une des faveurs qu'il donne (III, 10, 414 verso).

• Amour peut-être plus fort que le dépit (III, 12, 518 recto). Il est comparé à l'ambition (III, 4, 125 verso).

• S'il y a une « justice d'Amour » (III, 2, 36 verso), c'est que Amour est juste, mais ce n'est pas toujours le cas (III, 9, 406 verso). Amour agit soit en juge soit en témoin (III, 3, 88 verso). Les malheureux lui demandent de les venger (III, 4, 163 verso). Il peut effectivement se venger (III, 7, 275 verso).

• Que fera-t-il à Calidon ? cet imprudent éconduit se propose de fouler aux pieds le dieu Amour (III, 11, 485 verso).

• La mort enlève à Amour ce qu'il a de meilleur (III, 4, 166 recto) et elle change le mythe, son symbole, en cyprès (III, 4, 166 verso).

Cette image figure également dans des vers que le romancier a écrits après la mort de Christophe η d'Urfé.

• Amour est relié à Fortune (III, 2, 41 verso) pour résumer la vie de Silvandre et d'Hylas, bergers déguisés.

• Amour est rapproché de Mars dans la vie du roi Euric (III, 3, 69 recto, 105 verso) et dans son entourage (III, 3, 77 verso).

• La déesse Diane se prétend son ennemie (III, 3, 89 recto).

• Amour se cache derrière l'amitié (III, 4, 132 verso, Voir Amour et amitié) η. Cependant, il ne suit pas ses lois (III, 12, 514 verso) et il sépare les amis (III, 4, 132 verso). Le procès de la gageure ne provoque pas une opposition explicite de l'amour et de l'amitié (III, 9, 399 verso par exemple).

Equicola note « qu'Amour se peut dire mort fascheuse, pour estre son nom divisé en A, & more » (Livre 1, f° 6 recto). Étymologie mélancolique que d'Urfé n'exploite pas.
3
Amour Mentionné dans : I, II, III, IV
Si le nom de ce dieu est rare dans L'Astrée de 1624, ce n'est pas parce que l'amour a moins d'importance. C'est parce que l'auteur n'a pas encore orné ses phrases et sa pensée. Voir aussi Amour η.

• Dès la première fois qu'il est nommé, le dieu est confondu avec Tautatès (IV, 1, 35).

• Selon Astrée, Tautatès Amour dispose de deux châtiments : soit la haine des hommes et des femmes, soit la cruauté de bêtes farouches η (IV, 1, 36).

• Dans un poème, Silvandre rappelle que le dieu est assez adroit pour permettre à un même cœur d'animer l'amant et l'aimée (IV, 1, 104).

• Le dieu qui permet aussi de passer de l'espoir au désespoir figure les mouvements de la mer (IV, 1, 105).
Furetière rappelle que le flux peut être inégal : « Il n'y en a point du tout vers la Morée, quoy qu'il y en ait dans l'Euripe ; & les courants y sont si fort sensibles & changeants, qu'on fait accroire qu'Aristote s'y est jetté pour ne les pouvoir pas comprendre » (Article Flus).
L'Euripe est un bras de mer qui sépare la Grèce et l'île d'Eubée. Il avait des marées si irrégulières que les poètes ont fait de son nom une antonomase. « Son cœur changeoit comme l'Euripe, / Sept fois le jour », chante Desportes, en parlant de sa Diane (p. 71).
Pline nomme l'Euripe et Aristote au Livre II de son Histoire naturelle, « Relatif au Monde et aux éléments ». Il ne dit rien d'une supposée noyade du philosophe. D'après le Dictionnaire de Moréri, saint Justin et saint Grégoire de Nazianze auraient inventé cette fable (Article Aristote).

Phillis affirme que, parmi les privilèges du dieu Amour, figure la liberté de mentir impunément (IV, 1, 148).
Voir Serments η.

Phillis rappelle qu'Amour est en même temps aveugle et aveuglant (IV, 1, 153).
L'amour aveugle le jugement (Livre 2, f° 118 recto), écrit Equicola qui pourtant note plus haut une association étonnante : « Qui a peu de veue facilement devient amoureux » (Livre 1, f° 32 recto).

Phillis, infatigable, raisonne avec Silvandre. Pour lui demander des explications sur sa conduite, elle utilise des arguments imagés (IV, 2, 176) que le lecteur reconnaît :

Amour est un enfant susceptible
(I, 11, 375 verso ; II, 6, 361)
et facilement jaloux
(II, 3, 140 ; III, 11, 474 recto).

• Dans des vers, Mérindor s'adresse à Amour (IV, 2, 276 ; IV, 2, 277) pour condamner la conduite de son rival, Périandre.

• C'est insulter Amour que d'aimer en attendant une récompense, dit Alcandre dans des vers (IV, 3, 503). Son frère, Amilcar, est du même avis (IV, 3, 503).

• En décrivant les sentiments de Gondebaud pour elle, Dorinde évoque les « enchantements » d'Amour (IV, 4, 663). Sigismond, lui traite l'amour de maladie contagieuse (IV, 4, 699).

Sigismond reconnaît aussi qu'Amour est malin ; c'est une maladie, répète-t-il, qu'il faudrait guérir vite en l'arrachant (IV, 4, 701).
Cette fois, d'Urfé contredit Equicola : « Proprement il [Amour] ne se peut appeller maladie, veu que la maladie est une disposition contre nature » (Equicola, Livre 2, f° 127 recto).

• Dans un sonnet qu'il chante devant Clotilde, Mérindor s'adresse à Amour pour se plaindre de Dorinde (IV, 4, 709).

• Habillés en sauvages, Bellimarte, Mérindor et Périandre chantent qu'Amour les a vaincus (IV, 4, 711).
4
Anglois Mentionnés dans : II
Peuple d'origine germanique η qui s'empare de l'île de la Bretagne au Ve siècle. Ces Anglois sont appelés aussi Angles, Saxons ou Sesnes.

• Le règne des Anglais en Grande Bretagne commence quand les Bretons les appellent au secours contre les Pictes (II, 11, 761).

• Associés aux Pictes, les Anglais s'attaquent à l'Empire (II, 11, 738).

Ætius est accusé d'avoir, « par l'entremise des Anglois, ravy la Bretagne » (II, 12, 839).
2
Anteros Mentionné dans : I
Mythologie. Antéros, fils de Vénus et de Mars, demi-frère d'Éros (fils de Vénus et de Mercure), figure l'Amour Réciproque. « Je trouve, en certains autheurs, que les anciens appelloient Anteros, le Dieu contraire à amour : l'oppinion desquels j'estime totallement fausse, et sa signification est mutuelle, egalle & reciproque amour » (Equicola, Livre 2, f° 116 recto). L'apologue rapporté par Silvandre (II, 3, 155) se trouve dans Equicola à la suite de cette réflexion (Livre 2, f° 116 verso).

• Parce qu'il est représenté dans les tableaux qui racontent l'Histoire de Damon et de Fortune, le druide Adamas le décrit et le nomme deux fois : Antéros est plus grand que Cupidon parce que « l'Amour qui n'aist de l'Amour est tousjours plus grande que celle dont elle procede » (I, 11, 371 verso).

• On trouve dans ce site un vase grec représentant une femme qui pèse Éros et Antéros. « Red-figure kalyx krater. This Attic crater bears the representation of the so-called "Erotostasia", with a young woman weighing Eros and Anteros. It is the work of the "Erotostasia painter". Dated to ca. 330 B.C. Inv. no. 12544 » (30 septembre 2010).
1
Apollon Mentionné dans : I, II, III
Mythologie. Écrit aussi Appollon. Ce fils de Jupiter et de Léto est le frère jumeau de Diane. Dans Les Epistres morales, Apollon siège à Delphes (II, 7, p. 279).

• Dans le hameau de la Bergère Diane, on célèbre le même jour Apollon et sa sœur (I, 6, 160 verso). C'est alors que surviennent Filandre et sa sœur jumelle.

Apollon se cache derrière les périphrases d'un poème de Filandre en tant que vainqueur de monstre (le dieu a tué Python, un énorme serpent, Ovide, I, 438-451) et en tant qu'amant malheureux. Daphné, pour s'éloigner de lui, s'est métamorphosée en laurier, Ovide, I, 452-567).

Dans la version de 1607 seulement, Apollon est aussi le maître de l'oracle qu'entendent Tircis et Laonice (I, 7, 213 verso).

1
Apollon Mentionné dans : I, II, III
Mythologie. Écrit aussi Appollon.
Apollon est considéré comme le dieu de la médecine parce qu'il est le père d'Esculape. Doté par Jupiter du pouvoir de divination, Apollon fonde un temple à Delphes où une Pythie énonce des oracles et attire des foules qui font des dons considérables. Qualifié de brillant, Apollon est devenu tardivement le dieu du Soleil.

• Dans L'Astrée, ce dieu apparaît dans un contexte historique et dans un contexte théologique.

• Les Gaulois, du temps de Brennus, ont attaqué le temple d'Apollon à Delphes. Leur butin, l'or du temple η, ne leur a pas porté bonheur (II, 12, 890).

Apollon est l'homologue de Bélénus aux yeux de Céladon (II, 8, 511) comme aux yeux des Romains qui ont imposé les noms des divinités qu'ils ont superposées aux dieux gaulois (II, 8, 514).

Apollon-Bélénus est le dieu du soleil et de la médecine.
2
Apollon Mentionné dans : I, II, III
• Dans la demeure d'Adamas, les peintures de la voûte montrent les Gaulois de Brennus ravissant l'or du Temple η d'Apollon (III, 3, 59 recto).

Description ajoutée après l'édition de 1619.

• Apollon est le dieu qui a préféré la nymphe Daphné à une déesse. C'est Alcidon, amoureux d'une Daphnide, qui fait cette remarque (III, 3, 82 recto).

• Apollon est le dieu de la connaissance pour les Romains et pour Criséide (III, 8, 334 recto).
3
Appennin Mentionné dans : II
Écrit aussi Appenin. Les Apennins sont une chaîne de montagnes attachées aux Alpes, en Italie du Nord. Les Apennins du Sud ont deux volcans, l'Etna et le Vésuve.

Céladon passe par les Apennins du Sud pour voir les volcans (II, 10, 637). Voir Montagnes η.

Ursace se cache dans les Apennins après l'enlèvement d'Eudoxe (II, 12, 868), c'est là qu'il rencontre Céladon.
2
Aquilée Mentionnée dans : II
Il s'agit de la ville surnommée « Aquilée l'imprenable », au Nord de l'Italie. Alaric Ier, roi des Wisigoths l'attaque en vain, mais Attila, roi des Huns, réussit en 452 (Bouvier-Ajam, 360-364).
On trouve les informations suivantes dans le site de l'Unesco (30 septembre 2010) :
« Aquilée, dans la province du Frioul-Vénétie Julienne, fut l'une des villes les plus importantes et les plus riches du Haut-Empire avant d'être détruite par Attila au milieu du Ve siècle. La plupart de ses vestiges demeurent intacts sous les prairies environnantes, constituant ainsi la plus grande réserve archéologique de son espèce ».

Attila assiège Aquilée pendant trois mois puis la détruit (II, 12, 841).
2
Aquitaine Mentionnée dans : I, II, III, IV
Ce « pays des eaux » est l'une des quatre provinces de la Gaule Romaine. Les Wisigoths s'en emparent au Ve siècle et Alaric y règne. Nation « si fiere et si hautaine », selon J.-P. Camus (Evenemens singuliers, p. 272)

• Galathée rappelle ces événements en racontant l'histoire du Forez (I, 2, 31 recto).

• Une carte de la Gaule se trouve dans ce site (30 septembre 2010), et une autre dans Cartothèque.
1
Aquitaine Mentionnée dans : I, II, III, IV
L'Aquitaine, dans les Commentaires de Jules César, est séparée de la Gaule par la Garonne (I, 1). Du temps d'Auguste, elle va jusqu'à la Loire (Fauchet, 2° recto). Elle comprend l'Auvergne et le Forez.
En 418, l'Empire donne l'Aquitaine aux Wisigoths.
Les rois d'Aquitaine ont été : Alaric Ier (mort en 410), Ataulphe (assassiné en 415), Sigeric (416 ?), Walia (mort en 418), Théodoric Ier (Thierry dans L'Astrée), qui choisit Toulouse pour capitale, et meurt en 451, puis Théodoric II (Torrismond dans L'Astrée) qui meurt en 466, enfin Euric (Labouysse).
Jean Bouchet, dans Les Annales d'Aquitaine, en 1557, précise : « Tous les païs qui sont entre ceste riviere de Loyre, la mer de Bretaigne et Occeane, et les mons Pyrennées c'est Aquitaine » (f° 1 verso)

• Dans la première partie de L'Astrée, le Forez est d'abord envahi par César et ensuite gouverné par Alaric, roi des Wisigoths (I, 2, 31 recto).

• Dans la deuxième partie, Constance, époux de Placidie, donne l'Aquitaine aux Goths de Walia (II, 11, 746).

• L'Aquitaine est la patrie de Madonthe (II, 6, 328).

• Après la mort de Walia, les Goths s'étendent jusqu'en Espagne (II, 11, 750).

Thierry (Théodoric Ier), roi d'Aquitaine, meurt à la bataille des Champs Catalauniques (II, 12, 828).
2
Aquitaine Mentionnée dans : I, II, III, IV
• L'histoire de l'Aquitaine des Wisigoths se poursuit : Euric succède à ses frères nommés dans les volumes précédents (III, 3, 64 recto).

• Des non-Wisigoths vivent en Aquitaine (III, 6, 233 verso).

• Druides et vestales y cohabitent (III, 11, 463 verso).

• L'Aquitaine est la patrie de deux couples d'aristocrates qui se connaissent, et qui cherchent en Forez la solution de leurs problèmes : Daphnide et Alcidon et Madonthe et Damon (III, 3, 66 verso ; III, 12, 496 verso).

Damon a grandi dans la cour du Roi Torrismond (III, 6, 233 verso), Alcidon aussi, mais il a ensuite servi Thierry et Euric (III, 3, 62 verso).

Damon ne veut pas retourner en Aquitaine avant d'avoir retrouvé Madonthe (III, 6, 256 verso ; III, 11, 460 recto). Il traverse les forêts d'Aquitaine (III, 6, 257 verso) puis se rend dans les forêts des Gébennes.

Madonthe en revanche décide de rentrer en Aquitaine et de se retirer soit parmi les vestales soit parmi les druides (III, 11, 463 verso).

• En Forez, Damon et Madonthe se retrouvent et se réconcilient, mais ne retournent pas en Aquitaine (III, 12, 498 verso).

• Dans la demeure d'Adamas, une carte d'Aquitaine attire les regards de Daphnide, et sert d'introduction au récit des aventures de cette dame déguisée en bergère (III, 3, 59 verso).

La mention de cette carte est un ajout fait à l'édition de 1619.

Madonthe, souffrante, ne voit pas cette carte, et ne rencontre pas tout de suite ses compatriotes.

• Le Sud des Gaules est divisé entre les partisans et les ennemis d'Euric. Ce Roi veut étendre l'Aquitaine en s'emparant de villes de la Province des Romains. Le père et le beau-frère de Daphnide, dans des places fortes, résistent au Roi (III, 3, 66 verso).

Euric siège dans une ville d'Aquitaine anonyme quand il tombe amoureux de Clarinte (III, 4, 141 recto).
3
Aquitaine Mentionnée dans : I, II, III, IV
L'Aquitaine est la patrie de Madonthe. Le romancier ne précise pas qu'il s'agit du territoire des Wisigoths et que la Cour réside à Toulouse.

Diane pense que Silvandre a suivi Madonthe qui rentrait dans son pays (IV, 2, 177).

Diane croit les calomnies de Laonice. Silvandre a offert seulement de protéger la jeune femme en Forez ou de l'escorter « tant que le pays de Forests dureroit »
(III, 11, 478 recto).

Phillis considère que lois de l'hospitalité n'obligeaient pas le berger à aller jusqu'en Aquitaine (IV, 2, 181).
4
Aquitaniens Mentionnés dans : II, III
• Habitants de l'Aquitaine des Wisigoths (II, 6, 328).
2
Aquitaniens Mentionnés dans : II, III
• Le père de Madonthe, Armorant, est un capitaine aquitanien (III, 6, 234 recto).

Damon fait partie des principaux Aquitaniens (III, 6, 243 verso). Cela signifierait qu'il est Gaulois mais non Wisigoth (Voir Doncques η).

Dans l'entourage d'Euric, personne n'est dit Aquitanien.

3
Arar Mentionné dans : I, II, III, IV
Rivière qui descend des Alpes et se jette dans le Rhône.

• Elle est nommée dans l'Histoire d'Alcippe (I, 2, 42 verso) et dans celle d'Hylas (I, 8, 243 recto).
1
Arar Mentionné dans : I, II, III, IV
L'Arar est un le nom latin de la Saône, affluent du Rhône. D'après La Mure, la rivière devrait son nom moderne au sang des martyrs qui y a coulé (I, p. 173). Jules César écrit « La Saône est une rivière dont le cours, entre les terres des Héduens et celles des Séquanes et jusqu'au Rhône, est si paisible que l'œil ne peut en distinguer la direction » (I, 12). Chateaubriand le répète : « Rivière dont la fuite est si lente que l'on ne saurait dire de quel côté coulent ses flots » (cité par Champdor, p. 7).

• L'Arar, qualifié de « paisible » (II, 4, 208), figure dans les histoires d'Hylas (II, 3, 169, 171, 181 ; II, 4, 209).

• On peut voir une gravure représentant la jonction du Rhône et de la Saône dans ce site (30 septembre 2010).
Une carte de Lyon en 1696 se trouve dans ce site (30 septembre 2010).
2
Arar Mentionné dans : I, II, III, IV
Encore associé à Hylas, l'Arar est la synecdoque de Lyon.

Hylas célèbre les Bacchanales sur les rives de l'Arar (III, 2, 47 verso). C'est là qu'il tombe amoureux des dames lyonnaises (III, 5, 182 recto). C'est près du Pont de l'Arar qu'il voit pour la première fois Criséide, prisonnière de Gondebaud (III, 7, 272 verso).

• Au confluent de l'Arar et du Rhône, se trouve un lieu agréable, l'île de l'Athénée, où les prisonnières de Gondebaud vont se promener. « Averti secrètement », Hylas les retrouve (III, 7, 282 recto). Il escorte les prisonnières, mais les quitte quand elles traversent le fleuve en bateau (III, 7, 331 verso) pour aller dans les jardins de l'île (III, 8, 338 recto).

Bellaris, pour retrouver Criséide, se poste près de l'Arar (III, 8, 337 verso).

Criséide peut s'enfuir parce que ses fenêtres donnent sur l'Arar où l'attend un bateau (III, 8, 344 recto). Sa fuite est difficile parce qu'une chaîne traverse le fleuve (III, 8, 364 recto), et parce que l'Arar rejoint le Rhône, fort impétueux (III, 8, 345 recto).

Gaudisèle est le premier roi des Bourguignons qui soit venu sur les rives de l'Arar. Son portrait se trouve sur la voûte, dans la demeure d'Adamas (III, 3, 59 verso).

Renseignement ajouté après l'édition de 1619.

3
Arar Mentionné dans : I, II, III, IV
Dans le manuscrit de La Savoisiade η, d'Urfé donne à ce fleuve son nom moderne, Saone (Mélanges, f° 81 verso).

Florice, Circène et Palinice sont désignées par leur lieu d'origine (IV, 1, 52), Lyon, ville arrosée par l'Arar.

• L'Arar représente la civilisation urbaine (IV, 1, 55).
• Arar et Lignon s'opposent (IV, 1, 74).

Dorinde rappelle qu'Hylas a quitté les rives de l'Arar (IV, 2, 241).

Le jeune homme a raconté plus haut ce départ abrupt (III, 8, 333 recto).

Mérindor est originaire des rives de l'Arar (IV, 2, 243).

Périandre menace de se jeter dans le fleuve si on lui refuse Dorinde (IV, 2, 266).

Lignon et Arar représentent des lieux où Hylas se conduit de la même manière (IV, 3, 393).

• Les jardins de l'Athénée se trouvent au confluent de l'Arar et du Rhône (IV, 4, 649).
4
Arause Mentionnée dans : III
Il s'agit d'Arausio, nom antique de la ville d'Orange (Vaucluse).

• Ville de la Province des Romains que le roi Euric saccage (III, 3, 66 verso).

• Voir le site d'Orange et l'article de Wikipédia (13 juillet 2012).
3
Arcadie Mentionnée dans : I
Région montagneuse au Nord de la Grèce. Au livre 8 de la Description de la Grèce, Pausanias décrit l'Arcadie comme une plaine entourée de montagnes, et située loin de la mer. La région est assez difficile d'accès pour servir de refuge contre les envahisseurs. Elle a connu tant de guerres que ses habitants sont considérés comme d'excellents mercenaires.

L'article Arcadie de l'Encyclopédie distingue clairement deux types d'Arcadiens et surtout souligne ce que la France du XVIIIe siècle a retenu de ce pays mythique : « Deux peuples d'Arcadie de mœurs totalement différentes, parce que l'un cultivoit la musique, & que l'autre la négligeoit ».

L'Arcadie mythique a inspiré une Arcadie italienne (Sannazar, 1504), une Arcadie anglaise (Sidney, 1590) et une Arcadie espagnole (Lope de Vega, 1598). D'Urfé ne veut pas placer son roman dans une série, même si elle est prestigieuse !

L'Arcadie n'a pas que des admirateurs. C.-G. Dubois cite ce texte de Taillepied : « Plus heureux beaucoup estoient les Gaulois que les Arcadiens, qui vivoient sans loy et sans legislateurs, comme faisoient les Canariens (ainsi qu'escrit Americ Vespuce en ses navigations) qui n'avoient ne foy, ne Roy, ny loy, ni sacrifices » (p. 99). Comme le note Emmanuel Bury, à cause de la « plasticité du mythe », l'Arcadie « est grosse de tous les tons de la littérature » (p. 222).

• « Le paisible habit de Bergers » (I, 2, 32 verso) qui caractérise les héros de L'Astrée ne serait pas de mise dans la vraie Arcadie, mais plutôt dans l'Arcadie poétique de Sannazar et de ses confrères - quoi qu'en dise Honoré d'Urfé.

Le romancier mentionne l'Arcadie uniquement dans sa préface, et dans une phrase négative.
Tout en préférant un Forez réel à une Arcadie mythique, d'Urfé conserve au pays de L'Astrée l'une des principales composantes de l'Arcadie littéraire, c'est « le lieu d'une purification »
(Françoise Lavocat, p. 310).

• On trouve dans ce site le tableau de Poussin intitulé Et in Arcadia Ego. 30 septembre 2010).
1
Archilla Mentionnée dans : II
Où se trouve cette ville gauloise ? S'agirait-il d'Arles, ville que Wisigoths et Romains se sont souvent disputée ? Pourquoi s'appelle-t-elle Archilla alors que son nom antique était Arelate (Voir ce site, 30 octobre 2014) ? Fauchet répond à ces questions. Il explique qu'Ætius a chassé les Goths « de la ville d'Arles, que tous les livres de Prosper imprimez appellent Archilles » (f° 86 recto). Prosper est un historien qui a vécu autour de 428. Il s'agit de Prosper d'Aquitaine (Prosper Tyro), auteur d'une Chronique de la Gaule (Voir ce site, 30 septembre 2010).
Qu'Honoré d'Urfé ait lu Prosper ou qu'il s'inspire - plus vraisemblablement - de Fauchet η, il n'en reste pas moins qu'il choisit un nom fort obscur pour désigner cette ville qui s'appelle tout bonnement Arles dans la première partie (I, 8, 243 recto) et dans la troisième (III, 2, 38 verso) !

Thierry, roi des Wisigoths, assiège Archilla, Ætius l'en chasse (II, 11, 759).
2
Ardennes Mentionnées dans : III
La plus vaste forêt des Gaules selon César (VI, 29). « Au temps de César, elle s'étendait des bords du Rhin jusqu'au pays des Nerviens [peuples belges] » (Larousse du XIXe siècle). Elle a donné son nom au département.

Damon nomme les Ardennes en parlant des nombreuses forêts qu'il veut parcourir (III, 6, 257 verso).
3
Argent Mentionné dans : I, III
Affluent de l'Aix. Cette petite rivière doit son nom à son lit calcaire (Voir Gaume, p. 181). Merci à Laurent Barnachon.

Galathée la nomme en rapportant l'histoire du Forez (I, 2, 32 verso).
1
Argent Mentionné dans : I, III
Daphnide a entendu parler de la « douce vie » des bergers qui vivent sur ses rives (III, 4, 159 recto).
3
Argental Mentionné dans : I
Hameau forézien. Canton de Bourg-Argental aujourd'hui. Église dont le superbe portail est décrit en détail par FI dans ce site (10 mai 2015).

• Squilindre, le Berger capable de copier l'écriture d'Astrée (I, 4, 112 verso), en vient.

Le nom même du hameau suggère la vénalité du personnage !

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Argus Mentionné dans : I, II
Mythologie. Doué de cent yeux, ne dormant donc jamais tout à fait, Argus est un gardien vigilant. Furetière écrit dans son Dictionnaire que le nom d'Argus est entré dans la langue « pour signifier un homme prudent et clairvoyant » (Article Argus).

• Dans un poème inattendu sur le tombeau d'un mari jaloux (I, 11, 365 verso), Céladon nomme Argus.

Rien ne justifie l'insertion de ce poème ou l'évocation de la jalousie conjugale : les personnages parlent alors de la douleur de Silvie après le décès de Ligdamon.

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Argus Mentionné dans : I, II
Mythologie. Argus est la vigilance pour d'Urfé : « Les cent yeux d'Argus ne peuvent resister » à Fortune dans Les Epistres (I, 15, p. 133).

Damon d'Aquitaine, se plaint dans un poème d'un « fascheux Argus » (II, 6, 342), le tuteur de Madonthe.

Céladon, devant Astrée endormie, aurait voulu être « comme un nouvel Argus » (II, 8, 522).
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Ariane Voir Adriane.  
Arles Mentionnée dans : I, III
Ville sur le Rhône. Le Larousse du XIXe siècle signale non seulement qu'« une ville gauloise aurait précédé la cité romaine sur le même emplacement », mais encore qu'un certain « Trou aux fées » en témoigne.

• Hylas décrit Arles avec admiration (I, 8, 243 recto). Une jeune fille qu'il rencontre sur le bateau, Floriante, y a séjourné (I, 8, 255 recto).

• La ville porte un nom antique et rare dans la deuxième partie, Archilla (II, 11, 759).
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Arles Mentionnée dans : I, III
Au Ve siècle, les Wisigoths ont effectivement occupé Arles, et les Bourguignons ont pris à Euric les villes d'Arles et de Marseille autour de 470 (Plancher, I, p. 30). Euric s'empare de nouveau d'Arles et y meurt en 484 (Chastagnol, p. 37).
À la fin du XVIe siècle, la ville d'Arles a résisté aux troupes d'Henri IV pendant trois ans.

• Devant Daphnide, originaire d'Arles, Silvandre affirme qu'il pourrait raconter « la prise qu'il [Euric] fist de la ville des Massiliens, et de celle d'Arles » (III, 2, 41 recto).

• Arles se rend à Euric, mais en conservant ses privilèges (III, 3, 103 recto) de ville « puissante » (III, 3, 108 verso).

Hylas rappelle qu'il a trouvé dans la ville d'Arles des Italiennes qui n'étaient pas sauvages (III, 7, 281 verso).
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Armoricains Mentionnés dans : II
« L'ensemble des peuples situés le long de l'Océan, et que les Gaulois ont l'habitude d'appeler Armoricains », écrit Jules César (VII, 75).

• Les armées d'Attila et d'Ætius comprennent entre autres peuples des Armoricains (II, 12, 825).
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Armorique Mentionnée dans : II, III
Voir aussi Gaule Armorique.
Cette région dont le nom signifie « Pays sur la mer » (Kruta, p. 427) fait partie de la Gaule belge pour Jules César. Fauchet explique que les Bretons d'Angleterre s'y installeront et lui donneront le nom de petite Bretagne après 460 (f° 104 verso). Il précise ailleurs : « Pour le regard de l'Armorique (encores que les vieils Gaulois comprinssent sous ce mot les villes maritimes assises sur l'Ocean, je n'entens parler que du païs aujourd'huy nommé Bretagne) » (Fauchet, p. 12).

• Dans L'Astrée, Dis Samothes est arrivé en Gaule par « l'Océan Armorique » (II, 8, 508). Le druidisme est donc originaire de Bretagne (Gaume, p. 111).

Ætius est accusé d'avoir encouragé les Bretons à s'emparer de l'Armorique (II, 12, 839).

• Les habitants de la région de Padoue et de Venise viennent de la « Gaule Armorique » (II, 12, 841). Les deux peuples portent effectivement le même nom, Vénètes.

• Voir une carte de l'Armorique celtique dans ce site (10 avril 2013).
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Armorique Mentionnée dans : II, III
La Gaule Armorique a un halo particulier puisque l'arche de Noé y serait arrivée, d'après Annius de Viterbe η qui assimile Noé à Janus et fait de lui le grand-père de Dis Samothes (Dubois, pp. 26-27).
Honoré d'Urfé achète l'Histoire de Bretaigne de Bertrand d'Argentré en 1622 (Ducimetière, p. 761).

• L'Océan Armorique est le berceau de « la vraye et pure religion » (III, 9, 373 recto), répète le romancier (II, 8, 508).
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Asie Mentionnée dans : I, II, III
Pays désertique et surpeuplé (I, 3, 63 verso).
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Asie Mentionnée dans : I, II, III
Fauchet souligne la grande fertilité de l'Asie et le rôle qu'y ont joué les Gaulois (f° 12 verso). L'Asie est plutôt un pays de légende chez Furetière : les amazones en auraient conquis une partie (Article Amazone), et « Faire des chasteaux en Asie » serait la forme ancienne de faire des châteaux en Espagne (Article Chasteau).

Placidie nomme l'Asie avec l'Europe et l'Afrique pour désigner le monde entier (II, 11, 743).

D'Urfé surveille la vraisemblance historico-géographique et ne nomme pas l'Amérique.

• Les jardins de l'Empereur d'Orient se trouvent de l'autre côté du Bosphore, en Asie (II, 12, 785).

Priam était un prince d'Asie (II, 12, 872).
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Asie Mentionnée dans : I, II, III
Le druide Adamas réunit dans sa galerie les plus beaux objets produits par l'Europe, l'Asie et l'Afrique (III, 3, 58 verso).

Renseignement ajouté à l'édition de 1619.

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Astree Mentionnée dans : I, II, III
Mythologie η. Virgile, dans ses Bucoliques, présente une Vierge qui prédit l'âge d'or (IV, 5). Ovide raconte dans ses Métamorphoses (I, 150) que la déesse Astrée a quitté la terre au début de l'Âge de fer η. Voir Pleins feux.

• La déesse apparaît à travers une catachrèse de la Dédicace : « Astrée » est alors à la fois le roman, son héroïne et la divinité que la paix ramène sur terre η.

Ce mythe joue un rôle essentiel dans L'Astrée (Henein, p. 56-59), mais pas dans la première partie.

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Astree Mentionnée dans : I, II, III
Dix fois nommée dans la deuxième partie, la déesse Astrée n'est pourtant pas annexée à l'Olympe gaulois que décrit Adamas. D'Urfé rejette donc l'exemple donné par Le Fèvre de la Boderie en 1582 :
      « Et bien estoit Astree en gloire singuliere,
      Qui mesme estoit en Gaule aux femmes familiere »
(Cercle III, vers 307-308).

Comme Ronsard plutôt, pour diviniser la femme aimée, le romancier s'appuie sur l'étymologie plus que sur la mythologie. Céladon appelle Astrée « Mon Astre » (I, 1, 12 verso) et « Mon bel Astre » (II, 10, 631). D'Urfé a sans doute lu le premier poème des Sonnets et madrigals pour Astrée (Éd. Blanchemain, I) :
       « Ronsard, voulant aux astres s'elever,
       Fut foudroyé par une belle Astrée » (p. 265).
Le poète, s'adressant alors à Françoise d'Estrées, ose même rapprocher Françoise de « framboise » (p. 267) !

• La déesse Astrée de la deuxième partie est la glorification en quatre étapes de l'Astrée humaine. Dans un premier temps, elle possède les traits et accessoires d'une divinité pastorale, dans un deuxième temps elle est la déesse de la Justice.

1. Céladon adore Astrée dans un bois (II, 5, 276) et lui adresse une prière écrite où il l'appelle déesse (II, 5, 304). Bergers et Bergères qui lisent ce texte comprennent qu'il s'agit de leur compagne et non d'une divinité (II, 5, 305).

2. Adamas suggère à Céladon de construire un temple à son Astrée, « ce que nostre Dieu ne trouvera point plus mauvais que les Temples dediez par ces estrangers à la Deesse Fortune, à la Deesse Maladie ou à la Deesse Crainte » (II, 8, 507).

La déesse Astrée se trouve ainsi rapprochée de fausses divinités qui, comme par hasard,
sont néfastes ou dangereuses.

3. Le statut de la déesse Astrée change quand il s'agit d'une peinture exposée dans un temple. Le portrait de la Bergère, agrandi par les soins du druide, et doté d'accessoires pastoraux, trône sur un autel (II, 8, 518) décoré de poèmes d'amour (II, 8, 520) (Voir Henein, pp. 122-125). Ce dessin ressemble à une statue ou à un portrait en pied dans la gravure qui le représente.
Les Bergers entrent avec respect dans le temple, mais reconnaissent simplement une image de leur compagne (II, 5, 291). Celui qui l'appelle déesse pratique l'hyperbole, pensent-ils. C'est un vacie qui, en décrivant le temple à Adamas, nomme la déesse Astrée avec vénération (II, 11, 675).

4. Paris, en plaisantant, signale que la bergère Astrée porte le nom de la déesse de la Justice (II, 7, 469).
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Astree Mentionnée dans : I, II, III
Dans les Lois de Platon comme dans l'« Hymne de la Justice » de Ronsard (V, p. 108) ou même dans les « peintures esclatantes » de L'Astrée (I, 2, 26 verso), la déesse Astrée n'est pas nommée, car la Justice relève de Jupiter. Plus encore, Ronsard appelle la Justice Erigone dans ses Sonnets et Madrigals (I, p. 266).
Chez les deux principaux chantres de la déesse, Virgile et Ovide, Astrée est liée à la paix plus qu'à la justice. Mais, une fois de plus, Ovide η contredit sciemment son glorieux aîné.

Dans la quatrième Bucolique, Virgile évoque une renaissance. Quand la vierge Astrée revient sur la terre, le règne de Saturne commence (IV, 1, p. 53). Dans la deuxième Géorgique, quand il fait l'éloge du bonheur des paysans, Virgile affirme : « C'est chez eux qu'en quittant les terres la Justice laissa la trace de ses derniers pas » (p. 129).

Tout au début des Métamorphoses, en décrivant les quatre âges de l'humanité, Ovide, après l'âge d'or de Saturne, l'âge d'argent de Jupiter, et l'âge de bronze (sans crime et sans divinité tutélaire), présente l'âge du plus terrible des métaux, le fer : « Tous les crimes se répandirent avec lui sur la terre [...] La piété languit, méprisée ; et Astrée quitte enfin cette terre souillée de sang, et que les dieux ont déjà abandonnée » (I, 127-161).

Dans La Triomphante entrée (1583), Astrée, appelée par l'éloge de Just de Tournon η, est au confluent des vertus η. Elle est fille de la Justice et mère de la Paix η. Elle est aussi associée aux lois puisqu'elle accompagne sa mère, « la dame Thémis [qui] règne dans les citez privées d'ennemis » (p. 49). En même temps, la Paix, « fille d'Astrée, / Pour les Humains descend de sa maison astrée » (p. 49). Le qualificatif signifie « Où il y a des astres » (Huguet), étoilé.

Nommée vingt-et-une fois dans la troisième partie, la déesse Astrée s'impose.

• Elle devient gauloise dès l'Épître à Louis XIII (III, Dédicace). Astrée est alors reliée aux lois pour introduire l'éloge d'un Roi dont le nom contient le mot lois.

• Le Temple d'Astrée (son architecte, sa décoration centrale, le gui qui pousse sur le chêne voisin) entraîne toutes les mentions de la déesse.

• Le nom de la déesse est inscrit à l'entrée du temple (III, 9, 377 verso).

• En priant dans ce temple, le druide Adamas attend d'Astrée « toute sorte de benedictions » (III, 9, 372 recto).

• Le Temple d'Astrée est un lieu de rencontre :
Paris voit devant ce temple un homme armé (III, 1, 14 verso). Il s'agit de Damon (III, 6, 218 recto).

• Le premier gui de l'année a poussé sur le chêne même où Céladon a bâti le temple d'Astrée. C'est un signe de bon augure, dit Adamas (III, 5, 186 recto).

• Comme le sacrifice - la cérémonie d'action de grâce pour le gui - doit se faire à l'intérieur du Temple d'Astrée (III, 8, 333 recto ; III, 9, 368 verso ; III, 9, 370 verso ; III, 9, 371 verso), certains des nombreux assistants demeurent à l'extérieur. Ils sont dans le Temple de l'Amitié qui renferme le Temple d'Astrée.

• C'est dans ce temple que Lérindas a laissé la troupe des hôtes d'Adamas (III, 11, 451 recto).

• C'est aussi dans ce temple qu'Adamas explique la religion du Forez à Daphnide et Alcidon qui s'étonnent d'une liturgie qu'ils ignoraient (III, 9, 372 verso).

• Pendant ce temps, Alexis explique que le temple d'Astrée a été dressé par des Pans et Égipans pour la bergère Astrée (III, 9, 374 recto).

L'interprétation poétique et païenne suit de près l'interprétation didactique religieuse.

• La bergère Astrée est spécifiquement rapprochée de la déesse de la Justice dans deux épisodes.
- En visitant le temple, Astrée dit à Alexis qu'elle s'étonne que ce temple renferme une image de bergère (III, 5, 173 recto).
Alexis réplique en présentant deux raisons pour habiller la Justice en bergère : soit pour montrer que la justice soutient même les plus faibles, soit pour montrer que la justice apporte paix et abondance (III, 5, 173 verso).
Alexis conclut que la déesse Astrée doit se réjouir d'avoir les traits de la bergère Astrée (III, 5, 173 verso).
Silvandre relève, lors du jugement de la gageure, que ce simulacre de procès se déroule devant le Temple d'Astrée, déesse de la Justice, et que son juge, Diane, est « l'amie d'une autre Astrée » (III, 9, 395 verso).

Nomen est omen ? Est-ce que le nom est augure ? Si Astrée devient juste, elle rappellera Céladon chassé injustement. Mais Astrée devra aussi pardonner le travestissement d'Alexis. Il faudra donc que la bergère se montre clémente, qu'elle mérite le nom d'une déesse de la Justice miséricordieuse, pour que le dénouement de L'Astrée soit heureux (Henein, p. 58).

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Athenée Mentionnée dans : II, III, IV
Au Ve siècle, à Lyon, un autel dédié à l'empereur Auguste portait ce nom qui était en Grèce le nom d'un lieu de rencontre pour les intellectuels. Le Fèvre de la Boderie le décrit ainsi :
     « Jadis pour son autel Lion estoit fameuse
     De faconds Orateurs, et Philosophes vieux
     Qui sçavoient les secrets de Nature et des Cieux,
     Se venoient assemble, pour d'une joute humaine
     De l'Eloquence Grecque, et faconde Romaine
     Prodiguer les tresors, et d'un haut cœur espris
     De gloire, r'emporter la victoire et le prix »
(La Galliade, Cercle III, vers 1641 sq.)

Hylas rapporte que les Lyonnais célèbrent la cueillette du gui rassemblés dans l'Athénée. C'est là que se déroulent « sacrifice » et « réjouissances » (II, 4, 261).

• Les orateurs qui discourent devant l'Athénée, s'ils sont vaincus, doivent effacer leur harangue avec la langue ou être plongés dans le Rhône (II, 9, 606).

• D'Urfé a pu penser aux vestiges archéologiques qui se trouvaient à Lyon. Voir par exemple le théâtre antique de Fourvière dans ce site (2 mars 2015).
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Athenée Mentionnée dans : II, III, IV
L'Athénée est ici une île, au confluent du Rhône et de l'Arar, dans laquelle se trouve le jardin où se promènent Criséide et les autres prisonnières de Gondebaud (III, 7, 282 recto).
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Athenée Mentionnée dans : II, III, IV
Maxime Gaume note qu'Honoré d'Urfé s'intéresse aux jardins du Roi à Lyon plus qu'à son palais. Il affirme : « leur situation est [...] exacte, seule leur description est imaginaire » (p. 218).

• Curieusement, c'est dans une place, devant l'Athénée, que Mérindor confie ses secrets à Euphrosias (IV, 2, 257).

• Les jardins de l'Athénée se trouvent au confluent de l'Arar et du Rhône (IV, 4, 649). La plus longue description de ces jardins survient lorsque, durant les Bacchanales, Dorinde se promène dans ce lieu (IV, 4, 649). Elle y rencontre ses trois amants, et en gagne un quatrième (IV, 4, 650).

Criséide y avait rencontré Hylas
(III, 7, 282 recto).

Gondebaud cueille une fleur pour Dorinde dans les jardins de l'Athénée (IV, 4, 663).

Sigismond y déclare à Dorinde son amour (IV, 4, 771).
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Augustes-Salasses Mentionnés dans : III
Voir Salasses. Les Augustes-Salasses sont probablement les Salasses qui se sont soumis à Auguste en 25 avant Jésus-Christ.

• L'un des peuples qui est sous la domination de Gondebaud (III, 8, 352 recto).

Ce nom n'a pas eu de chance !
Hugues Vaganay met une virgule entre Augustes et Salasses
(III, 8, p. 451).
Maxime Gaume écrit Salastres au lieu de Salasses (p. 227 et 737).

3
Aurore Mentionnée dans : II, III
Mythologie. La tradition poétique montre Aurore sortant du lit de son amant. Avec des doigts de rose, elle ouvre les portes du ciel et annonce le Soleil. Dans Le Sireine, Aurore ouvre les portes du jour (p. 97).

Thamire compare la très jeune Célidée à la déesse (II, 1, 37).
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Aurore Mentionnée dans : II, III
Honoré d'Urfé associe la déesse avec des jeunes filles qui sont encore au lit.

• Deux des trois évocations de la déesse sont le fait du romancier qui décrit Céladon et Astrée à l'aube.
Céladon appelle Aurore pour qu'elle ouvre les portes du Ciel (III, 1, 3 recto).
- Aurore a si bien endormi Astrée et ses compagnes qu'elles n'entendent pas le sonnet que prononce Alexis en contemplant Astrée (III, 11, 464 verso).

• La troisième mention d'Aurore est dans un sonnet d'Alcidon. Amoureux de Clarinte, il lui a envoyé deux poèmes qui évoquent le bouquet de fleurs accroché près de son lit. Les vers que la jeune femme montre à Amintor étaient sous le chevet.
Aurore, écrit Alcidon, prend ses couleurs de fleurs cueillies par Amour. Elle ouvre le jour et les portes du Ciel (III, 4, 146 recto).
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Austrasie Mentionnée dans : III
Nom donné aux provinces du Nord-est de la France lorsque le gouvernement des Francs est partagé entre les héritiers de Clovis. Voir ce site (15 juillet 2013), et la carte qui se trouve dans ce site (15 juillet 2013). Selon Du Haillan, « la Thuringe est de là le Rhin, au pays de Saxe, le long du fleuve Sala, la Lorraine s'appelloit lors Austrasie » (p. 24).

III, 12, 523 verso et III, 12, 528 verso. La région est née lors d'un partage fait par Clodion entre ses fils.
Parce que Mérovée s'oppose aux héritiers de Clodion, Andrimarte se bat contre Renaud, duc d'Austrasie, fils de Clodion.
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Authunois Mentionnés dans : I
Les Authunois (Autunois aujourd'hui) constituent un des peuples celtes qui habitaient la Bourgogne. L'Autunois possède un important patrimoine antique et médiéval (voir ce site, 5 mais 2015).

• Silvandre les nomme (I, 8, 226 recto).
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Auvergnats Mentionnés dans : II
D'Urfé ne donne pas leur nom ancien, les Arvernes.

Apollodore et Strabon jugent les Auvergnats particulièrement belliqueux (Kruta, pp. 434-436). Ils « sont traditionnellement hostiles à Rome » (Kruta, p. 595-596).

• Les armées d'Attila et d'Ætius comprennent entre autres peuples des Auvergnats (II, 12, 825).

Honoré d'Urfé choisit de donner aux Auvergnats, aux Bourguignons et aux Foréziens leur nom moderne

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Auvergne Mentionnée dans : I
Région du Massif central voisine du Forez qui appartient aux Wisigoths depuis le IVe siècle.

Galathée précise que des montagnes séparent le Forez de l'Auvergne (I, 2, 30 verso).

• Clindor, l'ami d'Alcippe, fuit Marcilly en se sauvant en Auvergne (I, 2, 41 verso).
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Avignon Mentionné dans : I, III
Ville de la Province viennoise. Surnommé « la fille du Rhône », Avignon est relié à la plus grande île d'Europe, l'île de la Barthelasse (voir ce site, 5 mai 2015).

• Hylas remonte le Rhône dans un bateau qui accoste le long d'une île près d'Avignon (I, 8, 253 recto).
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Avignon Mentionné dans : I, III
Toutes les mentions de la ville sont dans l'Histoire d'Euric, Daphnide et Alcidon. C'est pour s'éloigner d'Avignon, « Babylone d'Occident » (Lettres sans titre, p. 90) que Pétrarque se rend dans le Vaucluse.

• Ville belle et peuplée qui se trouve sur le Rhône (III, 3, 77 verso).

Euric s'y arrête. Alcidon malade y reste (III, 3, 112 recto). Alizan l'apprend et prévient Daphnide (III, 3, 113 recto).

Euric revient en Avignon (III, 3, 116 recto).

Daphnide rend visite à Alcidon qui se rétablit (III, 4, 127 recto).
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