Banderole
Première édition critique de L'Astrée d'Honoré d'Urfé


RÉPERTOIRE - F

Faune Mentionné dans : II
Mythologie. « Dieu fabuleux de l'Antiquité, qui presidoit aux forests. Quelques-uns l'ont confondu avec Pan. Ils ont creu aussi qu'il y avoit des Faunes, des Sylvains & des Aegipans ou demi-Dieux habitans dans les forests » (Furetière, Article Sylvain).

• Quand Silvandre trouve la lettre écrite par Céladon, il se demande si ce n'est pas un faune amoureux qui l'aurait composée (II, 3, 127).

• Dans un sonnet, Silvandre dit que « Hommes, Faunes, ny Dieux » ne résisteraient aux charmes de Diane (II, 8, 532).
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Fere Mentionnée dans : III
Fère-en-Tardenois (Aisne). On y trouve un château qui a appartenu en 1528 à Anne de Montmorency, parrain et protecteur d'Anne d'Urfé η (Voir le site de la base Mérimée, 20 avril 2015). Voir Gaume pp. 224-225, et Itinéraire η.

• Pour revenir de la ville des Rémois, Reims, Andrimarte doit passer par Fère (III, 12, 542 verso).
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Feurs Mentionné dans : I, II, III, IV
Écrit aussi Fleurs (I, 5, 140 verso). C'est dans cette ville que d'Urfé a été emprisonné en février 1595 (Reure, p. 50).

L'étymologie de Feurs et du Forez a été ajoutée au texte de 1607.

• Ville associée au Lignon par sa position (I, 1, 1 verso), associée au Forez par l'étymologie (I, 2, 29 verso), associée à la sage-femme, Lucine (I, 4, 109 verso), et surtout associée à la Nymphe Léonide (I, 4, 83 recto ; I, 5, 122 verso ; I, 6, 157 recto) et à son oncle, le druide Adamas (I, 4, 83 recto ; I, 8, 232 verso).

• D'Urfé écrira plus tard que Léonide appartient à la Maison de Feurs (II, 10, 628).
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Feurs Mentionné dans : I, II, III, IV
Écrit aussi Feux et Feur. Il ne faut pas écrire Feur explique La Mure, car la lettre finale de Feurs « marque en quelque façon les Segusiens dont elle étoit initiale » (I, p. 69). Cet historien décrit la ville telle qu'elle est autour de 1674, et telle qu'Honoré d'Urfé a pu la voir : Il y a « encor les ruines et mazures qui restent de la magnificence de ses anciens edifices, & entr'autres d'un ancien Temple des faux Dieux, dans lequel il y avoit une table de pierre, sur laquelle estoit une inscription des plus anciennes & plus curieuses qui soient en France [...] enchassée dans le bastiment de l'Eglise de cette ville » (I, p. 2). « Le site de Feurs constitue actuellement une référence fondamentale pour la chronologie des matériaux des IIe et Ie siècle avant J.-C. en Gaule » (Kruta, p. 618).

Léonide, qui appartient à la maison de Feurs (II, 10, 658), rappelle deux fois qu'elle se trouvait dans cette ville (II, 7, 472 ; II, 7, 482).

• De la maison d'Adamas, la vue s'étend jusqu'à Feurs (II, 10, 628).

• Le Lignon entre dans la Loire à Feurs (II, 10, 629).

Silvie apprend que Polémas et Climanthe étaient à Feurs quand Céladon s'est jeté dans le Lignon (II, 10, 671).
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Feurs Mentionné dans : I, II, III, IV
Feurs est à 6 lieues de Roanne et de Saint-Étienne, et à huit lieues de Lyon (Piganiol, V, p. 457). Ce site (21 septembre 2018) montre clairement les distances considérables qui séparent les lieux nommés (et souvent simplement énumérés) par Honoré d'Urfé. Aujourd'hui, on ne voit pas Feurs du château de Goutelas, la maison des Papon η.

• Chez Adamas, en regardant par la fenêtre, Astrée indique à Alexis le cours du Lignon qui doit se jeter dans la Loire sous la ville de Feurs (III, 5, 172 recto).

Damon d'Aquitaine arrive dans les plaines du Forez qui s'élargissent du côté de Feurs (III, 6, 218 verso).

• On peut voir Feurs en 1450 dans ce site (10 avril 2015), et un plan du forum de Feurs dans le site Forezinfo (12 avril 2015).
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Feurs Mentionné dans : I, II, III, IV
• Avec son bâton, le Vieil homme montre à Dorinde que deux villes encadrent la plaine de Forez, Feurs et Marcilly (IV, 4, 911).

• Il lui montre aussi que Feurs est arrosé par la Loire, et que le Lignon se trouve un peu plus bas, à droite (IV, 4, 911).
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Firens, P. Mentionné dans : I
Pierre Firens (1597 ?-1636). D'après l'Inventaire des graveurs du XVIIe siècle (IV, p. 185), cet artiste est venu d'Anvers pour s'établir à Paris en 1612. À la demande de Toussaint Du Bray (Arbour, p. 123), il a dessiné le frontispice de L'Astrée (Voir Illustrations). Firens avait une boutique rue Saint-Jacques. Il a travaillé avec Abraham Bosse.

• On peut voir un frontispice que Firens et Bosse ont signé ensemble dans ce site (30 septembre 2010), et un portrait de Marie η de Médicis dans une estampe signée Firens dans le site de Gallica (10 mai 2015).
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Focenses Mentionnés dans : II, III
Il s'agit des Phocenses de la deuxième partie de L'Astrée. On dirait aujourd'hui Phocéens, mais d'Urfé peut vouloir distinguer des peuples qui, d'après un article de l'Encyclopédie de Diderot, n'auraient pas habité sur les mêmes terres.

• Adamas explique à Daphnide que les principales villes de la Province des Romains, « sont colonies des Focenses peuples Grecs, et adonnez à la pluralité des Dieux » (III, 9, 373 recto).

Entre 1610 et 1619, le point de vue du romancier sur la Provence change.
Il n'est plus question des institutions prestigieuses comme les écoles des Phocenses
(II, 1, 8 ; II, 12, 766)
ou le Conseil des Six Cents
(II, 12, 871).

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Fontfort Mentionnée dans : II
La Mure appelle la font forte une « rare fontaine d'eau minerale » dont les propriétés ont attiré les Romains. Elle se trouve près de Saint-Galmier (I, p. 153). « C'est une espece de puits qui a cinq pieds de diametre, et n'est qu'à vingt pas d'une petite riviere, appellée la Coife. L'eau de cette fontaine a un goût vineux, piquant, et [...] agréable » (Piganiol, V, p. 271). Elle saoulait probablement ceux qui en buvait trop.

Hylas menace Silvandre du sort des fous produits par la Fontfort (II, 9, 611).
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Foresiens Mentionnés dans : I, II
La Mure consacre plusieurs pages de son Histoire Universelle [...] du Forez au nom des habitants (I, pp. 1, 4, 6, 9). Honoré d'Urfé se montre plus circonspect : il ne sépare jamais Foréziens et Ségusiens.

I, 2, 29 verso.
Dans une longue variante, Galathée explique à Céladon que c'est après le passage de Jules César que les Ségusiens adoptèrent un nom tiré de leurs terres devenues fertiles et appelées Forez.

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Foresiens Mentionnés dans : I, II
Honoré d'Urfé n'usera plus que de Segusiens dans la suite de son roman. Peut-être considère-t-il Forézien comme un nom imposé par le colonisateur. La Mure de son côté souligne que Ségusien est le nom ancien « tiré d'un Seguse, qui le premier a rendu habitable ce païs » (I, p. 10) qui va jusqu'à « Suze en Piemont » (I, p. 6), alors que Forézien est un nom latin tiré de la ville de Feurs (I, 1, p. 65) que les Romains traitaient en capitale. Cette distinction perd beaucoup de sa validité si on se souvient que les Commentaires de Jules César nomment les Ségusiens

• Les habitants du Forez sont appelés « Segusiens et Foresiens », explique Céladon (II, 10, 647). « Segusien ou Foresien », dit à son tour Silvandre (II, 12, 771).
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Forez Mentionné dans : I, II, III, IV
Écrit aussi Forests, Forestz et Foretz. On n'entend pas le z final. Patru explique : « Vilhardoüin p. 18. et 19. parlant du Païs de Forest, dit le Forois on a prononcé Forais, et enfin écrit et prononcé Forests » (p. 574). Le nom revient dix-neuf fois dans la première partie de L'Astrée.
Françoise Lavocat remarque que la situation géographique de cette région est « exactement l'inverse de celle de l'Arcadie que Sannazar place au sommet d'une montagne » (p. 366 note 76).

• Dès les premières pages du roman, le Forez et sa géographie jouissent d'une place privilégiée (L'Autheur à la Bergere Astrée, puis I, 1, 1 recto). D'Urfé rappelle la légende qui veut que la plaine du Forez ait été un lac (I, 2, 28 recto).

Auguste Bernard écrit : « Cette opinion que Montbrison et toute la plaine du Forez étaient couverts des eaux de la Loire est assez générale, quoique ne pouvant s'appuyer sur aucune preuve. Honoré d'Urfé [...] contribu[a] à accréditer l'erreur »
(I, p. 150).

La Nymphe Galathée explique que le nom du pays ne vient pas d'un nom commun (forêt) mais du nom donné par les Romains à un lieu de rencontre, Forum Segusianorum. (I, 2, 29 verso et I, 2, 30 verso).

Forêt et Bergers sont associés dans les Foresteries de Vauquelin de la Fresnaye (1555).

L'une des plus longues additions à L'Astrée de 1607 développe les origines légendaires du pays.

• Le Forez de L'Astrée n'est pas un royaume qui appartient à une reine, mais une contrée gouvernée par une Dame. La distinction est importante.

En 1621, d'Urfé remplace même « estat » par « contrée » en parlant du Forez (I, 11, 366 verso).

Le Forez fait partie de l'apanage de la Reine de France (La Mure, I, p. 241 ; Bernard, I, p. 349).
Le système politique forézien est une gynécocratie. D'Urfé explique l'organisation qu'il a imaginée en la rattachant à des mythes qui racontaient les origines de la Gaule entière, mais qui n'incluaient pas ce système politique utopique, diamétralement opposé à la loi salique. C'est la loi salique qui a donné la France à François Ier puis à Henri IV.

• L'histoire véritable du Forez reste vague dans la première partie, puisque Galathée juxtapose interventions divines et invasion romaine (I, 2, 29 verso sq.).

Mais cette histoire joue un rôle essentiel dans la troisième et la quatrième partie. Elle doit probablement influencer le dénouement du roman
(Henein, p. 38).

• Le Forez astréen pratique un culte celte et subit les bouleversements de la Gaule du Ve siècle. Si la topographie des lieux non pastoraux est d'une grande précision, la religion est imaginaire.

• L'histoire des Gaules, c'est-à-dire les guerres entre diverses tribus, sert de cadre à l'enlèvement de deux enfants en Forez, le frère de la Bergère Diane, victime de Goths et d'Ostrogoths (I, 6, 159 recto) ou d'envahisseurs anonymes (I, 10, 349 verso), et Silvandre, victime de Bourguignons (I, 8, 226 verso).

• L'histoire des Gaules affecte aussi bien les Bergers dits parisiens (Tircis et Laonice) que les chevaliers foréziens qui partent soutenir Mérovée.

Deux lacunes, sans aucun doute volontaires, prouvent que d'Urfé ne faisait pas de son œuvre un roman « nationaliste » comme on l'a prétendu :
Vercingétorix et Sainte Blandine, héros de l'Auvergne et de Lyon, ne figurent nulle part.

• On trouve de belles images du Forez dans ce site (12 février 2016). Voir aussi les photos prises par des Foréziens et réunies ici. Voir également les adresses regroupées dans Liens intéressants. Voir la carte dessinée par Christophe Mathevot pour la Communauté de Communes du Pays d'Astrée. Merci à Marie-Claude Mioche qui, à ma requête, a bien voulu ajouter Poncins à cette carte.
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Forez Mentionné dans : I, II, III, IV
Écrit aussi Forests.
La Mure explique que Forez se prononce forêt, mais que le nom commun n'est pas la racine du nom propre (I, p. 61). À l'Ouest du Forez s'élèvent les Monts du Soir, et à l'Est les Monts du Matin. Ces appellations si poétiques qu'elles semblent fantaisistes n'ont pas trouvé place dans L'Astrée.

Du temps des Romains, dit La Mure, les habitants du Forez étaient « les premiers et les plus considerables des Gaulois » (I, p. 106). Comme c'était un pays de droit écrit et non de droit coutumier (I, p. 151), « il ne fut pas pris sur les Romains de vive force, mais receu d'eux par capitulation et par traité » (I, p. 152). Sans mentionner le gouvernement des Wisigoths, La Mure affirme que le Forez comprenait à l'origine « le Lyonnois et le Beaujolois, et tout ce qui est du Viennois et du Dauphiné au deçà du Rhône » (I, p. 163). Les Bourguignons s'emparent du Forez (I, p. 233).

La Mure donne l'histoire du Forez médiéval dans un très grand désordre. Le pays est dans le douaire de Clotilde, nièce du roi de Bourgogne (I, p. 183), le Gondebaud de L'Astrée. En 1032, quand Rodolphe III, roi de Bourgogne, meurt sans héritier, le pays tombe dans le douaire de la mère de Rodolphe, Mathilde de France, fille de Louis IV (I, pp. 254-255). En 1532, le Forez enfin appartient au roi de France (I, p. 59). François Ier entre à Montbrison en 1536 (Bernard, p. 9).

Pierre Larousse précise dans son Dictionnaire que le Forez du XVIe siècle a appartenu à Louise de Savoie, la mère de François Ier : Lorsque le dernier comte de Forez est mort sans laisser d'héritier, Louise de Savoie « se fit adjuger par arrêt du parlement de Paris, la souveraineté du duché d'Auvergne et du comté de Forez » (Article Forez). L'épouse d'Henri III, Louise de Lorraine, fut aussi douairière du Forez (Keeler, p. 31, note 53).

Le Forez demeure dans l'apanage des reines de France au XVIIe siècle. Honoré d'Urfé écrit à Marie de Médicis η que sa bergère, Sylvanire, est « originaire de ce pays de Forests, qui en France est particulierement à vostre Majesté » (La Sylvanire, p. 3).

• Dans la deuxième partie de L'Astrée, le nom du Forez est moins fréquent que dans la première. Il est nommé sept fois seulement - dont une fois au pluriel (II, 8, 492). Il n'y a plus de rappels de son système politique.

• Trois étrangères vêtues en Bergères viennent en Forez (II, 3, 164), ainsi que deux trios de Bergers des hameaux voisins (II, 1, 30 ; II, 8, 542). Ils viennent de la rive droite du Lignon.

• La « plaine » du Forez (II, 3, 167) est appelée un « petit pays », par Florice, dame de Lyon (II, 4, 185).

• Diverses cartes du Forez se trouvent dans le site Forez histoire (12 février 2016).
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Forez Mentionné dans : I, II, III, IV
Écrit Forest ou Forests.
Auguste Bernard rappelle que les historiens trouvent « difficile d'assigner précisément les limites » du Forez par rapport au Lyonnais (I, p. 1). Pour indiquer l'étendue de la région, le critique donne ces informations :
1) Il cite une remarque de Pline (IV, 18) : « Les Ségusiens peuple libre dans la terre desquels est la colonie de Lyon » (I, p. 4).
2) Bernard affirme ailleurs qu'en 406 ou en 407, les Bourguignons envahissent « la Germanique supérieure, la Séquanaise, la Viennoise et même la Lyonnaise, dans laquelle était compris notre pays » (I, p. 65). Voir Estendue η.

Auguste Bernard explique que le Forez appartient aux Francs au Ve siècle : « Quelques historiens supposent qu'il avait été séparé avant du royaume de Bourgogne, soit comme douaire de la reine Clotilde, soit par un arrangement entre Clovis et Gondebaud lorsqu'ils se réunirent pour marcher contre les Wisigoths » (Bernard, I, p. 66). En fait, Feurs et Montbrison font bien partie du royaume de Bourgogne au Ve siècle, indique Roget de Belloguet (p. 165 ; voir surtout la première carte) avant de tomber sous la domination des Francs, au moment de l'union de Clotilde et de Clovis.

Le 25 juillet 1611, le comté de Forez fait partie des terres qui reviennent à Marie de Médicis η par lettres patentes. À cette époque, les revenus du comté de Forez montaient à 8 000 livres η (Batiffol, pp. 512, 518).

Dans les trois premières parties de L'Astrée, le Forez, gouvernée par une femme, relève des Wisigoths ; Honoré d'Urfé ne dit pas encore qu'il fera partie de la Bourgogne. C'est une surprise que le dénouement réserve puisque l'attitude de Polémas annonce une contestation du pouvoir d'Amasis.

• Dans la troisième partie de L'Astrée, le Forez revient au premier plan, et jouit d'une description élogieuse, comme dans la première partie. Son nom survient une vingtaine de fois. Quelquefois, nom propre et nom commun homonyme, singulier et pluriel sont confondus, soit par un personnage (III, 9, 406 verso), soit par un oracle (III, 6, 257 verso), soit encore par les ouvriers imprimeurs (III, 11, 465 verso) ! Les vignobles du Forez sont rappelés (III, 6, 218 recto). Le système politique de la région est mis en danger par les agissements de Polémas (III, 6, 262 recto).

• « La plus heureuse vie du monde, est celle des Bergers et Bergeres de Forests » (III, 2, 52 verso), déclare Daphnide, dame venue d'Aquitaine avec une suite assez importante.
Un oracle a annoncé à Daphnide et Alcidon :
     « Dedans les forests un jour
     Vous pourrez voir la fontaine η
     De la Verité d'Amour » (III, 4, 158 verso).
C'est en s'enquérant sur la signification de cet oracle que Daphnide entend une description si élogieuse du Forez qu'elle décide de voir de ses yeux si le pays mérite cette renommée (III, 4, 159 recto).

Adamas explique à Daphnide que séjourner en Forez c'est faire une retraite bénéfique et fréquenter « ces sinceres bergers et bergeres » (III, 4, 161 verso).

Damon, chevalier d'Aquitaine, consulte l'oracle du temple de Vénus. À deux reprises, il s'entend dire : « Forests » (III, 6, 257 verso). Il erre de forêt en forêt et se retrouve « de fortune » dans un lieu où on lui donne enfin le sens de l'oracle. Galathée lui apprend qu'il est parvenu dans un pays appelé « Forests » (III, 6, 259 recto).

L'aventure repose sur la fausse étymologie de Forez
(I, 2, 29 verso) :
Damon agit encore une fois en victime d'apparences.

Amasis raconte à Damon que son père, après la bataille des Champs Catalauniques, a protégé le Forez en empêchant Torrismond d'entrer dans le pays. Comme ce jeune Prince était amoureux d'une nymphe forézienne qu'il ne voulait pas épouser, Amasis aurait eu du mal à protéger la jeune fille (III, 6, 261 recto).

• Parce que Silvandre a attribué à Hylas les défauts qu'on prête aux méridionaux, l'inconstant répond que, sans doute, la patrie de Silvandre ne « rapport[e] que des ronces et des chardons », assortis à l'esprit du jeune homme (III, 7, 278 verso).

Remarque comique dont le sel est réservé au lecteur qui a deviné que Silvandre est originaire de ce Forez dont on fait tant d'éloges ...

Adamas explique à Daphnide ce que le Forez doit à sa position et à son histoire. Pour justifier l'originalité de la religion forézienne, il contredit les récits de la première partie : il affirme que cette contrée n'a « jamais eu communication η avec les peuples estrangers, sinon avec quelques Romains » (III, 9, 373 recto).

Daphnide elle-même fait ensuite un nouvel éloge vibrant et lyrique du Forez (III, 9, 391 verso et III, 10, 425 recto).

• Lors d'une compétition, les bergers du Forez n'apprécient pas les performances des bergers déguisés qui viennent de loin (III, 10, 418 verso).

• Quand Madonthe quitte le pays, Silvandre pourrait l'escorter jusqu'à la frontière du Forez (III, 11, 463 recto). Selon Tersandre, la bergère déguisée ne doit pas traverser seule « ces bois si dangereux » (III, 12, 494 verso).

• En racontant ses aventures à Damon d'Aquitaine, Madonthe prétend qu'un oracle l'aurait dirigée vers le Forez (III, 12, 503 recto).

A-t-elle consulté l'oracle en même temps que ses compagnons, Tircis et Laonice 
(I, 7, 213 verso ; II, 6, 414) ?
Honoré d'Urfé ne le dit pas.

• La dernière mention du Forez est peut-être la plus intéressante. Alcidon déclare à Amasis que nul ne devrait vivre en Forez sans être berger (III, 12, 505 verso).

• Les cartes du Forez qui se trouvent à la Bibliothèque Nationale de France sont réunies dans le site de Lexilogos (30 mai 2012). Les plus anciennes datent de 1659.
On trouvera aussi des renseignements intéressants dans le site du bassin versant du Lignon (29 janvier 2013).
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Forez Mentionné dans : I, II, III, IV
Écrit Forests et forests.
On trouvera une carte ancienne du Forez dans le site de Saint-Étienne-Le-Molard (26 mai 2017).

• Le pays est d'abord le lieu désigné à Lyon par un oracle (IV, 1, 53). Mais Florice craint que cet oracle n'ait été trompeur.

• Les paroles oraculaires sont pourtant claires : En Forez surviendront guérison (IV, 1, 62) et soulagement (IV, 1, 64).

Dorinde aussi se trouve en Forez parce qu'elle cherche un remède à ses problèmes (IV, 1, 70). Le Forez est d'abord un choix politique fait par Clotilde, conseillère de Dorinde (IV, 4, 866) ; il est ensuite un lieu de refuge désigné par un oracle (IV, 4, 882).

Hylas est devenu berger de Forez, selon Périandre (IV, 3, 391).

Hylas pratique l'hyperbole : la beauté de Célidée honorait toutes les plaines du Forez (IV, 3, 448).

Hylas demande à Dorinde pourquoi elle est venue en Forez (IV, 3, 477). Il pose la même question à Florice, Palinice et Circène (IV, 3, 479).

Cette bien-heureuse contree, dit Tircis (IV, 3, 552).

Amilcar rappelle les qualités de tous les bergers du Forez (IV, 3, 520). Il n'est donc pas nécessaire de traiter l'un d'entre eux de Génie du Lignon (IV, 3, 519).

Dorinde, fuyant Gondebaud, cherche refuge en Forez. C'est une décision politique et un pis-aller (IV, 4, 866).

• Pour fuir Gondebaud, Dorinde se dit prête à se rendre non seulement en Forez, mais encore aux Enfers (IV, 4, 874).

L'assonance est malheureuse, mais elle reflète l'état d'esprit d'une femme traquée.

• L'oracle de Vénus recommande à Dorinde de se rendre en Forez (IV, 4, 882).

Dorinde demande au Vieil homme de l'accompagner en Forez, son lieu de naissance, prétend-elle (IV, 4, 906).

• Le Vieil homme laisse ses enfants pour escorter Dorinde (IV, 4, 909) et parcourir les quatre lieux qui les séparent du Forez (IV, 4, 910).
 
Dorinde est une bonne marcheuse !
Aujourd'hui, pour un piéton, une soixantaines de kilomètres séparent Lyon de Feurs
(Voir Cartothèque).
Le Vieil homme explique que sa cabane est à quatre lieues du Forez
(IV, 4, 910).

• L'arrivée de Dorinde en Forez entraîne une description du pays de L'Astrée vu de haut (IV, 4, 911).

Même digression au moment de l'arrivée de Damon d'Aquitaine
(III, 6, 218 recto).

Le Vieil homme désigne des points de repère. Deux villes encadrent la plaine de Forez, Feurs et Marcilly (IV, 4, 911).
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Foreziens Voir Foresiens.  
Fortune Mentionnée dans : I, II, III, IV
Mythologie. Considérée comme une personnification du sort, Fortune est accompagnée d'une roue, d'un gouvernail ou d'une corne d'abondance chez les mythographes. Elle figure accompagnée d'Amour et d'une horloge dans une gravure de Jean Cousin pour Le Livre de Fortune (planche LXIX η) publiée par L. Lalanne.

Bien qu'Adamas, dans le second volume de L'Astrée, proclame que Fortune n'est pas une divinité (II, 8, 507), Honoré d'Urfé, dans tous ses écrits, se montre obsédé par cette puissance qu'il appelle « Jupiter dissimulé » (Epistres morales, I, 15, p. 134) et « Saturne malicieux » (Ibid., I, 2, p. 8). « Du commencement à la fin du monde tout ce qui s'y fait n'est qu'une comédie dont l'univers est le théâtre, les hommes les personnages, les Dieux les auditeurs η, et la Fortune le Poète » (Ibid., I, 19, p. 164). Dans Le Sireine, la séparation des héros est due à une Fortune qui se plaît au changement, et qui sévit surtout là où on la craint (p. 52). La déesse Fortune prononce le prologue de La Sylvanire. Elle commande à l'univers (v. 1-218) et conclut : 
          « Que la Fortune et l'Amour sont icy :
          Mais Amour fortuné
          Et Fortune amoureuse » (vers 216-218). 
« Fortune » n'a pas toujours l'honneur d'une majuscule (Voir Fortune). Les aventures cependant sont là pour prouver que les personnages de L'Astrée sont victimes des mouvements de la roue de cette puissance qui agit de concert avec Amour : « La roue d'amour est celle dont [la déesse] se sert le plus souvent » (Epistres, I, 12, pp. 457-458). Les deux divinités ne font qu'une (La Sylvanire, v. 196).

• Même si les Bergers prétendent d'entrée de jeu vivre « avec autant de bonne fortune, qu'ils recognoissent peu la fortune » (I, 1, 1 verso), il y a une quarantaine de renvois aux agissements de la fortune dans la première partie de L'Astrée.

• Pour le Berger Alcippe par exemple, retourner vivre dans les hameaux, c'est planter un clou de diamant dans la roue de la fortune (I, 2, 45 recto), l'immobiliser, souhait utopique s'il en est. Dans l'Histoire de Celion et Belinde, la fortune est évoquée trois fois (I, 10, 326 verso, I, 10, 337 recto, I, 10, 348 recto).

• C'est dans deux récits non pastoraux, l'Histoire de Galathée et Lindamor et l'Histoire de Lydias et de Melandre, que la fortune semble particulièrement active. « Fortuna philapolis », Fortune aime les villes selon un adage (Lalanne, Planche CLIII)

• Dans le palais de Galathée, à Isoure, se trouvent réunies des peintures qui toutes représentent les divers méfaits de la fortune dans le ciel et sur la terre : les « peintures esclatantes » (I, 2, 27 verso) dans le deuxième livre, et les tableaux de Mandrague dans l'avant-dernier. Cependant, la déesse Fortune elle-même n'est pas dépeinte (Henein, p. 134-136).

• L'expression « changement de [...] fortune » revient deux fois (I, 3, 47 verso et I, 11, 377 verso).
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Fortune Mentionnée dans : I, II, III, IV
Voici des réflexions de païens et de chrétiens qui aident à mieux comprendre la position (et l'obsession) d'Honoré d'Urfé, romancier qui se double d'un moraliste érudit :

Pline (II, 22). « L'humanité s'est créé pour elle-même une divinité moyenne, de façon à rendre encore moins claires nos conjectures sur Dieu. De fait, dans le monde entier, en tout lieu, à toute heure, les voix de tous les hommes invoquent et nomment la seule Fortune ; on n'accuse qu'elle, elle seule est coupable, on ne pense qu'à elle, à elle seule vont les éloges, les reproches, et on l'adore en l'insultant ; ailée et volage, regardée même comme aveugle par la plupart, vagabonde, inconstante, incertaine, changeante, elle favorise ceux qui n'en sont pas dignes. On lui impute tout le passif et tout l'actif ; sur le grand livre de comptes de l'humanité, elle seule remplit les deux colonnes, et notre condition est si soumise que la Fortune même, qui prouve l'incertitude de Dieu, prend la place de Dieu ».

Augustin (Lettres, Lettre VII, ch. 3, 30 septembre 2010). « La Fortune tout au moins, qui domine le monde, au sentiment de ceux qui croient à son immense pouvoir, la Fortune, qui met au grand jour ou obscurcit toute chose plutôt par caprice que par raison, s'il est vrai qu'elle ait eu assez de puissance sur les dieux eux-mêmes pour les rendre à son gré célèbres ou obscurs, la Fortune, dis-je, devrait occuper parmi les dieux choisis la première place. Pourquoi ne l'a-t-elle pas obtenue ? serait-ce qu'elle a eu la fortune contraire ? Voilà la Fortune contraire à elle-même ; la voilà qui sait tout faire pour élever les autres et ne sait rien faire pour soi ».

Le texte le plus important reste La Consolation de Philosophie de Boèce η (24 septembre 1595). Traduite par Jean de Meun, cette analyse de la Fortune a eu un succès inouï et un retentissement considérable. Il en reste vingt-deux manuscrits rien que pour l'époque carolingienne (Tilliette, p. 95). Boèce, préfet du prétoire en Italie, est exécuté en 454, en même temps qu'Ætius selon Fauchet (p. 99). Victime de Valentinien, il a vécu les événements que L'Astrée rapporte. (Voir Événements).

• En analysant « Fortuna dans le monde latin », Nicole Hecquet-Noti souligne qu'Ovide associe Fortune et Némésis, la vengeance (p. 22). Elle analyse aussi le principal symbole de Fortune, la roue : il n'existe pas « de représentation de la roue seule comme symbole de Fortune » (p. 23). Les images de Fortune étudiées par Jean Wirth sont fascinantes. La plus inattendue, dans une abbaye au XIIe siècle, est une roue mécanique ; la plus étrange attache Fortune à la roue, comme une criminelle (pp. 105-127). Voir dans ce site plusieurs représentations de Fortune (10 avril 2013), et dans celui-là les gravures de Jean Cousin pour Le Livre de Fortune (1568) publié par Ludovic Lalanne (10 avril 2013)

• Dans la deuxième partie de L'Astrée, on rencontre nommément « la Déesse Fortune » (II, 8, 507), mais elle déchoit dans l'échelle des divinités : Adamas explique qu'elle partage le sort d'autres puissances bien plus obscures, et qu'elle ne mérite pas les autels dressés par les Romains (II, 8, 507).

• Néanmoins, la fortune mythique est évoquée 38 fois dans cette deuxième partie. D'entrée de jeu, elle s'en prend à Céladon (II, L'Autheur au Berger).

• Mais c'est dans l'histoire de Rome que Fortune s'impose le plus lourdement (vingt-huit instances dans les livres 11 et 12, soit environ 76 % du total).

• La providence, évoquée une seule fois dans la première partie (I, 7, 214 recto), revient trois fois dans la deuxième partie : elle est « sage » (II, 1, 7), « particulière » (II, 10, 647) et « profonde » (II, 12, 842).

La déesse Fortune n'a pas de pendant gaulois.

2
Fortune Mentionnée dans : I, II, III, IV
Dans la troisième partie, à cause de son vaste champ sémantique, la fortune est mentionnée une centaine de fois. Elle figure même dès le frontispice (Voir Illustrations).

• Des personnages disent la bonne fortune (III, 10, 426 recto), et le romancier utilise cette expression pour rappeler d'anciens oracles (III, 12, 501 recto).

• Fortune et fortunes restent synonymes de histoire (par exemple III, 6, 256 verso ; III, 8, 339 verso).

• Le nom commun précédé par un possessif est synonyme de destin (« Ma fortune », revient 14 fois, « sa fortune » 13 fois, et « notre fortune » 1 fois).

• Fait qu'on ne saurait assez souligner, la fortune cède parfois sa place à la providence (III, 1, 12 verso ; III, 7, 329 verso ; III, 12, 502 verso).

• La Fortune pèse lourdement sur le destin des aristocrates. Les Epistres morales expliquent ce phénomène : « La Fortune ne fait point de mal [aux] personnes de peu : parce qu'eux mesmes n'en peuvent faire à personne » (I, 10, p. 91). Horace disait que la « médiocrité » met à l'abri parce que « la foudre frappe le sommet des montagnes » (Cité par Pétrarque, p. 106). Ces adages contredisent évidemment les faits, puisque les bergers aussi connaissent les revirements de la fortune !

• Dans la troisième partie, la Fortune s'acharne en particulier sur ceux qui viennent d'Aquitaine, Madonthe et Damon, et Daphnide et Alcidon, et surtout sur ceux qui viennent de la Gaule cisalpine, Criséide et Arimant (environ 25 % des instances). Relever les occurrences de « fortune » dans leurs histoires, c'est presque dégager les grandes lignes de leurs aventures !

• La Fortune n'est pas aveugle, prétend le roi Euric, puisqu'elle a su réunir Daphnide et Alcidon (III, 3, 62 verso). Il va lui-même se montrer plus fort que la Fortune puisqu'il réussit à séparer les jeunes gens en séduisant Daphnide. Le Roi commence son entreprise en recommandant à Alcidon de ne pas compter sur la Fortune (III, 3, 69 recto). Le chevalier, trahi par son maître et sa maîtresse, doit, en fait, se plaindre de sa Fortune (III, 3, 112 verso). Après le décès du Roi, dans une phrase alambiquée aux pronoms ambigus, Alcidon parle de son passé malheureux à la troisième personne. Il déclare :
     « Il n'y avoit rien qui le peust reduire en l'estat qu'il a
    esté que la seule fortune du grand Euric, à laquelle il n'y
    a rien qui ait peu resister que la seule mort »
    (III, 4, 167 verso).
En d'autres termes, le Roi a eu assez de chance pour conquérir Daphnide et désespérer Alcidon, mais il n'en avait pas assez pour vaincre la mort. « Celui qui est assis en haut de la roue qui tourne, celui-là est le plus proche de la chute » (Pétrarque, p. 90).

Délie s'amuse en disant que la beauté de Daphnide peut faire mourir. Elle tranquillise Alcidon : il ne doit pas craindre « ceste fortune ».

Ceste fortune remplace le
ceste mort de 1619
(III, 3, 81 verso).

Un peu plus loin au contraire fortune laisse sa place - pour éviter une répétition :

Diverses fortunes de 1619 deviennent
divers perils en 1621
(III, 3, 102 verso).

Damon craint d'avoir la fortune d'Adraste, « fol d'amour » (III, 1, 20 verso). La Fortune a conduit ce chevalier errant en Forez, dit Galathée (III, 6, 232 recto). Mais Damon commence son histoire en se plaignant de cette « ennemie Fortune » (III, 6, 234 recto). Elle l'a rendu orphelin au berceau (III, 6, 234 recto). Elle le laisse vivre pour le torturer davantage (III, 6, 234 verso). Elle fait le contraire de ce qu'il attend d'elle (III, 6, 235 verso). Avant de « quitter et les armes et la fortune » (III, 6, 246 recto), Damon laisse à son écuyer les biens que lui a donnés la Fortune (III, 6, 246 recto). Lui-même ne va plus essayer de la fléchir (III, 6, 249 verso).

En 1619, le chevalier va
« rechercher les faveurs de la fortune » en Forez.
L'édition de 1621 corrige : il va « mespriser les faveurs de la fortune »
(III, 6, 246 recto).

Damon apprend que la fortune a aussi malmené Madonthe (III, 6, 250 verso), la jeune fille qui lui a préféré un rival. Il ne cessera pas de l'aimer quoi que fasse la fortune (III, 6, 257 recto). Galathée, après avoir entendu l'histoire de Damon, considère qu'il a raison de se plaindre de la fortune mais qu'il ne doit pas perdre espoir (III 6, 258 recto).
Lorsque le chevalier retrouve Madonthe, la jeune fille lui raconte sa fortune, et conclut : « Le destin qui conduit toute chose sous la sage providence du grand Tautates, l'avoit ainsi ordonné » (III, 12, 502 verso).

• Quand Hylas rencontre Criséide, il lui demande quelle fortune l'a conduite à Lyon (III, 7, 283 recto). La jeune prisonnière commence son autobiographie par une maxime :
La Fortune s'en prend aux particuliers comme aux Monarchies (III, 7, 283 recto). « Jamais fille ne fut plus traversee de la Fortune » qu'elle (III, 7, 284 recto). Le premier coup de la fortune est de l'avoir privée de son père à neuf ans (III, 7, 284 verso). Ensuite, « la cruelle », dit-elle, lui fait un cadeau empoisonné en lui montrant Arimant. Ce chevalier qu'elle va aimer est le fils d'un ennemi de son oncle. Arimant, lui, regrette que sa fortune ne lui permette pas d'épouser Criséide (III, 7, 296 verso). Pour eux, Fortune mêle « douceurs » et « amertumes » (III, 7, 300 verso). Arimant, à l'article de la mort, écrit que la Fortune veut finir ses peines (III, 7, 304 verso). En revanche, quand Criséide tente de se tuer elle crie : « Fortune, enfin la victoire est mienne » (III, 7, 308 recto). La Fortune soutiendra-t-elle Arimant qui veut se battre contre le prétendant qui a acculé la jeune fille au suicide (III, 7, 315 verso) ?
Criséide - qui s'est rétablie - s'enfuit travestie : Fortune la fait rompre avec coutumes et convenances (III, 7, 326 recto). Les jeunes gens un temps réunis déclarent : « Il n'y a rien en ce monde qui soit conduit par le hazard, mais tout par la sage providence des Dieux » (III, 7, 329 verso). De nouveau séparés, ils sont faits prisonniers. La jeune fille termine la première partie de son récit en déclarant que sa fortune l'a privée de sa liberté et lui a pris celui qu'elle aime (III, 7, 331 recto).

• Dans la Suite de l'histoire de Criséide et d'Arimant, « mauvaise Fortune » se transforme en « grand heur » (III, 8, 338 verso). Fortune peut se montrer « bonne » (III, 8, 344 verso). Les jeunes gens sont si heureux qu'ils demandent au Ciel « quelque legere fortune » pour modérer leur bonheur (III, 8, 350 recto).

D'Urfé écrit à Agathon dans les Epistres : Je souhaite que
« tu face prieres au Ciel de te moderer ses faveurs par quelques legere Fortune » (I, 3, p. 25).

En réalité, la Fortune ne s'est pas lassée (III, 8, 353 verso). Avec leurs serviteurs, les jeunes gens sont prisonniers du roi Gondebaud. Criséide déclare que les traverses de la fortune ne l'ont pas fait renoncer à Arimant (III, 8, 359 verso). Le Roi s'exclame : « C'est avec une tres-grande raison que toutes ces choses ont esté si sagement conduites » (III, 8, 366 recto). Cette Fortune devenue bénéfique au dénouement a toutes les caractéristiques de la providence.

« Mieus vaut as genz et profite
Fortune perverse et contraire
Que la douce et la debonnaire »
(Roman de la rose η,
v. 4840-4842).
« La mauvaise fortune apporte la douleur
et l'heureuse fortune les soucis »
(Pétrarque, L'Afrique, V, p. 213).
« Il n'y a rien qui soit plus à craindre que la bonne Fortune »
(Epistres morales, II, 5. p. 247).

• Ceux qui ont écouté « les fortunes de la genereuse Cryseide » (III, 9, 366 verso) font des commentaires instructifs. Hylas, perspicace, blâme la constance des amants ; elle les a transformés en « joüet de la fortune et du hasard » (III, 9, 367 recto). L'inconstant se targue de ne se laisser torturer ni par l'amour, ni par la fortune. « Tu ne seras jamais celuy qui feras bastir un Temple à la Fortune, parce que mal-aisément en auras-tu jamais affaire », déduit Tircis (III, 9, 367 verso).
La Fortune s'en prend à ceux qui veulent rester fidèles, aux plus vertueux donc.

Les Epistres morales le disent : « C'est la seule vertu qui est la butte de la Fortune » (I, 11, p. 97).
« C'est signe de vertu que d'estre souvent attaqué du mal-heur »
(I, 10, p. 85).

Hylas, quoi qu'il en dise, est le jouet d'une Fortune qui se confond parfaitement avec le hasard : quand il voyage, il suit sa fortune (III, 7, 271 verso), et il va où elle le conduit (III, 2, 41 verso ; III, 7, 282 recto).

Dans l'édition de 1619, Hylas se demande si la Fortune va lui permettre de revoir Criséide
(III, 7, 331 verso).

L'inconstant se plaint que les femmes qu'il a aimées souhaitent l'empêcher de chercher une meilleure fortune (III, 11, 470 verso).

Silvandre craint la fortune de Prométhée en dévoilant un secret (III, 10, 411 verso). Berger inconnu, il n'est guère obligé à la fortune (III, 10, 423 recto). Il a acquis tout seul les biens de la fortune (III, 10, 441 recto). Il remercie pourtant la fortune qui lui a permis de surprendre une conversation (III, 10, 442 verso).

• Les bergers en principe sont moins sujets aux « coups de fortune » (III, 2, 42 verso). Ils ne se sont pas totalement à l'abri. Leurs hôtes, les bergers déguisés, souffrent encore de leur « miserable fortune » (III, 11, 462 verso)

Astrée se juge trop peu aimée de la Fortune pour recevoir une grâce d'Adamas (III, 5, 183 verso) ; elle la recevra pourtant. Fataliste, elle déclare : « Le Ciel ou plustost ma mauvaise fortune l'a voulu » (III, 5, 193 verso).
Être aimée d'Alexis serait une grande fortune (III, 5, 211 recto), pense-t-elle. Elle est aimée.
Lorsqu'elle apprend qu'elle va demeurer près d'Alexis, Astrée oublie toutes les « traverses » de la Fortune (III, 7, 265 verso).

Céladon attend « la fin du supplice que la fortune [lui] a ordonné » (III, 1, 12 recto). En tant qu'Alexis, il juge que le travestissement est plus dangereux pour lui « que fortune [qu'il] puisse jamais courre » (III, 5, 185 verso). Il s'inquiète parce que « la Fortune l'a toujours trompé » (III, 5, 187 recto).
Adamas explique à son protégé que la Fortune qui l'a privé de son bonheur va le lui rendre (III, 1, 13 recto).
Alexis se plaint de n'avoir pas le courage « de tenter encores la bonne volonté de cette fortune » qui l'a mise si près d'Astrée (III, 10, 432 recto)

• Fortune est opposée au mérite (III, 3, 72 verso), mais associée à l'amour : « Amour et la Fortune aydent à une ame courageuse » (III, 3, 79 recto). Cependant, ailleurs, une âme courageuse suit Amour « quoy que Fortune ordonne » (III, 6, 257 recto). Plus encore, Amour peut estre « jaloux des faveurs que la fortune » accorde (III, 11, 474 recto).

• On peint avec raison une Fortune à deux visages (III, 3, 63 recto) : elle peut être « heureuse » (III, 3, 104 verso) ou apporter des « outrages » (III, 4, 131 recto).

• Parce qu'un bon mariage permet de supporter « les cent et cent accidens de la fortune », un homme « doit bien sacrifier à la fortune lors qu'il se marie » (III, 10, 445 recto). Il doit compter sur la chance.

• Les deux dernières mentions de la déesse Fortune sont tragiques :
Childéric doit « ceder à la violence de cette fortune contraire » (III, 12, 546 verso) et quitter Paris.
Amasis, apprenant la mort de son fils, ressent vivement « ce coup de fortune » (III, 12, 549 recto).
3
Fortune Mentionnée dans : I, II, III, IV
La déesse Fortune perd de son aura dans la quatrième partie de 1624. Elle est rarement sujet d'un verbe et elle est confondue avec le sort (IV, 2, 255). Maintenant, comme l'écrit Pierius, « la serve Necessité marche tousjours devant la Fortune » (II, p. 651).

• Synonyme de destin, la fortune est nommée par le romancier pour faire allusion à l'avenir de Silvandre (IV, 1, 108).

• Une réflexion de Dorinde sur les domaines touchés par la fortune (IV, 2, 229) vient des Epistres morales.

« Hors de nous sont les grandeurs, les Empires, la richesse, les enfans, la santé, & telles autres choses subjectes à la Fortune »
(I, 2, p. 13). 
Comme il le signale lui-même, d'Urfé s'inspire d'Épictète : « Ce qui ne dépend pas de nous, c’est le corps, la fortune, les témoignages de considération, les charges publiques, en un mot tout ce qui n'est pas opération de notre âme » (1).

Dorinde sait que les avantages que la fortune donne à Bellimarte proviennent tous de Gondebaud (IV, 2, 249). Il s'agit surtout d'avantages financiers.

Mérindor prétend que les accidents de la fortune ne l'empêcheront pas d'aimer Dorinde (IV, 2, 296).

Le chevalier se trompe. Il le reconnaîtra dans une lettre
(IV, 2, 360).

• Aux yeux de Dorinde, la fortune, comme le Ciel, manipule les hommes (IV, 2, 339).

Dans les Epistres, tout ce qui se fait dans le monde « n’est qu'une Comedie, dont l'univers est le theatre, les hommes les personnages, les Dieux auditeurs η, et la Fortune le Poëte » (I, 19, p. 164).

• Évoquant encore une fois la fortune, Dorinde termine la première partie de son histoire en annonçant ce que la déesse apprête pour elle (IV, 2, 364).

Dorinde se plaint de la fortune qui a conduit les hommes envoyés par Gondebaud jusqu'à elle (IV, 3, 401).

• Fortune est dotée d'une connotation néfaste quand Phillis résume le destin de Filandre : « le mal-heur et la mauvaise fortune » (IV, 3, 408).

Dans la première partie, le berger se plaignait de « la loy de [s]on destin » (I, 6, 163 verso).

Silvandre, dans des stances, accuse sa fortune (IV, 3, 414). Rien ne l'autorise à espérer une meilleure fortune (IV, 3, 417). Selon lui, la rencontre de Diane l'a soumis à la fortune (IV, 3, 418).

Il est déjà arrivé à Silvandre de se plaindre de la fortune, mais aussi de la remercier (III, 10, 442 verso).

Biens de la fortune (IV, 3, 426) : l'expression s'applique à Silvandre, celui qui ne jouit pas des biens de la fortune.

Astrée affirme que la fortune se joue de tous les humains (IV, 3, 439).

À l'entrée du roman, Honoré d'Urfé prétendait que les bergers estimaient peu la fortune (I, 1, 1 verso).

Phocion confirme que la fortune règne partout (IV, 3, 441). Il ajoute qu'elle est plus active et plus tragique auprès des grands (IV, 3, 442).
 
La distinction introduite par Phocion figure dans les Epistres :
Fortune adresse ses traits soigneusement ; « elle les fait descendre sur les grands Empires seulement. Que si quelquefois elle pointe plus bas, c’est pour peu à peu rapporter ces changemens à de plus hauts desseins » (I, 10, pp. 91-92).
Les Epistres introduisent une autre image encore : « comme le ballon s'esleve plus haut plus il est violemment abbatu » (I, 6, p. 45).
La pensée de Phocion se trouve également dans le titre même d'une des Epistres :
« Qu’il faut de longue main se resoudre aux adversitez »
(I, 8 p. 60).
Fortune agit comme le vent qui s'en prend aux arbres les plus élevés dans « Le Chêne et le roseau » de Jean de La Fontaine.

Fortune est dotée d'une majuscule lorsque Phocion conclut qu'il faut être toujours prêt à l'affronter
(IV, 3, 444).

Thamire coordonne la fortune et la mer, « choses fortuites » (IV, 3, 464).

Fortune et mer sont aussi rapprochées dans les Epistres morales (I, 5, p. 41) :
« La mer ne tourmente guieres les vaisseaux qui ne bougent du port »
(Ibid., I, 18, p. 159).

• Dans des stances, Silvandre affirme que la fortune souriait au début de ses amours avec Diane (IV, 3, 498).

• Parce qu'elle a fait passer Silvandre du malheur au bonheur, Phillis se compare en riant à la fortune (IV, 3, 629).

Circène explique qu'on essaie de surmonter « les coups de la fortune » (IV, 4, 637) avec la force ou la prudence η.

Dorinde commence son histoire par une maxime : la Fortune envoyée par le Ciel lui apporte des désastres (IV, 4, 638).

Réflexion similaire au début de l'histoire de Criséide :
la fortune se plaît à torturer la jeune fille (III, 7, 283 recto).
La fortune est aussi présente à l'entrée de l'histoire de Placidie, mais cette fois c'est un druide qui parle :
Adamas souligne que les méfaits de la fortune mettent en valeur la vertu de celle qui en souffre (II, 11, 727).

Dorinde encore (IV, 4, 645) considère que l'honneur de servir à la Cour donne à la fortune un chemin pour mieux l'atteindre.

Dans les Epistres, Fortune préfère « les grands Empires » (I, 10, p. 91).

• Pour Dorinde, l'attitude de Mérindor est un nouveau fardeau envoyé par la Fortune (IV, 4, 647).

Mérindor, lui, loue la Fortune qui l'a ramené auprès de Dorinde (IV, 4, 654).

• Selon Dorinde, Fortune, qui donne aux uns le bonheur et aux autres le malheur, s'acharne sur elle (IV, 4, 656).

• Selon Dorinde, la Fortune refuse de lui épargner une seule infortune (IV, 4, 697).

Darinée considère que la Fortune sourit à Dorinde si Gondebaud est amoureux d'elle (IV, 4, 740).

Dorinde voit dans une maladresse de Darinée un malheur voulu par la Fortune : l'amour de Sigismond pour Dorinde est divulgué (IV, 4, 790).

• « Notre mauvaise fortune ». C'est ainsi que Sigismond relie son sort à celui de Dorinde (IV, 4, 805).

Dorinde juge que la Fortune se moque d'elle : alors qu'elle espérait trouver de l'aide auprès d'une vieille femme, elle voit un vieillard et des petites filles (IV, 4, 898).

Alors que la vieille femme (assimilée aux nourrices ou aux grands-mères) peut jouer le rôle d'auxiliaire dans les mythes et les contes, le Vieillard prend sa place dans les poèmes héroïques italiens.

• Le vieil homme reproche à Dorinde de se plaindre d'une fortune qui est en fait un instrument de la prudence divine (IV, 4, 901).

Dorinde insiste : elle a été blessée par la Fortune (IV, 4, 905).

Il n'est question de providence ni dans l'histoire si tumultueuse de Dorinde, ni dans l'ensemble de la quatrième partie de 1624.

4
France Mentionnée dans : I, II, III

Psychologie, linguistique et histoire se mêlent pour donner son nom à la France. Chez Fauchet, d'Urfé a pu lire : « Les Francs que d'ores-en avant je veux appeller François, puis qu'ils sont tous Gaulois, et ne changeront plus de pays » (p. 102). 

C'est la naissance de la France que L'Astrée rapporte et situe donc au milieu du Ve siècle, du temps de Mérovée. La Gaule « prend le nom de France » (I, 3, 64 recto).

1
France Mentionnée dans : I, II, III
La Mure note que, sous le règne d'Honorius, « le nom des François commença d'éclater, et se faire connoistre vers le Rhin » (I, p. 56). Au début du XXe siècle encore, un historien comme Camille Jullian (cité par Ferdière, p. 325) considère le Ve siècle comme le moment où la Gaule laisse la place à la France, une césure entre l'antiquité et le haut Moyen Âge. (Voir Transition η). Selon Étienne Pasquier, la Gaule est devenue la France « depuis unze cents ans [...] dés le temps de Childebert, Roy de France, fils de Clovis » (p. 17I).

• La France est encore en train de naître. « La Gaule peu à peu chang[e] » de nom pour devenir la France (II, 8, 508). Les Francs commencent à appeler la Gaule France (II, 12, 805).
2
France Mentionnée dans : I, II, III
Bien que la troisième partie rapporte l'histoire des Francs, le nom de la France figure dans les folios liminaires seulement.

• Dans la dédicace, Henri IV relève une France chancelante. Dans la préface, le romancier souhaite que son œuvre vive « aussi longuement que dans la France l'on parlera François ».
3
François Mentionnés dans : I
Dans l'édition de 1607, les Francs sont appelés une fois « François » (I, 3, 63 verso) au lieu de « Françons ».

1
Françons Mentionnés dans : I
Dans l'édition de 1607, les Francs sont appelés « Françons »
( I, 11, 359 recto).

1
Francs Mentionnés dans : I, II, III, IV
Furetière écrit à l'article Franc : « Ainsi tous les Auteurs sont d'accord que le nom de François ou franc est venu de ce qu'ils ont toûjours deffendu leur liberté. On tient que ç'a esté Gregoire le Grand qui le premier a appellé la Gaule France ».
Les historiens ont des points de vue différents : Fauchet η déclare : « Il y a apparence, que ce peuple ayant conquis partie de Gaule, ne se voulut asubjetir de payer semblables imposts que les anciens habitans d'icelle » (f° 60 verso et 61 recto). De son côté, Étienne Pasquier η combine, dans la même page, les deux interprétations du nom des Francs : Ils sont francs « pour une liberté et franchise qu'ils projettoient en leur esprit » et pour avoir été « affranchis de toutes tailles, subsides, et tribus » par l'Empereur Valentinien Ier (p. 17).
Plus loin, Pasquier donne une explication plus complexe et moins connue : Dans les territoires conquis, les vaincus deviennent des serfs, les capitaines et seigneurs reçoivent des fiefs (franc fief). Quand aux soldats francs, ils « conservent la liberté en laquelle ils estoient nez, leur demeurant leur nom originaire de francs, comme si on eust voulu que tous Francs ou François estoient naturellement de condition libre » (p. 309). Pasquier, conclut C.-G. Dubois, « est le premier à faire dépendre un prétendu caractère, lié à la race, de la condition d'existence […] ainsi la prétendue légèreté des Gaulois doit être attribuée à leur souci de se libérer du joug romain » (p. 116).

« Francs » remplace partout « Françons » après 1607.

• Honoré d'Urfé connaissait sans doute les diverses explications données au XVIe siècle, mais il choisit d'écrire seulement que le peuple de Paris prend le nom de « Francs » pour plaire à Mérovée, roi des Francs (I, 3, 64 recto).
1
Francs Mentionnés dans : I, II, III, IV
Peuple originaire de Germanie orientale qui fait des incursions en Gaule depuis le IIIe siècle (Ferdière, p. 342).
Fauchet écrit : « Les François se sont aisément meslez et unis avec les Gaulois, estans de mesme origine, et mœurs approchans les uns des autres » (f° 3 recto). Il lui semble même « que ces Francs fussent retournez comme d'une longue captivité, ou absence, en Gaule leur pays naturel et origine » (f° 56 recto). La Gaule est l'« Originaire Patrie » des Francs, affirme La Mure aussi (I, p. 56).

• Honoré d'Urfé partage ces opinions. La toute première information donnée dans la deuxième partie sur les Francs est essentielle : ce peuple ressemble aux Gaulois du Forez (II, 3, 179). Les Francs se considèrent originaires de la Gaule (II, 8, 509 et II, 11, 750), ce que prouve le fait que des druides les accompagnent (II, 8, 515), dit Adamas.

• Redoutables à combattre (II, 4, 198), les Francs « sont entre tous les peuples Septentrionaux, les plus belliqueux η et les plus aguerris » (II, 11, 750).

Adamas expose dans sa demeure les armoiries η de Pharamond, roi des Francs. Il explique alors que ce roi a vaincu les Romains en Gaule (II, 12, 885). Les Francs ont donc passé le Rhin (II, 11, 749) et donné leur nom aux territoires qu'ils occupaient (II, 12, 805). Quelques Francs restés sur l'autre rive du Rhin seront contraints de se joindre à Attila (II, 12, 805 et II, 12, 824).

• À une époque indéterminée, les Francs ont abattu « l'Aigle romaine » (II, 12, 830).

• Du temps d'Honorius, les Francs se battent en Gaule contre les Romains (II, 11, 738) et sont d'abord vaincus (II, 11, 751). Conduits par Clodion, ils gagnent ensuite des territoires autour du Rhin (II, 11, 759).

• Sous Mérovée, les Francs s'installent où ils sont maintenant, dit Adamas sans donner plus de précisions (II, 11, 762).

• Les Francs de Mérovée s'entendent avec les Romains d'Ætius (II, 12, 823 et II, 12, 839). Ils font partie de la vaste confédération qui arrête Attila (II, 12, 823). Le roi des Huns a d'abord attaqué les Francs (II, 12, 824).

Ætius craint une coalition des Francs, des Bourguignons et des Wisigoths (II, 12, 827).

• L'armée d'Ætius comme celle d'Attila est composée de « diverses nations », dont les Francs (II, 12, 825).

• D'Urfé rappelle que Clidaman se bat avec les Francs victorieux (II, 7, 432) ; Lindamor aussi (II, 7, 462). Polémas, par conséquent, craint une intervention de Childéric, roi des Francs, s'il attaque Clidaman (II, 10, 657 et II, 10, 665).

• Voir la Carte des invasions.
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Francs Mentionnés dans : I, II, III, IV
Grâce au site Persée, on peut lire le compte-rendu d'une séance orageuse de la Société d'Anthropologie de Paris, en 1874, au sujet des « Celtes, Gaulois et Francs », tels que les présente Alexandre Bertrand (Voir ce site, 13 juillet 2013).

• Les Francs, toujours évoqués avec leurs rois, Mérovée puis Childéric, figurent dans quatre contextes :

• Le romancier d'abord les nomme en décrivant une fresque peinte dans la demeure d'Adamas : c'est le peuple que conduit le père de Childéric, Mérovée (III, 3, 59 verso).

L'ecphrasis (description d'une peinture) est trois fois plus longue après l'édition de 1619.

Clidaman est dans l'armée des Francs, auprès de Childéric (III, 11, 460 verso). Polémas va profiter du fait que le Prince est près des Francs (III, 12, 500 verso).

• Parce que les Francs s'estiment descendants des Gaulois, ils interprètent en leur faveur l'oracle qui annonce que la ville de Paris appartiendra au « Gaulois estranger » (III, 12, 510 verso).

Épisode ajouté après l'édition de 1619.

• Dans sa cour, Méthine réunit Gaulois et Francs pour « adoucir le farouche naturel de ces vieux Sicambriens » (III, 12, 509 recto).

• Les Francs se soulèvent contre Childéric (III, 11, 460 verso). L'Histoire de Childeric, de Silviane, et d'Andrimarte raconte cet événement avec plus de détails :

• Parce que les Francs admirent beaucoup Mérovée, ils élisent Childéric pour lui succéder (III, 12, 507 recto). Lors du couronnement, à Soissons, les enseignes des Francs portent la fleur de lys (III, 12, 507 verso).

• Le jeune Roi oublie les recommandations de son père au sujet « de la guerriere vertu de la nation des Francs » (III, 12, 527 recto). Les Francs s'affaiblissent en suivant les mauvais exemples donnés par Childéric : « Ils sembloient les femmes des hommes qu'ils souloient estre » (III, 12, 508 recto).

• Mécontente, la veuve de Mérovée, Méthine, se retire à Reims, près de Remi (III, 12, 536 verso).

• Le nouveau Roi recherche Silviane. La jeune femme a repoussé les avances de Childéric (III, 12, 516 verso), parce qu'elle préférait Andrimarte, un chevalier Franc qui a grandi à la Cour avec elle (III, 12, 509 recto).

• Lorsque Childéric entre de force dans la maison où s'est réfugiée Silviane, il est déclaré « indigne et incapable de la Couronne des Francs » (III, 12, 535 verso).

• Les Francs élisent Gillon (III, 12, 547 verso).
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Francs Mentionnés dans : I, II, III, IV
• À deux reprises, Ardilan parle à Sigismond du Roi des Francs η sans donner de nom (IV, 4, 834).

• Les Francs, rappelle Ardilan, sont les ennemis des Bourguignons (IV, 4, 834) à cause de leur ambition (IV, 4, 835).

Dorinde, fuyant Gondebaud, ne peut pas chercher refuge auprès des Francs qui viennent de chasser leur roi (IV, 4, 865).

Le bannissement de Childéric est raconté dans la troisième partie
(III, 12, 529 recto).

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Francus Mentionné dans : III
La légende des origines troyennes de la France, longuement exploitée par Jean Lemaire de Belges, et développée par Ronsard η dans la Franciade, a conduit un poète du XVIe siècle à faire d'Henri IV un descendant de Francus (Méniel, p. 387).

Honoré d'Urfé se distingue : il s'éloigne des poètes et leur préfère les historiens. Il ne fait qu'une seule et unique allusion à Francus dans toute son œuvre. Le romancier préfère donner à Franc le sens d'homme libre, « mythe radicalement différent et riche en dynamisme interne » (Poujol, p. 903).
Les historiens que d'Urfé a probablement lus considèrent l'origine troyenne comme « une commune erreur », « une bourde » (Du Haillan, p. 18). Pour Fauchet, « Francus ne serait pas fils d'Hector de Troye, mais Sicambrien » (61 recto). Dans la dernière phrase du premier livre de ses Recherches, Pasquier reconnaît que la question troyenne est « plus curieuse que profitable » (p. 39).

• Dans la demeure d'Adamas, la frise montre Francus, Prince dont la seule caractéristique est d'être « absent et empesché à d'autres conquestes » (III, 3, 58 verso) !
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Furan Mentionné dans : I, II, III
Aux confins du Forez, rivière qui arrose Saint-Étienne et se jette dans la Loire. Elle est nommée parmi les cours d'eau qui irriguent la région (I, 2, 32 verso). Voir la carte de Maxime Gaume (p. 181).

• Trois des Bergères qui viennent des rives du Furan agissent d'une manière fort audacieuse. Il s'agit d'Olimpe, amoureuse de Lycidas (I, 4, 106 recto), de Daphnis, amie de Diane et conseillère de Filandre (I, 6, 160 recto), et de Callirée, épouse de Gerestan (I, 6, 161 recto), sœur et complice de Filandre.

• Par ailleurs, dans le temple d'Hercule qui se trouve près du Furan, Cloris et Rosidor se voient pour la première fois (I, 8, 256 verso).
Maxime Gaume propose de voir dans ce temple un substitut de la Tour en Jarez (p. 196).
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Furan Mentionné dans : I, II, III
Le premier historien du Forez, La Mure, affirme que le Furan jouit de « proprietez singulieres » pour la fabrication des armes (I, p. 34). Le pays est renommé pour ses forgerons (I, p. 257) ; Rousseau n'a donc pas tort. Les eaux du Furan servent à la trempe de l'acier qui se fait à Saint-Étienne (Longeon, p. 43).

• Dans la deuxième partie, Adamas explique que les Bergers de Furan, comme ceux de la Loire et du Lignon, sont d'extraction noble (II, 8, 490).
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Furan Mentionné dans : I, II, III
Écrit Furant.

Daphnide entend parler de « la douce vie des bergers et bergeres de Loire, de Furant, d'Argent et de Serant : mais sur tous de Lygnon » (III, 4, 159 recto).

Il y a donc des bergers hors du Forez. Leur point commun c'est d'être associés à des cours d'eau.

• Voir la « Petite histoire du Furan » dans ce site (25 septembre 2019). Le « furieux » est devenu fantôme.
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